Vers un réchauffement climatique de 2,7 °C, prévoit l’ONU
Alors que l’humanité doit réduire considérablement et rapidement ses émissions de gaz à effet de serre (GES) pour éviter le naufrage climatique, l’ONU s’attend plutôt à une hausse des émissions d’ici 2030, selon un nouveau bilan publié vendredi.
En prévision de la tenue de sa prochaine conférence climatique, la COP26, l’organisation internationale a comptabilisé les engagements de réduction des émissions de GES des pays signataires de l’Accord de Paris, soit les contributions déterminées au niveau national (CDN). Au total, 113 des 191 pays signataires, qui représentent 49 % des émissions mondiales, ont soumis ces derniers mois des engagements mis à jour.
Les calculs dévoilés vendredi démontrent que, près de six ans après la signature de l’Accord de Paris, l’humanité est toujours sur la trajectoire d’un réchauffement climatique catastrophique. Selon l’ONU, le réchauffement devrait atteindre au moins 2,7 °C d’ici la fin du siècle, alors que la communauté internationale a promis de le limiter à 2 °C, voire 1,5 °C, par rapport à l’ère préindustrielle.
Les CDN de l’ensemble des 191 parties de l’Accord de Paris pointent d’ailleurs vers « une augmentation considérable » — 16 % — des émissions mondiales de GES en 2030 par rapport à 2010.
« L’augmentation de 16 % est un énorme sujet de préoccupation. Elle contraste fortement avec les appels lancés par la science en faveur d’une réduction rapide, soutenue et à grande échelle des émissions afin de prévenir les conséquences climatiques les plus graves et les souffrances, notamment des plus vulnérables, dans le monde entier », a fait valoir la secrétaire exécutive d’ONU Climat, Patricia Espinosa, dans un communiqué.
Événements extrêmes
Un réchauffement tel que celui prédit dans le rapport publié vendredi provoquerait une multiplication des événements climatiques extrêmes, un recul des zones cultivables et des ressources en eau dans plusieurs régions, une fonte irréversible des glaces des pôles, un dégel du pergélisol qui libérerait d’énormes quantités de méthane, une montée considérable du niveau des océans, l’afflux de millions de réfugiés climatiques et la disparition de pans majeurs de la biodiversité mondiale.
Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), il faudrait que les émissions mondiales des GES reculent d’au moins 45 % d’ici 2030, par rapport à leur niveau de 2010, pour espérer limiter le réchauffement à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Celui-ci atteint déjà 1,1 °C, selon le plus récent rapport du GIEC, qui prévient que le réchauffement devrait atteindre 1,5 °C ou 1,6 °C d’ici 2030, voire 2040.
Bien que les bouleversements climatiques n’aient pas encore atteint les seuils dramatiques inscrits dans ce nouveau rapport scientifique international, les conséquences sont déjà bien réelles, soulignait le GIEC dans son rapport publié au mois d’août. Les vagues de chaleur, les canicules et les sécheresses sont très certainement « plus fréquentes et plus intenses » dans la plupart des régions du globe depuis les années 1950, tout comme les événements de précipitations intenses.
Points de bascule ?
L’humanité est également responsable de la fonte des glaces du Groenland, de celle de plusieurs glaciers de la planète et du déclin marqué des glaces de mer de l’Arctique. Même chose pour la hausse du niveau des océans et leur réchauffement. Sous l’influence de la fonte des glaces polaires, le niveau des océans va d’ailleurs continuer à augmenter pendant des siècles, voire des millénaires.
Le niveau des océans, qui a déjà gagné 20 cm depuis 1900, pourrait encore monter d’environ 50 cm d’ici 2100, même en supposant qu’on puisse limiter le réchauffement à +2 °C. Un tel scénario représente une menace directe pour des régions côtières comme l’est du Québec.
Pour la première fois, le GIEC soulignait également dans son rapport « ne pas pouvoir exclure » la survenue de « points de bascule », comme la fonte de la calotte glaciaire de l’Antarctique ou la mort de forêts, qui entraîneraient le système climatique vers un changement dramatique et irrémédiable. Des signes en ce sens sont d’ailleurs déjà visibles en Amazonie, la plus vaste forêt tropicale de la planète.