Ray-Mont Logistiques asphalte le terrain où des citoyens voulaient créer un parc

L’entreprise Ray-Mont Logistiques a débuté lundi l’asphaltage de son site, mais elle n’a pas encore obtenu toutes les autorisations pour réaliser son projet de plateforme de transbordement de conteneurs.
Mobilisation 6600 L’entreprise Ray-Mont Logistiques a débuté lundi l’asphaltage de son site, mais elle n’a pas encore obtenu toutes les autorisations pour réaliser son projet de plateforme de transbordement de conteneurs.

Le promoteur d’un projet de transbordement de conteneurs situé aux limites d’un quartier résidentiel de l’est de Montréal vient de débuter l’asphaltage du site où des citoyens du secteur réclament la création d’un parc nature. Ces derniers redoutent les impacts des activités industrielles prévues par l’entreprise Ray-Mont Logistiques, qui n’a pas encore demandé, ni obtenu, toutes les autorisations nécessaires pour son projet.

Depuis lundi matin, les travaux d’asphaltage ont débuté sur le terrain de Ray-Mont Logistiques, situé au nord de la rue Notre-Dame et à l’est de la rue Viau. C’est là que l’entreprise entend construire une plateforme intermodale (qui permettrait de faire passer les conteneurs des camions aux wagons) qui serait en activité tous les jours, 24 heures sur 24. La plateforme comprendrait aussi l’empilement d’un maximum de 10 000 conteneurs sur le site, en vue de leur exportation par navires, et un millier de passages de camions chaque jour.

Le promoteur assure que l’asphaltage de ce site fait partie du « plan de réhabilitation environnementale » qui a été approuvé par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) pour ce terrain lourdement contaminé. Au cours des dernières semaines, les sols contaminés présents sur ce site de 230 000 mètres carrés avaient d’abord été recouverts. « Présentement, nos experts procèdent à l’étape du scellage des sols par pavage, étape obligatoire du plan de réhabilitation pour couper les sols contaminés de leur exposition avec la faune et la flore », a ajouté lundi Ray-Mont Logistiques, par courriel.

Asphalte et voies ferrées

 

Pour les citoyens opposés au projet de transbordement de conteneurs aux limites d’un quartier résidentiel, le promoteur semble vouloir placer le gouvernement devant le fait accompli. « Il a obtenu des autorisations pour asphalter et installer certaines infrastructures avant même que le projet complet ait été déposé au ministère de l’Environnement. Mais une fois que ces travaux seront faits, il n’y aura plus grand-chose à lui refuser », déplore une porte-parole de Mobilisation 6600, Cassandre Charbonneau-Jobin.

En plus de l’asphaltage du site, Ray-Mont Logistiques a obtenu l’autorisation du gouvernement du Québec pour construire des voies ferrées, et ce, même s’il n’a pas encore demandé, ni obtenu, l’autorisation de construire la plateforme intermodale. Celle-ci doit venir du ministre de l’Environnement, Benoit Charette. Il pourrait alors exiger une évaluation du projet s’il juge que « les enjeux environnementaux » sont majeurs « et que les préoccupations du public le justifient ».

Les citoyens du secteur réclament d’ailleurs depuis plusieurs mois le déclenchement d’une telle évaluation environnementale. Ils redoutent les nuisances récurrentes qui seraient associées au projet. Plusieurs estiment aussi que ce secteur, à l’abandon depuis plusieurs années, devrait être revitalisé pour en faire un parc qui pourrait éventuellement être connecté avec le parc Maisonneuve. Un boisé en friche se trouve aussi au nord du site.

Ministre en attente

 

Au cabinet du ministre Benoit Charette, on se contente toutefois de répéter que « le gouvernement n’a pas reçu d’avis de projet ni de nouvelle demande d’autorisation concernant le projet et seuls les travaux de réhabilitation du terrain sont autorisés. Le MELCC doit attendre le dépôt du projet avant de pouvoir établir quelles autorisations environnementales seraient nécessaires pour sa réalisation ».

Même si le promoteur a clairement annoncé ses intentions concernant le projet prévu pour son site, le MELCC doit effectivement attendre que Ray-Mont Logistiques dépose sa demande pour la construction de la plateforme de transbordement de conteneurs, confirme le Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE). Le promoteur peut donc asphalter le terrain et construire des infrastructures comme des voies ferrées avant de déposer sa demande au gouvernement du Québec.

« La particularité dans ce projet est que le MELCC est au courant de celui-ci puisqu’il a déjà obtenu des autorisations. C’est l’un des effets du fractionnement des projets permis par la Loi sur la qualité de l’environnement et ses règlements. Le MELCC n’analyse pas le projet dans son ensemble, mais de manière séparée chaque élément du projet qui déclenche la nécessité d’obtenir une autorisation ministérielle », a expliqué lundi le CQDE, dans une réponse écrite.

Même si les travaux progressent sur son site, Ray-Mont Logistiques estime par ailleurs respecter son engagement de ne pas mener des « travaux majeurs » avant la fin du travail, prévue cet automne, du « Groupe de travail thématique » mis sur pied avec des citoyens et des élus. « Cet engagement est respecté », a-t-on fait valoir dans une réponse écrite. Le promoteur ajoute que « le pavage des sols fait partie intégrante de ce plan et toute autre interprétation ne serait pas véridique et factuelle. »

Soutien financier

 

À la Ville de Montréal, on rappelait lundi que les travaux d’asphaltage ont été autorisés par le MELCC. « Le groupe de travail thématique poursuit son travail de collaboration sur les mesures qui permettent une cohabitation harmonieuse avec l’ensemble des parties prenantes », a également souligné une porte-parole, Camille Bégin, dans une réponse écrite.

Le député provincial d’Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, et la députée fédérale d’Hochelaga, Soraya Martinez Ferrada, s’opposent au projet. La Cour d’appel du Québec a toutefois obligé la Ville de Montréal à fournir les autorisations municipales que le promoteur réclamait. Ce dernier a néanmoins entamé une poursuite de 373 millions de dollars contre la Ville en raison des longs délais pour lui accorder une autorisation.

Selon des informations publiées en août par Le Devoir, Ray-Mont Logistiques a obtenu une subvention de 580 000 $ dans le cadre du Programme visant la réduction ou l’évitement des émissions de gaz à effet de serre par le développement du transport intermodal. Ce programme, qui s’inscrivait dans le cadre du plan de lutte contre les changements climatiques ayant pris fin l’an dernier, sert à financer des mesures permettant de réduire le recours au transport routier de marchandises.

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