À Madrid, la rue met la pression sur la COP25

Des milliers de personnes manifestaient vendredi à Madrid avec la jeune Suédoise Greta Thunberg pour pousser les pays réunis pour la COP25 dans la capitale espagnole à agir contre la crise climatique. Sous le mot d’ordre « Le monde s’est réveillé face à l’urgence climatique », alors que les températures et les émissions polluantes ne cessent de grimper sur la planète, cette marche pour le climat de cinq kilomètres dans le centre de Madrid a rassemblé 15 000 personnes selon la préfecture. Greta Thunberg a, elle, évoqué le chiffre de 500 000 participants. Dans la manifestation, à laquelle devait aussi participer l’acteur espagnol Javier Bardem, des pancartes clamaient « Sans planète, pas de futur », « Politiciens, la Terre se meurt », « Ce sommet est une farce » ou encore « Le capitalisme tue la planète ».
Entourée d’une nuée de sympathisants et de journalistes, l’adolescente de 16 ans, devenue l’égérie de la défense de la planète depuis qu’elle a lancé en août 2018 des « grèves de l’école pour le climat », a été contrainte d’abandonner le cortège au bout d’une heure car elle ne parvenait plus à avancer. « La police dit que je ne peux pas continuer comme ça […] Je suis désolée […] Il y a des raisons de sécurité, il y a trop de journalistes et de gens », a-t-elle expliqué avant de monter dans une voiture.
« Nous ne pouvons pas attendre plus longtemps », car « des gens souffrent ou meurent en raison de l’urgence climatique », a martelé Greta Thunberg devant la presse avant le début de la manifestation. « La crise climatique est toujours ignorée par les gens au pouvoir. Ce n’est pas une solution durable que des jeunes manquent l’école » pour protester, « nous aimerions des actions de la part des gens au pouvoir ». « Le changement climatique nous touche tous, nous, mais aussi les générations futures. Il faut en prendre conscience, le monde va vers sa fin », a déclaré à l’AFP Paula Sánchez, une Madrilène de 16 ans.
Une autre marche était prévue simultanément à Santiago du Chili, où devait se tenir la COP25 avant que le pays ne renonce à l’accueillir en raison d’un mouvement social sans précédent et ne soit remplacé au pied levé par l’Espagne. « 2019 a été sans aucun doute l’année du réveil climatique », selon Pablo Chamorro, porte-parole de la manifestation, en référence aux manifestations monstres des jeunes pour le climat ou à l’émergence du mouvement de désobéissance civile non violente Extinction Rebellion. « Les discours ne suffisent plus, il faut des actions concrètes », a martelé Estefania Gonzalez, militante chilienne et porte-parole de Société civile pour l’action climatique (SCAC), plateforme regroupant plus de 150 associations chiliennes et internationales.
Les quelque 200 signataires de l’Accord de Paris, qui visait à limiter le réchauffement de la planète à +2 °C, voire à +1,5 °C, et dont les objectifs semblent de plus en plus inatteignables, sont réunis depuis lundi pour deux semaines à Madrid, pressés de toutes parts de fixer des objectifs plus ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais alors que le mercure a déjà gagné 1 °C par rapport à l’ère préindustrielle, amplifiant les catastrophes climatiques, cette réunion, dont le slogan est « Time for action », risque de décevoir les attentes.