GNL Québec est un projet «vertueux» pour l’environnement, selon Jonatan Julien

Le ministre de l’Énergie Jonatan Julien affirme que l’usine gazière Énergie Saguenay, de GNL Québec, est un projet « vertueux » et « hyperimportant » en matière de lutte contre les changements climatiques, tout en étant « fantastique » pour le développement économique du Québec.
Interpellé par le député de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois lors de la période des questions mercredi matin à l’Assemblée nationale, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles s’est à son tour porté à la défense du projet d’exportation de gaz naturel de l’Alberta, en reprenant des arguments mis en avant depuis plusieurs mois par les promoteurs du projet.
« Notre gouvernement s’inscrit pleinement dans le processus de transition énergétique pour faire en sorte de réduire de manière forte l’émission des gaz à effet de serre au Québec et, pourquoi pas, ailleurs », a-t-il d’abord souligné.
Selon lui, l’exportation de 11 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié chaque année permettrait au Québec de participer à cette transition, en supposant que le gaz naturel servira à remplacer des combustibles plus polluants utilisés dans d’autres pays, comme le charbon.
« Globalement, on pourrait réduire de 28 millions de tonnes les gaz à effet de serre à travers le monde. Alors, vertueux environnemental, vertueux économique, a ajouté M. Julien. Naturellement, les analyses sont en cours pour valider ces éléments-là. Ne tirons pas les conclusions maintenant, laissons les analyses aller. Ne soyons pas dogmatiques, soyons pragmatiques, à la fois pour l’environnement et pour l’économie du Québec. »
« Lobbyistes »
Gabriel Nadeau-Dubois a pour sa part fait valoir que les intérêts financiers américains qui pilotent le projet Énergie Saguenay sont contrôlés par un investisseur, Jim Breyer, qui aurait aussi financé des politiciens américains reconnus pour leurs positions climatosceptiques. « Ce n’est pas un projet de transition écologique, c’est un projet qui est “spinné”, qui vous est “spinné” comme un projet de transition écologique, alors que c’est un projet qui est piloté par des gens qui financent les climatosceptiques et qui financent l’industrie du charbon », a insisté le député solidaire.
« Mon collègue parle d’un gars. Nous, on parle d’un projet. Nous, on regarde le projet qui est présenté actuellement avec ses vertus », a répondu le ministre Jonatan Julien. « Je réitère que le projet qui est analysé actuellement, on le répète, là, pour le développement économique du Québec, c’est fantastique, puis pour la réduction des GES, c’est plus que notable, c’est hyperimportant », a ajouté le ministre responsable des projets de développement énergétique au Québec.
La semaine dernière, le premier ministre François Legault s’est lui aussi porté à la défense du projet de GNL Québec, en soulignant que ce projet gazier pourrait « aider la planète » à lutter contre la crise climatique. Il a également rencontré la direction de l’entreprise à ses bureaux de Montréal, à la mi-janvier.

Pour Gabriel Nadeau-Dubois, ces prises de position du gouvernement Legault en faveur du projet s’appuient seulement sur le discours des « lobbyistes » de GNL Québec. « On nous dit : GNL Québec, ça va remplacer du charbon, c’est bon pour l’environnement. Ce discours-là ne s’appuie sur aucune démonstration scientifique. Aucune. La seule source du gouvernement, c’est l’entreprise », a-t-il laissé tomber lors de la période des questions, mercredi.
Selon les informations inscrites au registre des lobbyistes mercredi, les entreprises GNL Québec et Gazoduq (qui doit construire le gazoduc qui alimentera l’usine Énergie Saguenay) ont actuellement un total de 25 lobbyistes inscrits. Le mandat de certains lobbyistes comprend des démarches en vue de « l’obtention de puissance hydroélectrique et l’obtention potentielle de soutien financier » du gouvernement pour la réalisation du projet.
Étude à venir
GNL Québec assure que le projet permettra des réductions annuelles d’émissions mondiales de GES de 28 millions de tonnes. L’entreprise ne veut toutefois pas dévoiler « publiquement » les noms des acheteurs de son gaz naturel liquéfié, et ce, « pour des raisons concurrentielles ». La démonstration des gains environnementaux sera présentée lors de l’examen qui sera mené par le Bureau d’audiences sur l’environnement, promet GNL Québec.
Pour le moment, ni l’étude d’impact déposée auprès du ministre de l’Environnement du Québec ni celle déposée auprès des autorités fédérales n’ont été jugées complètes. Les autorités fédérales ont notamment demandé à l’entreprise de compléter leur analyse des impacts du passage des méthaniers au cœur de l’habitat essentiel du béluga, dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent.
En plus du projet Énergie Saguenay, le projet de gazoduc de l’entreprise Gazoduq, qui servira à alimenter l’usine, doit passer par l’étape des évaluations environnementales. Le gouvernement Legault a dit non à une évaluation environnementale globale qui comprendrait le gazoduc, l’usine et le terminal maritime.
Selon les évaluations des experts des ministères de l’Environnement du Canada et du Québec, les émissions liées au projet, en sol canadien, atteindraient près de huit millions de tonnes par année (équivalent de 3,4 millions de voitures), notamment parce que le gaz sera principalement exploité par fracturation. Mais le gouvernement Legault a déjà confirmé qu’il ne tiendra pas compte de ces émissions, qui seront produites en Alberta et lors du transport du gaz par gazoduc, jusqu’au Saguenay.