Québec injecte 248 millions dans les projets de la minière Métaux BlackRock

À deux jours du déclenchement des élections, le gouvernement Couillard a annoncé mardi une « contribution financière » de 248 millions de dollars dans les projets de la minière Métaux BlackRock, une entreprise contrôlée par une société de portefeuille basée au Luxembourg et dont le deuxième actionnaire est une pétrolière détenue par le gouvernement d’Oman. La minière est toujours en attente des autorisations environnementales pour les deux volets de son projet de 1,3 milliard de dollars.
Le soutien de l’État québécois, confirmé dans un communiqué commun de quatre ministres du gouvernement Couillard, prévoit un montant de 185 millions pour la construction d’une mine à ciel ouvert de fer, de vanadium et de titane près de Chibougamau, mais aussi l’implantation d’une usine de transformation à Saguenay.
Ce financement gouvernemental comprend une prise de participation, par l’entremise du fonds Capital Mines Hydrocarbures, de 85 millions dans le capital-actions de l’entreprise Métaux BlackRock, un prêt de 50 millions attribué par Investissement Québec, agissant à titre de mandataire du gouvernement, ainsi qu’un prêt de 50 millions accordé par Ressources Québec.
Par ailleurs, le gouvernement accorde des « aides financières » totalisant 63 millions de dollars à une filiale de l’Administration portuaire de Saguenay, « afin d’assurer la mise en place des infrastructures énergétiques nécessaires à l’implantation de Métaux BlackRock ». Celles-ci pourraient permettre d’attirer de « nouvelles entreprises » dans le secteur, selon Québec.
« Notre gouvernement est fier de favoriser la réussite de ce grand projet d’investissement de Métaux BlackRock, qui mettra en valeur le potentiel minier du Nord-du-Québec et renforcera l’expertise québécoise dans la deuxième transformation du minerai dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean », a fait valoir mardi la vice-première ministre Dominique Anglade, présente à l’annonce.
Fondée en 2008, Métaux BlackRock est présentée comme « une entreprise minière canadienne dont le siège social est situé à Montréal et qui possède un bureau régional à Chibougamau ». Selon les informations inscrites au Registre des entreprises du Québec, son premier actionnaire, « majoritaire », est toutefois la société de portefeuille Winner World Holdings Limited, basée au Luxembourg. Le second actionnaire est la pétrolière Oman Oil Company, une entreprise détenue par le gouvernement du sultanat d’Oman, un régime monarchique du Moyen-Orient.
Le troisième actionnaire, Ressources Québec, détient 3,3 % de Métaux BlackRock, selon le plus récent rapport annuel d’Investissement Québec. Qui plus est, la société d’État a injecté 5 millions de dollars dans le projet de la minière en 2013, en plus des fonds annoncés mardi.
Le projet de la minière nécessite des investissements de 1,3 milliard. Il doit, à terme, créer 200 emplois pour l’exploitation de la mine et 300 emplois pour l’usine de transformation.
Examens environnementaux
Le soutien indéfectible offert par le gouvernement Couillard est donné alors que les promoteurs sont toujours en attente des autorisations environnementales pour la mine et pour l’usine de transformation.
Dans le cas de la mine, une première autorisation avait été accordée en 2013, après un examen du Comité d’examen des répercussions sur l’environnement et le milieu social (COMEX). Mais puisque le projet a depuis été revu, une demande de « modification » du certificat d’autorisation a été déposée en décembre 2017.
Selon ce qu’a précisé mardi la présidente du COMEX, Suzann Méthot, les modifications proposées sont suffisamment importantes pour justifier le dépôt d’une nouvelle étude d’impact et la tenue de consultations publiques lorsque le COMEX jugera qu’il a toutes les informations nécessaires pour se prononcer sur le projet. L’organisme, qui relève du ministère de l’Environnement du Québec, est en attente de réponses aux questions soumises à Métaux BlackRock.
Pour ce qui est de l’usine de transformation à construire à Saguenay, un projet de 655 millions, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) mène présentement un examen du projet. Son rapport doit être remis au gouvernement d’ici le 17 octobre.
Il n’a pas été possible mardi de discuter avec un porte-parole de Métaux BlackRock. Une conseillère en communication a simplement répondu aux questions soumises par courriel. Elle a indiqué que « l’entreprise fait confiance au processus environnemental », mais elle a dirigé Le Devoir vers Québec pour les questions liées au soutien financier.