La Communauté métropolitaine de Montréal s’oppose à nouveau au projet de stockage nucléaire de Chalk River

La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a réitéré lundi son opposition au projet de stockage des déchets nucléaires de Chalk River, 300 kilomètres en amont de son territoire, en raison de craintes quant à la qualité de son eau potable.
Le projet actuellement proposé par les Laboratoires nucléaires canadiens (LNC) « soulève toujours des questions et des préoccupations » malgré les améliorations apportées par rapport aux versions précédentes, juge la CMM, qui s’appuie sur une analyse préparée par des experts français du nucléaire.
Maja Vodanovic, la mairesse de l’arrondissement de Lachine, à Montréal, et la représentante de la CMM dans ce dossier, s’exprimait lundi aux audiences publiques tenues par la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN). Cet organisme fédéral pourrait donner d’ici quelques mois le feu vert pour le début des travaux. La CMM avait déjà pris position contre le projet en 2018.
Les LNC souhaitent bâtir une « installation » de surface, c’est-à-dire un empilement de multiples couches de gravier, de sable, de roches et de géomembranes, pour enfermer définitivement jusqu’à un million de mètres cubes de déchets radioactifs de faible activité, qui sont pour l’instant entreposés temporairement sur le site.
Le projet, en préparation depuis des années, soulève des inquiétudes chez les résidents de la région. Le consortium privé qui gère ces installations fédérales peine à convaincre les populations du Pontiac (Québec) et du comté de Renfrew (Ontario) de la sûreté de son plan.
Le risque n’est pas seulement local : si le dépôt de déchets devait contaminer l’eau à Chalk River, des traces de cette radioactivité pourraient se propager dans la rivière des Outaouais — qui se trouve à un kilomètre du monticule projeté — et, plus en aval, dans le fleuve Saint-Laurent, où des millions de personnes puisent leur eau potable.
Vingtaine de recommandations
Dans son mémoire présenté à la CCSN, la CMM énonce 23 recommandations visant à rendre le projet plus acceptable à ses yeux.
Elle demande notamment de couvrir les déchets des intempéries lors de leur traitement, de renforcer la surveillance de la radioactivité dans l’environnement local, de bonifier la transparence des informations environnementales recueillies et d’entreprendre une étude « approfondie et indépendante » de la potentielle contamination des eaux.
Un rapport de 48 pages de l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest, une association citoyenne d’information et de surveillance de la radioactivité établie en Normandie, en France, se trouve en annexe au mémoire déposé par la CMM. Celui-ci a été mis à jour à la suite des modifications apportées au projet et présentées par les LNC en février dernier.
Des dizaines d’intervenants se prononcent cette semaine à Pembroke, en Ontario, sur le projet de gestion des déchets nucléaires de Chalk River dans le cadre des audiences publiques organisées par la CCSN.