Un imposant projet minier en zone touristique

L’actuel site d’exploration minière de la compagnie Nouveau Monde Graphite, situé près de Saint-Michel-des-Saints, dans le nord de la région de Lanaudière, ferait place à la plus grande mine à ciel ouvert du sud du Québec.
Photo: Nouveau Monde Graphite L’actuel site d’exploration minière de la compagnie Nouveau Monde Graphite, situé près de Saint-Michel-des-Saints, dans le nord de la région de Lanaudière, ferait place à la plus grande mine à ciel ouvert du sud du Québec.

L’entreprise Nouveau Monde Graphite compte exploiter la plus grande mine à ciel ouvert du sud du Québec, dans un secteur de Saint-Michel-des-Saints réputé pour la villégiature. Le projet, qui sera soumis à un examen du BAPE et dont le gouvernement du Québec est actionnaire, doit générer au moins 100 millions de tonnes de résidus miniers.

Le projet Matawinie, situé dans le nord de la région de Lanaudière, doit permettre l’exploitation d’un gisement qui devrait produire 100 000 tonnes de graphite par année, pour une période de 26 ans.

Selon Nouveau Monde Graphite, la moitié de ce minerai serait destiné à une usine qui serait construite à Bécancour, tandis que l’autre moitié serait exportée. Le graphite est utilisé dans différentes industries, dont la fabrication de batteries de voitures électriques.

L’exploitation de cette mine, dont la fosse atteindrait 2,7 kilomètres de longueur, une largeur de 400 mètres et une profondeur maximale de 235 mètres, devrait générer un total de 107 millions de tonnes de résidus miniers et de « stériles » au cours de son exploitation.

Une bonne partie de ces résidus devrait avoir été remise dans la fosse, à la fin de l’exploitation, selon ce que précise l’entreprise, qui a produit une étude d’impact de plus de 5000 pages en vue de l’évaluation du projet, qui comprend un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) débutant mardi soir.

Le fait qu’au moins 12 millions de tonnes de résidus pourraient générer de l’« acidité » soulève des inquiétudes chez des citoyens de la région, d’autant plus que le projet sera situé dans le bassin versant du lac Taureau et que « les eaux de ruissellement » et « les eaux usées du site » seront rejetées dans un ruisseau.

L’entreprise prévoit toutefois un système de traitement de ces eaux, avant leur rejet « vers le milieu naturel ».

Dynamitage

 

Des citoyens s’inquiètent surtout du développement d’un tel projet dans un secteur reconnu, y compris par la minière, comme une région de « villégiature ». En plus des répercussions du camionnage, la « Coalition des opposants à un projet minier en Haute-Matawinie » redoute celles du dynamitage nécessaire pour extraire le minerai brut.

L’étude d’impact précise une « moyenne » de deux « sautages » par semaine, pour un volume de 50 000 tonnes par opération (cinq millions de tonnes par année).

Quelque 1650 tonnes d’explosifs seraient utilisées chaque année.

La porte-parole du regroupement, May Dagher, est d’ailleurs catégorique : « Ce projet n’a pas sa place dans un milieu aussi sensible, réputé pour sa quiétude, ses lacs, ses forêts et comme destination récréotouristique. On demande donc au gouvernement de dire non à ce genre de projet. »

Le gouvernement du Québec, qui est le deuxième actionnaire en importance de Nouveau Monde Graphite en raison d’un engagement de Ressources Québec, n’a pas voulu se prononcer lundi sur la suite des choses.

« Le projet fera l’objet d’audiences au BAPE. Il doit, comme tout autre projet, répondre aux critères définis par le gouvernement dans ses lois et règlements », a simplement indiqué le cabinet du ministre des Ressources naturelles, Jonatan Julien.

Le président et chef de la direction de la minière, Éric Desaulniers, se veut rassurant. « Les impacts sur le milieu physique et biologique sont limités à la périphérie du projet, soit un rayon d’un kilomètre de nos installations », a-t-il expliqué en entrevue.

Il estime pouvoir assurer l’« intégration » de cette mine dans la région, notamment à travers la gestion prévue pour les résidus. La minière a aussi acquis 18 propriétés qui étaient situées à moins d’un kilomètre de son site d’exploitation. « On comprend les inquiétudes » des opposants, a-t-il souligné, tout en ajoutant que « le projet est important pour la région et pour l’électrification des transports ».


Des lobbyistes pour un « soutien financier gouvernemental »

L’entreprise Nouveau Monde a un total de 11 lobbyistes inscrits au registre officiel, selon les informations disponibles lundi. Parmi ceux-ci, on compte notamment l’ancien président du BAPE de 2007 à 2012, Pierre Renaud, qui siège au conseil d’administration de l’entreprise. Le mandat des 11 lobbyistes comprend des « démarches » entreprises « afin d’obtenir du soutien financier gouvernemental ». « Parmi ces démarches, certaines viseront notamment l’octroi de subventions ou autre forme d’aide financière pour la mise en œuvre, par exemple, de programmes de formation de la main-d’œuvre, de programme d’aide à la recherche et l’innovation, et ce, en vertu de programmes existants ou autrement », précisent les informations inscrites au registre des lobbyistes.


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