Greenpeace publie un guide du mouchoir écologique
On croyait la question du papier recyclé presque réglée. Eh bien non. Les fibres provenant de forêts anciennes et menacées ou celles toujours traitées au chlore sont encore fort nombreuses dans les mouchoirs en papier, les essuie-tout ou encore le papier hygiénique massivement vendus au Québec. Et il vaut mieux le savoir si on éviter ces produits «écologiquement incorrects», propose aujourd'hui Greenpeace.
L'organisme de protection de l'environnement a rendu public hier son tout premier guide d'achat sur les papiers jetables «afin d'aider les consommateurs à faire des choix éclairés», a précisé Steven Guilbeault, directeur de Greenpeace, lors d'une conférence. Le document d'à peine quelques pages a été lancé officiellement hier à Montréal et partout ailleurs au Canada.À l'instar du guide sur les aliments transformés contenant des organismes génétiquement modifiés (OGM), ce guide répertorie dans des listes de couleur les produits à base de papier disponibles sur le marché au Québec.
Dans la catégorie verte, les rouleaux de papier hygiénique qui s'y déclinent sont fabriqués en respectant les critères de protection des forêts anciennes et menacées, contiennent aussi une forte proportion de fibres recyclées — moins dommageables pour les poumons de la planète — et, surtout, n'ont pas été fabriqués avec du chlore.
Votre essuie-tout préféré se trouve plutôt dans la liste jaune? Il est peut-être conçu dans un esprit écologique, mais les fabricants n'ont pas voulu le certifier auprès de Greenpeace, qui est entré en contact avec l'ensemble des fabricants identifiés dans le guide, a précisé M. Guilbeault. Quand à la section rouge, à éviter selon l'organisme, elle recense les produits qui portent atteinte aux forêts, composés de fibres blanchies au chlore.
Ce guide qui vise à protéger les forêts anciennes jette également le blâme sur deux entreprises qui ont pignon sur rue au Québec, Kimberly-Clark et Proctor & Gamble, que Greenpeace accuse «d'être fermées à l'idée d'augmenter la proportion de fibres recyclées dans leurs produits», a expliqué M. Guilbeault, qui invite au passage les consommateurs à écrire à ces entreprises pour les inciter à changer leur fusil d'épaule.
À l'heure où près de 80 % des forêts anciennes du monde ont été partiellement ou totalement détruites, la publication de ce guide, qui devrait ouvrir la voie à une consommation plus responsable, est plus que nécessaire, soutient Greenpeace. «Si chaque foyer canadien décidait de remplacer un rouleau de papier hygiénique fait de fibres vierges par un rouleau fait avec des fibres recyclées, c'est 50 000 arbres qu'on pourrait épargner par an», a expliqué le directeur de l'organisme.
Ce calcul, les adeptes de la paix verte ont d'ailleurs l'intention de le faire résonner au cours des prochains mois dans les bureaux des grandes institutions du Québec, grands consommateurs de papiers jetables, afin de les inciter à prendre le virage écologique. «On a réussi à faire entrer le café équitable au parlement, poursuit-il. Pourquoi ne pas en faire autant avec le papier hygiénique fait de fibres recyclées dans les écoles, les ministères, les hôpitaux... ?»