Plante confiante sur la rapidité d’exécution du projet de «ligne rose»

Philippe Couillard et Martin Coiteux, qui sont venus saluer et féliciter la nouvelle élue lundi matin, ont affirmé être ouverts à travailler avec Mme Plante sur les enjeux de mobilité, sans toutefois donner plus de détails.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Philippe Couillard et Martin Coiteux, qui sont venus saluer et féliciter la nouvelle élue lundi matin, ont affirmé être ouverts à travailler avec Mme Plante sur les enjeux de mobilité, sans toutefois donner plus de détails.

Au lendemain de sa victoire, Valérie Plante a réitéré son assurance de voir la nouvelle ligne rose de métro se concrétiser au cours des prochaines années. Mais tant à Québec qu’à Ottawa, on refusait lundi de se prononcer sur la faisabilité de ce projet, évalué pour le moment à plus de six milliards de dollars.

« Je tiens à bouger rapidement. On sait qu’au fédéral, la fenêtre d’opportunité est telle qu’il faut pouvoir proposer des projets maintenant », a affirmé la nouvelle mairesse de Montréal, devant l’hôtel de ville. « Il ne faut pas attendre dans cinq, dans dix ans. L’argent est là pour les dix prochaines années en infrastructures de transport collectif. »

Mme Plante promet d’ailleurs d’utiliser son premier mandat pour parachever le « montage financier » de cette cinquième ligne de métro et mettre sur pied un « bureau de projet ». Mais, surtout, elle s’est engagée à lancer des « négociations » avec les gouvernements du Québec et du Canada, en entrevue au Téléjournal Grand Montréal.

« Les Montréalais ont dit clairement : “Mme Plante, allez vous battre pour nous, allez faire les négociations pour trouver de l’argent” », a-t-elle soutenu. « Comme on voit que le Réseau électrique métropolitain avance très rapidement, je suis confiante qu’une fois tous les partenaires ensemble, on va pouvoir aller rapidement », a-t-elle également fait valoir.

« Il faut aller vers la mobilité durable. Et les gouvernements sont à l’écoute », a ajouté Mme Plante. Le premier ministre Philippe Couillard a d’ailleurs dit lundi qu’il avait eu l’occasion d’aborder le sujet avec la nouvelle mairesse de Montréal, dans le cadre d’un entretien en matinée. Il a toutefois refusé de dire si le projet d’une ligne de métro de 29 stations est selon lui réaliste. « Nous avons beaucoup de projets en cours actuellement. Je vais en discuter avec Mme Plante », a-t-il simplement répondu, dans le cadre d’un bref point de presse.

Prudence à Ottawa

Même retenue à Ottawa, où le gouvernement Trudeau a surtout rappelé que les investissements dans les transports sont une « priorité ». « Appuyer la prise de décisions au niveau local a toujours été, et continue d’être, notre principe directeur. Nous avons hâte de pouvoir collaborer avec la mairesse Plante et la province pour faire progresser leurs priorités en matière de transport en commun et de développement communautaire », a indiqué le cabinet du ministre de l’Infrastructure et des Collectivités, Amarjeet Sohi, dans une réponse écrite au Devoir.

« Nous sommes fiers de soutenir l’expansion du transport en commun à Montréal et dans la région grâce à notre investissement dans le projet du Réseau électrique métropolitain et à notre engagement envers le projet de la ligne bleue », a-t-on précisé. Le cabinet du ministre Sohi n’a cependant pas voulu se prononcer sur la possibilité de financer le projet de ligne rose. La ministre du Patrimoine, Mélanie Joly, s’est néanmoins montrée prête à « étudier tous les projets » de transport collectif qui seront soumis, y compris celui d’ajouter une ligne rose au réseau du métro.

La Banque de l’infrastructure du Canada pourrait-elle participer au projet ? Il s’agit d’une entité « indépendante », a rappelé le bureau du ministre Sohi, mais « tout partenaire potentiel » pourra « choisir d’y soumettre ses projets pour analyse ».

Bonne idée

 

Professeur titulaire au Département d’économique de l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke, Alain Webster juge pour sa part que ce projet est « une très bonne idée ». « C’est un projet qui permettrait de faciliter l’accès à l’île de Montréal, mais aussi le développement de la région montréalaise. »

Selon lui, il est également impératif de réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports pour agir de façon « crédible » en matière de lutte contre les changements climatiques. M. Webster estime néanmoins que la question du financement sera un « défi », puisque les montants en jeu sont très importants.

Pour mener à bien un tel développement du métro, Mme Plante devra également convaincre plusieurs acteurs de la région de Montréal de « porter le projet » avec elle, selon Florence Paulhiac, professeure au Département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM. Il s’agit d’une condition essentielle pour convaincre le gouvernement du Québec, mais aussi le fédéral, de participer au financement.

Le dernier grand projet lié au métro de Montréal, soit le prolongement vers Laval, a connu des dépassements de coûts majeurs. La facture pour l’ajout de trois stations est ainsi passée de 179 millions de dollars à 745 millions de dollars.

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