L’INRS forme la relève aux défis de la gestion des eaux
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Recherche
Sur des diapositives, Sixtine Hauchard montre des photos du bassin versant du lac Saint-Charles, principal réservoir d’eau potable de la ville de Québec. La jeune femme travaille depuis quelques mois chez Agiro, un organisme environnemental avec lequel elle a fait ses premières armes lors d’un stage réalisé dans le cadre de sa maîtrise professionnelle en sciences de l’eau à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).
Sur une photo aérienne prise en 2017, on aperçoit une large tache brun foncé dans l’eau en bordure des berges du lac Saint-Charles. Il s’agissait de la couleur de l’excédent d’eaux pluviales qui y est déversé directement. « Lorsque les pluies tombent dans un milieu transformé par l’homme, elles vont engendrer du ruissellement, récolter les contaminants, les matières en suspension et le phosphore, et amener ces matières vers le lac », explique celle qui est maintenant chargée de projets en gestion durable des eaux pluviales chez Agiro. Par conséquent, la qualité de l’eau chute, et le lac peut souffrir d’eutrophisation, un processus de vieillissement accéléré, qui cause sa transformation progressive en marais.
Pour remédier à ces problèmes, l’organisme Agiro a détourné les eaux pluviales du secteur pour les envoyer dans une petite usine de purification végétale nouvellement créée : un marais filtrant. Dans un premier compartiment, l’excédent d’eau pluviale se concentre dans un fossé de décantation, ce qui permet au surplus de sédiments de décanter au fond. Cette eau continue d’être filtrée en passant à travers le substrat et la végétation, une « aire de biorétention », avant de couler vers un bassin. Lorsque ce bassin déborde, l’eau coule à travers les berges végétalisées avant d’atteindre le lac.
Dans le cadre de son stage, Sixtine Hauchard a mesuré l’efficacité de ce nouveau marais filtrant en fonction des précipitations. Pour ce faire, elle a notamment utilisé des échantillons d’eau prélevés automatiquement, des mesures de débit de l’eau, le taux des précipitations tombées. Finalement, est-ce que le marais joue bien son rôle ? « Oui ! » répond-elle, en illustrant son propos avec une photo d’échantillons d’eau récoltés à l’entrée et à la sortie du marais filtrant : les uns sont bruns et les autres, presque limpides.
Des formations adaptées
« Être mis en situation en télétravail, ce n’est pas la même chose que de se mettre en situation sur le terrain, avec des problèmes auxquels il faut répondre, souligne la diplômée, qui se réjouit d’avoir vécu cette expérience dans le cadre de sa formation professionnelle. C’est une mise en situation qui nous permet de nous préparer à la suite, au marché du travail. »
Faire trempette dans le milieu professionnel pendant leur formation permet aussi aux étudiants de bâtir des réseaux de contacts professionnels et d’initier les étudiants étrangers à la culture du travail de la province, ajoute Sophie Duchesne, professeure en hydrologie et infrastructures urbaines à l’INRS.
En collaboration avec des partenaires industriels, l’INRS a d’ailleurs mis en place deux programmes interdisciplinaires afin de former la relève aux défis des villes de demain. La formation en communications sans fil intelligentes et à ses applications (PERSWADE) forme une relève dans un contexte d’émergence des villes intelligentes et le développement de véhicules et des réseaux électriques intelligents. De son côté, la formation en technologies environnementales de décontamination et gestion intégrée des eaux et effluents résiduaires (TEDGIEER) vise à former du personnel hautement qualifié en gestion écoresponsable des rejets urbains, agricoles et industriels.
« Avec les changements climatiques, il va y avoir beaucoup d’impacts sur la quantité et la qualité de l’eau pour les usages, note Mme Duchesne. Il va y avoir de plus en plus de moments où on aura moins d’eau que d’habitude pendant les canicules et les sécheresses. À l’inverse, les inondations vont être de plus en plus fréquentes. C’est essentiel de former les gens qui pourront contribuer à trouver des solutions à ces problèmes-là ! »
Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.