Le Japon échoue à relancer la chasse commerciale à la baleine

Le Japon pratique une chasse dite «scientifique» en Antarctique depuis 1987. Il ainsi abattu plus de 10 000 petits rorquals en 30 ans.
Photo: Institute of Cetacean Research Agence France-Presse Le Japon pratique une chasse dite «scientifique» en Antarctique depuis 1987. Il ainsi abattu plus de 10 000 petits rorquals en 30 ans.

Au terme d’une semaine de tensions entre partisans et opposants à la chasse à la baleine, les pays membres de la Commission baleinière internationale (CBI) ont finalement rejeté vendredi la proposition japonaise qui visait un retour de la chasse commerciale, interdite depuis 1986.

Le texte présenté par le Japon, intitulé Le chemin à suivre, proposait de mettre sur pied un « comité » dont l’objectif serait d’encadrer une « chasse durable », afin de sortir de l'« affrontement » qui caractérise année après année les réunions de la CBI.

Sur les 89 pays membres de la CBI, 41 ont toutefois voté contre le projet de Tokyo, qui plaide depuis plusieurs années pour une relance de l’industrie baleinière à l’échelle internationale.

L’Australie, pays leader des partisans d’une plus grande protection des cétacés, a ainsi opposé une fin de non-recevoir au Japon, appuyée notamment par les États-Unis, le Brésil, la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, le Mexique, la Suède et l’Afrique du Sud.

Parmi les 27 États qui ont appuyé la proposition nippone, on compte des pays qui pratiquent déjà la chasse commerciale, soit la Norvège et l’Islande, mais aussi le Nicaragua, le Maroc, le Kenya, le Cambodge et la Côte d’Ivoire. Deux pays se sont par ailleurs abstenus de voter, tandis que d’autres membres étaient tout simplement absents de la rencontre.

Tokyo menace

 

Pour l’Australie, il ne fait aucun doute que la chasse commerciale, qui a porté plusieurs espèces au seuil de l’extinction, ne doit pas être relancée. Dans le cadre des interventions au cours de la semaine, à la tribune de la CBI, la délégation australienne a d’ailleurs souligné qu’il n’existe plus d’« acceptabilité sociale » pour cette chasse, qui dépend largement de « fonds publics » pour être poursuivie.

À l’opposé, le Japon a qualifié la CBI d’organisation « dysfonctionnelle », en raison de son incapacité à fixer un quota pour la chasse. Il existe bel et bien un quota, a répliqué jeudi la Nouvelle-Zélande : « zéro ».

Vendredi, le vice-ministre japonais de la Pêche, Masaaki Taniai, a regretté l’issue du vote et a menacé de quitter la CBI si aucun progrès n’était fait pour revenir à la chasse à la baleine commerciale. Ce n’est pas la première fois que Tokyo formule une telle menace.

« Si les preuves scientifiques et la diversité ne sont pas respectées, si la chasse à la baleine commerciale est totalement niée… le Japon va devoir réévaluer sa position en tant que membre de la CBI », a-t-il déclaré, cité par l’Agence France-Presse.

Selon lui, le résultat du vote « peut être vu comme une négation de la possibilité pour des gouvernements avec des points de vue différents de coexister dans le respect et la compréhension mutuels au sein de la CBI ».

Petits rorquals

 

En réponse, le représentant australien Nick Gales a rejeté « le discours soulignant l’intolérance et les dysfonctionnements » de la CBI que tient le Japon. Il a appelé Tokyo à rester au sein de la CBI « afin de continuer à se battre pour défendre son point de vue et travailler de manière constructive avec les autres membres ».

Même si la chasse commerciale est théoriquement interdite, depuis l’entrée en vigueur du moratoire sur la chasse, un pays membre de la CBI peut toujours invoquer un motif de recherche scientifique afin de justifier la chasse.

C’est d’ailleurs ce que fait le Japon depuis 1987. Il a ainsi tué un peu plus de 10 000 baleines en 30 ans, essentiellement des petits rorquals abattus en Antarctique. Tokyo, qui a harponné 333 petits rorquals cette année (dont 122 femelles gestantes), prévoit de chasser près de 4000 baleines au cours de la prochaine décennie dans les eaux de l’hémisphère sud. La viande de ces animaux est vendue au Japon.

Avec l’Agence France-Presse

Le Canada n’est pas membre de la Commission baleinière internationale

Pourquoi le Canada, un pays bordé par trois océans et dont plusieurs espèces de cétacés fréquentent les eaux côtières, n’est-il pas membre de la Commission baleinière internationale ? (CBI)

« En 1982, la Commission baleinière internationale a instauré un moratoire sur la chasse commerciale à la baleine à l’échelle mondiale. Alors que l’interdiction de pratiquer la chasse commerciale à la baleine est en vigueur au Canada depuis 1972, le gouvernement du Canada n’a cependant pas soutenu un moratoire complet, et a donc mis fin à son adhésion à la Commission baleinière internationale la même année », explique Pêches et Océans Canada dans une réponse écrite transmise au Devoir.

Ottawa dit toutefois collaborer avec la CBI « en partageant de manière routinière toute information relative à la chasse de subsistance inuite de la baleine boréale se pratiquant à l’est du Canada et à l’ouest du Groenland ».

Pêches et Océans Canada participe par ailleurs « à titre d’observateur » aux réunions de la CBI, « pour satisfaire à ses obligations de coopération conformément à la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (UNCLOS).



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