Plaidoyer pour la fin des subventions aux énergies fossiles

À la veille de la présentation du budget fédéral, un nouveau rapport de l’Agence internationale de l’énergie plaide pour l’abolition rapide des subventions aux énergies fossiles, qui représenteraient des milliards de dollars au Canada, en plus de prédire la fin de l’exploitation des sables bitumineux à l’horizon 2050.
Le document rendu public lundi met en lumière la nécessaire « transformation en profondeur » de tout le secteur énergétique mondial, afin de limiter le réchauffement climatique à deux degrés Celsius. Cette cible est l’objectif minimal des États qui ont signé l’Accord de Paris sur le climat.
Pour y parvenir, le rapport « Perspectives pour la transition énergétique » souligne que la consommation de pétrole devra être au moins divisée par deux d’ici 2050, par rapport au niveau actuel. Un tel recul signifierait « l’arrêt » pur et simple de l’utilisation du pétrole de l’Arctique, mais aussi des sables bitumineux du Canada.
À l’heure actuelle, un tel scénario ne fait toutefois pas partie des prévisions des entreprises du secteur. À titre d’exemple, le projet de pipeline Énergie Est, qui serait en exploitation vers 2022, est conçu pour une durée de vie d’au moins 40 ans.
Fin des subventions
L’Agence internationale de l’énergie estime aussi que les États doivent rapidement mettre fin aux subventions aux énergies fossiles. Au Canada, ces subventions auraient atteint 3,3 milliards de dollars en 2015, selon une évaluation menée par des groupes environnementaux, dont Équiterre.
Les libéraux de Justin Trudeau s’étaient engagés à éliminer les subventions directes à l’industrie. Mais en raison des difficultés que connaît le secteur pétrolier et gazier au Canada, le gouvernement fédéral promet maintenant de respecter sa promesse « à moyen terme », soit possiblement d’ici 2025.
Le rapport de l’Agence propose en outre « une hausse du prix du CO2 à des niveaux jamais vus, des réformes importantes du marché de l’énergie, mais aussi des normes étroites d’efficacité énergétique et d’émissions faibles de carbone ». À titre d’exemple, on évalue que 7 véhicules sur 10 devraient être électriques à l’horizon 2050, contre 1 sur 100 à l’heure actuelle.
Malgré l’ampleur du virage nécessaire, les experts de l’organisme affirment que celui-ci peut-être fait de façon « abordable », mais aussi qu’il pourrait « alimenter la croissance » de l’économie, en créant des emplois et en « améliorant la santé humaine et le bien-être ».
Le défi n’en est pas moins énorme. L’Agence internationale de l’énergie estime que la communauté aura seulement 66 % de chances d’éviter de dépasser les deux degrés au cours du présent siècle, et ce, même si les États consentent des efforts majeurs et sans précédent pour la transition.