McKenna refuse de dire si Énergie Est est «cohérent» avec le plan climatique canadien

La ministre Catherine McKenna était à Montréal, vendredi, pour prendre part à une rencontre sur le climat, à laquelle une vingtaine de représentants de différents États étaient aussi présents.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir La ministre Catherine McKenna était à Montréal, vendredi, pour prendre part à une rencontre sur le climat, à laquelle une vingtaine de représentants de différents États étaient aussi présents.

La ministre canadienne de l’Environnement, Catherine McKenna, refuse de dire si le projet de pipeline Énergie Est est « cohérent » avec le plan climatique du gouvernement Trudeau, mais elle estime que le fédéral est résolument engagé dans la « transition » vers les énergies renouvelables, tout comme le marché.

« Il revient au promoteur de défendre son projet et de dire s’il devrait aller de l’avant, mais le projet doit aussi être cohérent avec notre plan climatique. Nous avons été clairs dans le cadre de l’évaluation environnementale », a fait valoir la ministre McKenna au cours d’une entrevue accordée au Devoir vendredi matin.

Est-ce que le projet de pipeline Énergie Est, de TransCanada, peut être cohérent avec ce plan climatique, donc avec les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre du gouvernement fédéral ? « Tous les projets doivent passer par une évaluation environnementale complète », a laissé tomber la ministre responsable du dossier des changements climatiques à Ottawa.

« Dans ce cas, l’Office national de l’énergie a décidé d’évaluer les émissions de gaz à effet de serre en amont », a-t-elle rappelé, en référence au projet de la pétrolière albertaine, destiné à l’exportation de pétrole des sables bitumineux.

C’est d’ailleurs à la suite de cette décision de l’Office que TransCanada a demandé la semaine dernière une suspension de 30 jours de l’évaluation fédérale de son pipeline, le temps d’évaluer les impacts pour ce projet très controversé. Jeudi, la pétrolière a aussi contacté le gouvernement du Québec pour demander une pause dans le processus environnemental provincial.

Une transition

 

Au-delà du projet Énergie Est, sur lequel la ministre de l’Environnement a jusqu’ici refusé de se prononcer, Mme McKenna a souligné que le virage vers les énergies qui n’émettent pas de gaz à effet de serre est déjà bien engagé au Canada.

« Nous sommes dans une transition, qui ne surviendra pas du jour au lendemain, mais nous voyons que les choses avancent rapidement. Les sources d’énergie renouvelable, comme le solaire et l’éolien, sont de plus en plus compétitives. Donc, je crois qu’il y a d’autres options, et je crois que le marché est véritablement en train de changer », a-t-elle fait valoir.

Nous sommes dans une transition, qui ne surviendra du jour au lendemain, mais nous voyons que les choses avancent rapidement. Les sources d’énergies renouvelables, comme le solaire et l’éolien, sont de plus en plus compétitives. 

« Le rôle du gouvernement est de contribuer à cette transition, notamment en mettant un prix sur le carbone, mais aussi en favorisant l’innovation », a ajouté Mme McKenna.

Le premier ministre Justin Trudeau a lui aussi réaffirmé, vendredi, la nécessité d’agir pour lutter contre les changements climatiques. Son gouvernement en fait une « priorité », a-t-il dit en ouverture d’une rencontre sur le climat avec une vingtaine de représentants de différents États, à Montréal.

Projets approuvés

 

Il n’en demeure pas moins que les libéraux fédéraux ont aussi approuvé, en novembre 2016, deux importants projets de pipeline destinés à favoriser l’expansion de la production des sables bitumineux albertains.

Il s’agit du pipeline Trans Mountain, vers la côte ouest, mais aussi du remplacement de la Ligne 3 d’Enbridge en direction des États-Unis. Si on ajoute à cela la capacité du futur pipeline Keystone XL, appuyé par le gouvernement Trudeau, ces trois infrastructures pourraient transporter chaque jour 2,48 millions de barils de brut, soit plus de 905 millions de barils par année.

Selon ce qu’a fait valoir vendredi la ministre, dans le cadre d’une discussion sur les enjeux climatiques organisée à l’Université McGill, les pipelines ne sont que le « véhicule » pour mener les ressources jusqu’aux marchés, s’il existe une viabilité économique pour ces projets.




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