Petite révolution verte au centre-ville

Ce texte fait partie du cahier spécial Habitation
En 2008, dix étudiants de l’UQAM décident de s’approprier l’espace urbain, notamment au sein de leur propre université. Dans un geste de « guerilla gardening », ils plantent des pommes de terre à côté d’un bâtiment du campus.
Ces étudiants militaient ainsi pour la biodiversité en ville en s’appropriant les terrains gazonnés entourant des bâtiments. « Plus il y a de gazon, moins il y a de biodiversité, résume Clara Painchaud. Et c’est pourquoi nous essayons de sensibiliser tout le monde au fait que le gazon a un coût environnemental énorme. »
Ce mouvement de verdissement urbain a commencé de manière illicite — les étudiants s’appropriant les terrains gazonnés de l’université sans même en avoir parlé à la direction —, pour finalement devenir une association reconnue par l’UQAM.
C’est ainsi qu’est né le CRAPAUD — le Collectif de recherche sur l’aménagement paysager et l’agriculture urbaine durable — que coordonnent aujourd’hui Laura Courbe et Clara Painchaud.
« Nous bénéficions d’un financement qui provient de tous les étudiants et étudiantes, explique cette dernière. Tous ont dans leurs frais un 2 $ pour nous aider à faire du verdissement sur le campus, sur les terrasses, de même qu’à faire des toits verts. »
Un CRAPAUD qui gagne du terrain !
Le CRAPAUD s’est donné comme mission de développer et de promouvoir une agriculture urbaine plurielle, accessible, créative et viable par l’expérimentation, la pratique, l’autogestion, la recherche, la diffusion et l’action politique.
« On essaie surtout de donner à tout le monde accès aux connaissances, indique Clara Painchaud. Que l’agriculture urbaine soit accessible à tous ceux et celles qui n’étudient pas nécessairement dans le domaine, mais qui veulent se mettre les mains dans la terre. »
C’est ainsi que le CRAPAUD met en place de nombreux projets : école d’été et camp de jour, aménagement de terrasses sur les toits, etc. Et sans cesse, les étudiants développent de nouveaux projets, comme la prairie mellifère, le design d’un compost ou une variété d’ateliers d’agriculture urbaine.
« On fait toutes sortes de projets — toutes sortes de petits jardins — qui fonctionnent plus ou moins bien puisque c’est avant tout pour nous de l’expérimentation, explique la coordonnatrice du CRAPAUD. Il ne s’agit pas de jardins de production. »
« Si nous rejoignons assez bien les étudiants et étudiantes de l’UQAM — une clientèle à notre portée —, nous espérons également atteindre les résidants du quartier », poursuit-elle.
C’est ainsi que le CRAPAUD offre quantité de conférences et d’ateliers sur l’agriculture urbaine, en particulier sur l’aménagement de son tout petit coin, qu’il s’agisse d’un balcon, d’une terrasse ou d’une parcelle de terre.
« Tout le monde est le bienvenu à nos séances de jardinage, dit-elle, à assister à nos ateliers. D’ailleurs, sur notre page Facebook, nous annonçons une foule d’ateliers gratuits. » Ces ateliers sont très populaires, ajoute Mme Painchaud, puisque les places disponibles sont vite comblées. « Nos ateliers sont gratuits, mais les contributions volontaires des gens nous aident à en donner davantage », ajoute Clara Painchaud.
Une agriculture en plein essor
L’agriculture urbaine existe depuis aussi longtemps que la ville, rappelle Mme Painchaud. On n’a qu’à penser aux vagues d’immigrants qui ont apporté leur savoir-faire. Ainsi, nombre de citadins entretiennent des potagers dans leur cour ou dans des jardins communautaires.
Toutefois, ces dernières années, l’agriculture tend à se répandre du fait qu’on prend de plus en plus conscience qu’il est possible d’obtenir des cultures intéressantes même sur son balcon et un peu partout dans la ville. Ainsi, les résidants de certaines rues ont aménagé les parcelles de terre qui bordent les trottoirs. « Je connais des rues à Montréal où les gens font des aménagements vraiment merveilleux », relate Clara Painchaud.
En outre, on n’a pas à craindre que les fruits et légumes qui poussent en ville soient impropres à la consommation à cause de la pollution. « Non, les plantes n’absorbent pas les polluants », rapporte Mme Painchaud. La poussière et la pollution ne font que s’y déposer. On peut donc manger sans danger les fruits et légumes, tout simplement après les avoir bien lavés. « Et puis, les plantes nettoient merveilleusement bien l’air de la ville », ajoute Clara Painchaud.
Elle souligne en outre qu’il y a beaucoup de faussetés véhiculées concernant l’agriculture urbaine. Par exemple, on peut très bien faire pousser des tomates sur son balcon.
Cependant, il est préférable de cultiver non pas les grosses tomates qu’on retrouve au marché, mais plutôt des tomates cerises. « Les plants de grosses tomates ne sont peut-être pas les plus intéressants à faire pousser sur son balcon, indique Clara Painchaud. Il y a des plantes comme le kale, les bettes à carde ou des fraisiers suspendus… Et les tomates cerises, ça pousse tellement bien ! » lance-t-elle en riant.
Il y a toutes sortes de plantes qui peuvent être productives et intéressantes à cultiver. De là l’intérêt de s’informer sur les cultures les plus propices selon l’ensoleillement ou l’accès à l’eau dont on dispose.
« Il y a beaucoup de vrai et de faux en agriculture urbaine, et c’est pourquoi il est intéressant de venir à nos ateliers », suggère Mme Painchaud.
« Et souvenons-nous que plus il y a de gazon, moins il y a de biodiversité, poursuit-elle. Si on entretient sa pelouse, on empêche la nature de faire son travail, tandis que si on ne s’occupe de rien, on permet alors de créer une biodiversité. »
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