Accord à la COP26 pour accélérer la lutte contre le changements climatiques

La COP26 a adopté samedi un « pacte de Glasgow » destiné à accélérer la lutte contre le réchauffement climatique, mais sans assurer de le contenir à 1,5 °C ni répondre aux demandes d’aide des pays pauvres.
L’adoption définitive du texte est intervenue à l’issue de deux semaines de négociations éprouvantes, d’un coup de marteau du président britannique de la conférence mondiale sur le climat, Alok Sharma, et après des changements de dernière minute introduits par la Chine et l’Inde sur la question des énergies fossiles.
« C’est le moment de vérité pour notre planète et c’est aussi le moment de vérité pour nos enfants et nos petits enfants », a-t-il lancé aux délégations.
Admettant que le monde n’avait pas tenu les promesses de l’accord de Paris, il a estimé que le texte « reconnaissait ce fait et appelait à y répondre », demandant aux délégations d’adopter ce texte qu’il a qualifié d’« équilibré ».
« Nous sommes au moment des négociations où votre délégation peut se demander si vous pouvez utiliser ce temps pour obtenir plus pour votre pays, votre région, votre groupe. Je vous implore de ne pas le faire », a-t-il ajouté après un marathon de deux semaines de négociations qui a déjà débordé de 24 heures.
L’objectif affiché des Britanniques lors de cette COP est de « garder en vie » l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris, limiter le réchauffement à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle.
« Imparfait »
Alors que le monde se trouve toujours, selon l’ONU, sur la trajectoire « catastrophique » d’un réchauffement de +2,7 °C, le nouveau texte préserve les avancées de cette COP en matière de réductions d’émissions et sur les énergies fossiles, principales sources de gaz à effet de serre.
Le représentant de la Chine a assuré n’avoir pas l’intention de « rouvrir » les négociations sur le texte, tout aussi « imparfait » qu’il soit.
Le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans a lui aussi souligné le « risque dans ce marathon de trébucher dans les derniers mètres avant la ligne d’arrivée » en cas de réouverture des discussions sur cette dernière proposition.
Ces discussions sont compliquées par la méfiance des pays pauvres -- les moins responsables du réchauffement mais en première ligne face à ses impacts--, puisque les pays riches n’ont toujours pas tenu leur promesse faite en 2009 de porter à partir de 2020 leur aide climat au Sud à 100 milliards de dollars par an.
Le dernier texte n’apporte pas de progrès substantiel sur ce dossier au cœur des tensions des derniers jours -- ce qu’ont regretté les Fidji, les Îles Marshall ou Tuvalu, qui risquent d’être submergées par les flots.
Ni sur la demande des pays en développement d’un mécanisme spécifique de prise en compte des « pertes et préjudices », c’est-à-dire les dommages déjà causés par les impacts ravageurs des tempêtes, sécheresses et canicules qui se multiplient. « Les pays riches poussent vers un système qui aboutirait à un forum de bavardages incessants », a ainsi dénoncé Mohamed Adow de l’ONG Power Shift Africa.
Mais les pays en développement ont malgré tout signalé leur intention d’accepter, à contrecœur, l’absence de leur proposition dans le texte.
Au nom du groupe de négociation G77 + Chine (plus de 100 pays en développement et émergents), qui a mené la bataille ces derniers jours, le Guinéen Amadou Sebory Touré a exprimé son « extrême déception » sur ce point, assurant toutefois que dans un « esprit de compromis », le groupe « peut vivre » avec.
« Droit » aux fossiles
Autre point très controversé, la mention inédite dans un texte à ce niveau des énergies fossiles, principales responsables du réchauffement de la planète et qui ne sont même pas citées dans l’accord de Paris, est préservée dans cette troisième version du projet de déclaration, au grand dam des pays producteurs.
Le texte, dont la portée a été amoindrie au fil des versions, appelle désormais les pays membres à « accélérer les efforts vers la sortie de l’énergie au charbon sans systèmes de capture (de CO2) et des subventions inefficaces aux énergies fossiles », alors que les premières versions ne comportaient notamment pas les termes « efforts » et « inefficacité ».
Sur ce point, l’Inde a fait entendre une voix discordante. « Les pays en développement ont le droit à leur juste part du budget carbone mondial et à un usage responsable des énergies fossiles », a martelé le ministre de l’Environnement Bhupender Yadav.
Sur les émissions de gaz à effet de serre, le nouveau texte reprend sans changement l’appel aux États membres à relever leurs engagements de réductions plus régulièrement que prévu dans l’accord de Paris, et ce dès 2022.
Mais avec la possibilité d’aménagements pour « circonstances nationales particulières », point rajouté vendredi et qui avait provoqué des critiques des ONG sur la réelle ambition des pays à limiter la hausse des températures.
Les délégations aimeraient d’autre part enfin venir à bout des discussions sur le dernier reliquat des règles d’utilisation de l’accord de Paris, en particulier sur le fonctionnement des marchés carbone. Les négociations sur cet article très disputé n’avaient pu aboutir aux deux dernières COP.