Place à la révolution agroécologique

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs
Le souhait collectif pour une alimentation saine et durable pour tous est grand. Ensemble, nous voulons protéger la biodiversité, la santé des sols et, surtout, celles des paysans qui nous nourrissent chaque jour. Pour ce faire, une sorte de révolution est à prévoir, une révolution bien plus que verte, une révolution agroécologique !
Passer à l’action
Nous connaissons de mieux en mieux ce qui cloche en agriculture et les répercussions dans les cours d’eau, dans l’air et le sol, ainsi que chez les agriculteurs. L’urgence climatique est d’ailleurs très bien documentée scientifiquement. Il est plus que jamais le temps de passer à l’action.

C’est une sorte de métamorphose pour pallier les déséquilibres agricoles que propose Alain Olivier dans son ouvrage, La révolution agroécologique. Nourrir tous les humains sans détruire la planète. Le professeur à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval et directeur du Groupe interdisciplinaire de recherche en agroforesterie (GIRAF) croit que l’agroécologie offre plusieurs façons de rectifier la trajectoire agricole actuelle.
Sa réflexion à ce sujet a commencé en Afrique de l’Ouest quand il était étudiant aux cycles supérieurs en biologie végétale. « J’ai découvert l’univers paysan à travers Yacouba Sawadogo, un fermier burkinabé, raconte Alain Olivier. Je suis arrivé là-bas imbu de mes savoirs de jeune agronome, pour me rendre compte que ce qu’on offrait aux paysans, tout droit issu de la révolution verte, n’était peut-être pas ce dont ils avaient besoin, et ne faisait qu’augmenter leur dépendance et leur vulnérabilité. » C’est alors qu’il se met à réfléchir aux modes de production agricole occidentaux et aux systèmes alimentaires en général, en partie responsables d’importants effets écologiques et injustices sociales. Petit à petit, son cheminement le mène vers l’agroécologie.
Qu’est-ce que l’agroécologie ?
L’agroécologie s’intéresse aux diverses sphères de l’agriculture. À la lumière des plus récentes études scientifiques à ce sujet, bon nombre d’acteurs dans le domaine la décrivent comme étant à la fois « une discipline scientifique qui étudie les relations entre l’agriculture, l’écologie et la société, un ensemble de pratiques qui vise l’atteinte d’un équilibre dynamique au sein des agroécosystèmes afin d’assurer leur soutenabilité et d’augmenter leur résilience, et un mouvement social qui cherche à construire des systèmes agricoles et alimentaires plus justes pour l’ensemble de la société ».
Il va sans dire que cette discipline est aux antipodes d’une vision en vase clos de l’agriculture. « L’agroécologie insiste sur le contexte, ajoute Alain Olivier. On ne peut donc pas appliquer le même modèle partout. La perspective est très près d’une agriculture plus locale, aussi autonome que possible et aussi complète que possible, tout en tenant compte du territoire, des conditions de travail des agriculteurs, de la qualité des sols… »
La vision d’ensemble de l’agroécologie rappelle les bases des écosystèmes. Si l’un de ses éléments clés, vivants ou non vivants, est usé, appauvri, pollué, il n’est pas étonnant qu’un déséquilibre s’installe en cours de route. Il n’est toutefois pas facile de déterminer concrètement à quel point tous ces éléments sont cruciaux pour maintenir l’équilibre et, par conséquent, d’assurer la viabilité de l’agriculture à long terme.
« C’est facile de parler de biodiversité en parlant des ours polaires ou des tigres de Sibérie, précise-t-il. C’est plus difficile de faire comprendre comment et pourquoi l’infiniment petit est primordial pour l’équilibre de l’écosystème, comme les bactéries, les champignons, les insectes, les arbres… On ne voit pas toutes les fonctions que ceux-ci procurent à la biodiversité. Pourtant, les cycles de la matière sont tous interreliés. »
Agir au bon endroit, de la bonne façon
Et comme le veut l’agroécologie, les solutions de rechange doivent être adaptées au milieu où elles sont mises en place. Prendre le pouls de la situation auprès de tous les acteurs de la chaîne alimentaire est un bon point de départ pour mieux comprendre la réalité de chacun.
Dans tous les cas, Alain Olivier est optimiste. « Pour la première fois depuis des décennies, le nombre de fermes a augmenté au Québec et des jeunes s’intéressent à l’agriculture, s’exclame-t-il. Et ça, c’est vraiment stimulant ! Parce que ces jeunes, pour la plupart, font les choses autrement. Ils sont à l’avant-garde aussi bien dans leurs pratiques agroécologiques que dans leurs liens avec leur communauté, c’est-à-dire avec nous, les mangeurs et mangeuses. Ils ont un projet emballant à nous proposer. »
C’est donc le temps d’aller au champ plus souvent, de discuter avec les producteurs dans les marchés et de passer plus de temps dans la nature pour se lier d’amitié avec notre bel écosystème.
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