Des moyens sans précédent pour surveiller les baleines noires

L'opération permettra d’en apprendre beaucoup sur les mammifères marins dans le golfe du Saint-Laurent.
Photo: New England Aquarium L'opération permettra d’en apprendre beaucoup sur les mammifères marins dans le golfe du Saint-Laurent.

Le gouvernement fédéral s’est engagé à protéger les baleines noires qui viennent se nourrir dans les eaux canadiennes. Mais pour y parvenir, il doit déployer des moyens très coûteux et inédits dans l’histoire du pays. Une vaste opération qui doit aussi permettre d’en apprendre beaucoup sur les mammifères marins qui nagent dans le golfe du Saint-Laurent.

« C’est un effort sans précédent au Canada », laisse tomber Jean-François Gosselin, biologiste à Pêches et Océans Canada. Ce dernier a d’ailleurs plusieurs mois très occupés devant lui. C’est en effet à lui que revient la tâche de coordonner les relevés aériens réguliers instaurés pour surveiller les baleines dans le golfe, mais aussi dans la baie de Fundy et au large de la Nouvelle-Écosse.

En tout, cinq avions ont été nolisés uniquement pour surveiller cet immense écosystème marin, d’une superficie de plus de 460 000 km2. Deux avions doivent ainsi patrouiller dans les zones de pêche sur une base quotidienne. Deux autres effectuent des opérations tout le long de la côte est canadienne.

Un cinquième appareil effectue des vols au moins deux fois par semaine, afin de patrouiller sur les voies maritimes du golfe du Saint-Laurent, notamment pour surveiller les secteurs où des baleines noires pourraient se trouver. À cela s’ajoute une équipe américaine, qui fait déjà un suivi régulier depuis plusieurs années.

Des observateurs formés pour identifier les cétacés sont à bord de chacun des appareils, qui volent à moins de 300 mètres d’altitude. Et leur tâche n’est pas simple. « Les avions volent bas pour obtenir des conditions idéales pour les relevés visuels, qui sont notre principale méthode de détection. Mais il ne faut pas de brouillard, ni de nuages bas, ni trop de vent. Ces conditions ne sont pas toujours réunies », explique M. Gosselin. « Et dans le cas des baleines noires, on cherche en moyenne un animal par 1000 km2 », ajoute-t-il.

Baleines à comptabiliser

Pour aider les équipes, des avions sont munis de caméras qui prennent automatiquement des photos. Cela peut permettre de compter, par exemple, un grand groupe de dauphins.

 

« On veut obtenir une meilleure compréhension de la distribution et de l’abondance saisonnière des baleines noires dans les eaux canadiennes. Mais nous notons aussi les autres espèces de mammifères marins, car nous avons un problème avec les baleines noires, mais aussi avec les autres espèces », souligne le biologiste.

Si elles sont prises sur plusieurs années, ces données permettront donc de préciser les mesures de protection nécessaires pour protéger les cétacés, afin de se plier aux exigences du Marine Mammal Protection Act, la législation américaine qui oblige l’industrie de la pêche à prendre des mesures pour éviter les mortalités.

D’autres moyens sont mis en place pour bonifier les connaissances scientifiques. Des hydrophones sont disposés dans certains secteurs réputés comme étant fréquentés par les baleines, de façon à détecter leur présence. Un projet de « planeur sous-marin » automatisé permet en outre d’enregistrer entre autres des informations sur les différentes espèces de cétacés, détectées par leurs chants.

Combien coûte cette opération sans précédent ? Pêches et Océans Canada répond qu’il est trop tôt pour préciser la facture globale. Mais Ottawa a prévu, sur cinq ans, une enveloppe de 167 millions consacrée uniquement à la protection des mammifères marins menacés.



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