Déversement d’hydrocarbures: la grande région de Montréal devra se doter d’un plan pour l’alimentation en eau

Les villes de la région de Montréal sont-elles prêtes à affronter un déversement de produits pétroliers dans les cours d’eau en cas de fuite d’oléoduc ? Elles ont toutes des plans de mesures d’urgence, mais elles devront améliorer leur stratégie d’approvisionnement en eau potable, indique un rapport publié jeudi par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).
En août 2017, la CMM avait mandaté un groupe de travail pour formuler des recommandations afin que les villes se préparent mieux à un déversement d’hydrocarbures. Ce comité regroupe notamment des responsables de la gestion des eaux de plusieurs villes.
Quatre pipelines traversent des cours d’eau sur le territoire métropolitain. Les pipelines Enbridge et Trans-Nord passent à travers la rivière des Outaouais et la rivière des Mille-Îles alors que les pipelines Saint-Laurent et Montréal franchissent le Saint-Laurent.
L’abandon du projet Énergie Est a réduit les craintes, mais l’âge des pipelines existants — le pipeline Montréal est en fonction depuis 1941 et l’oléoduc Trans-Nord date de 1952 — fait augmenter le risque d’occurrence d’un déversement.
Pas de plan B
En cas de fuite d’hydrocarbures, peu de municipalités ont un plan B, puisque 23 des 26 stations de traitement d’eau de la région ne pourraient s’approvisionner à d’autres sources. Elles disposent de réserves d’eau allant de 6 à 24 heures.
Le groupe de travail a formulé 33 recommandations pour pallier une fermeture prolongée des usines d’eau. Il suggère notamment que les Villes prévoient des ententes avec des fournisseurs d’eau embouteillée et conviennent d’un système d’entraide avec les municipalités voisines. On évoque aussi la directive du ministère de la Sécurité publique suggérant à tous les citoyens de conserver à la maison, en tout temps, une réserve d’eau pour trois jours.
De leur côté, les sociétés pétrolières devraient implanter un réseau de détection en continu des fuites d’hydrocarbures dans les cours d’eau. Le comité presse aussi l’Office national de l’énergie de renforcer les contrôles et les inspections des pipelines.
« Toutes les municipalités du Québec ont des plans de mesures d’urgence et elles sont capables de gérer un déversement d’un pipeline », soutient Massimo Iezzoni, directeur général de la CMM. « Dans les prochains mois, on se dotera de plans particuliers d’intervention en eau potable pour chacun des pipelines. Ça va favoriser la collaboration municipale et les échanges. »
Le responsable de l’eau au sein de l’administration Plante, Sylvain Ouellet, signale qu’à Montréal, toutes les prises d’eau sont munies d’équipements capables de détecter la présence d’hydrocarbures pour automatiquement couper l’alimentation en eau.
Responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace, Patrick Bonin n’en revient pas que la CMM ne se soit pas dotée de plans plus précis alors que les risques sont connus depuis longtemps. « Je ne vois pas de calendrier pour nous rassurer », dit-il. Selon lui, l’entièreté des coûts rattachés à l’achat d’équipements devrait être assumée par les pétrolières « qui sont responsables de l’existence de ce risque ».
De son côté, Alain Saladzius, de la Fondation Rivières, estime que la CMM devrait exiger le remplacement des conduites les plus vieilles.