Le Québec compte 775 puits pétroliers et gaziers abandonnés, dont 209 introuvables

Le gouvernement du Québec évalue qu’il existe 775 puits pétroliers et gaziers abandonnés dans la province, dont le tiers est toujours à localiser. Près d’une centaine de puits nécessitent par ailleurs des travaux de sécurisation, précise le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, dans un rapport publié jeudi. Le gouvernement a d’ailleurs prévu d’y consacrer 10 millions de dollars cette année.
Depuis 1860, un total de 907 puits pétroliers et gaziers ont été forés dans différentes régions du Québec. Le gouvernement du Québec est aujourd’hui responsable de retrouver plus de 775 d’entre eux, qui ont été abandonnés au fil des décennies par les entreprises qui les avaient forés.
Selon le « Rapport sur l’état des puits d’hydrocarbures inactifs au Québec » publié jeudi, les inspections menées par le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN) ont permis de localiser 534 de ces puits orphelins. La majorité des puits se retrouvent dans les basses terres du Saint-Laurent, entre Montréal et Québec, « étant donné l’intérêt au fil des décennies des compagnies d’exploration pour le potentiel gazier de cette région géologique ». On en retrouve également 162 en Gaspésie, où certaines découvertes de pétrole ont été faites depuis le 19e siècle.
Parmi les puits localisés, 95 « présentent certains enjeux » et doivent donc faire l’objet de travaux, précise le MERN. Un total de 45 laissent fuir du méthane « à différents niveaux », tandis que 22 autres génèrent « une contamination du sol ou de l’eau ».
Dans les basses terres du Saint-Laurent, le rapport du ministère souligne l’importance d’évaluer le débit des fuites de gaz, mais aussi de « s’attarder davantage sur ces puits comme des émetteurs de gaz à effet de serre ». Il faut dire que le gaz qui fuit est du méthane, un puissant gaz à effet de serre.
La situation est différente en Gaspésie, « où l’on trouve plusieurs sites contaminés localement par du pétrole » qui fuit à la surface. Le rapport indique que dans certains cas, « de légers écoulements actifs sont constatés, ce qui explique la présence d’un volume limité de sols fortement contaminés aux alentours des puits. Ces écoulements peuvent être causés, soit par le puits lui-même, soit par la présence d’un suintement naturel à l’endroit où est situé le puits ».
Le rapport publié jeudi souligne aussi que 30 puits ont été inscrits au passif environnemental du Québec, « à titre de sites contaminés ». Dans le plus récent budget, le gouvernement Legault a d’ailleurs prévu pour cette année une enveloppe de 10 millions de dollars afin de « sécuriser » certains puits retrouvés par ses inspecteurs dans différentes régions de la province.
Puits introuvables
Un total de 241 puits n’ont par ailleurs pas pu être localisés, dont 209 qui sont désormais « considérés comme non localisables après plusieurs tentatives de recherche sur le terrain ». Il faut dire que certains de ces puits ont été forés il y a de cela plusieurs décennies. Dans ce contexte, les entreprises qui avaient foré ces puits n’existent plus et les données sur leur localisation sont parfois imprécises.
Le ministère ajoute que le fait que des puits ont le statut de « non localisable » ne signifie pas qu’aucune recherche ne sera effectuée dans l’avenir. « Ces recherches devront être justifiées par de nouveaux éléments d’information pertinente », précise le rapport, daté de mars 2021. Selon les données du MERN, la Montérégie compte 62 puits introuvables, alors qu’on retrouve 48 en Gaspésie, 23 dans Lanaudière et 23 en Mauricie.
Membre du Collectif scientifique sur la question du gaz de schiste et les enjeux énergétiques au Québec, Marc Brullemans salue les progrès des dernières années dans la localisation et l’évaluation des puits abandonnés, tout en rappelant que ce sont les groupes citoyens, dont l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique, qui avaient tiré la sonnette d’alarme sur le risque que représentent certains puits.
M. Brullemans déplore cependant un manque d’informations dans le rapport, notamment en ce qui a trait au débit des fuites de gaz constatées par le MERN et à la nature exacte des contaminations observées autour de certains puits.
L’expert indépendant Marc Durand rappelle en outre que des puits inscrits comme étant fermés « temporairement » présentent aussi des fuites de gaz. Certains ont été forés, et parfois fracturés, à l’époque récente où certaines entreprises souhaitaient développer l’industrie du gaz de schiste au Québec. Un total de 37 puits ont été forés à cette époque, selon le MERN, dont 18 qui ont été « fracturés ». De ce nombre, au moins cinq puits de gaz de schiste laisseraient encore fuir des gaz.