Coderre maintient son opposition à Énergie Est

« Je dois vous avouer qu’avec cette décision [sur le pipeline Trans Mountain], je me pose encore plus de questions sur la pertinence d’Énergie Est », a insisté le maire de Montréal.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir « Je dois vous avouer qu’avec cette décision [sur le pipeline Trans Mountain], je me pose encore plus de questions sur la pertinence d’Énergie Est », a insisté le maire de Montréal.

Le maire de Montréal Denis Coderre se dit « solidaire » de son collègue de Vancouver, qui s’oppose à la construction du pipeline Trans Mountain, malgré le feu vert donné mardi par le gouvernement Trudeau. Il entend aussi continuer de s’opposer au projet Énergie Est de TransCanada.

« Je suis tout à fait solidaire de mon collègue de Vancouver, Gregor Robertson, sur la question des pipelines. Je suis solidaire de Gregor, mais aussi des environnementalistes et des communautés autochtones », a souligné mercredi le maire Coderre, au lendemain des autorisations accordées par Ottawa pour deux pipelines d’exportation.

La Ville de Vancouver s’oppose catégoriquement à la construction du pipeline Trans Mountain, de Kinder Morgan. Pour son maire, Gregor Robertson, les risques pour l’environnement et l’économie de la région sont trop importants. Ce projet, a-t-il par ailleurs rappelé mardi, a été évalué selon des critères « déficients » mis en place sous le gouvernement de Stephen Harper.

Le cas Énergie Est

 

« Je dois vous avouer qu’avec cette décision [sur le pipeline Trans Mountain], je me pose encore plus de questions sur la pertinence d’Énergie Est, a aussi insisté Denis Coderre. C’est sûr que nous allons garder le cap. La Communauté métropolitaine de Montréal est contre ce projet, d’autant plus que nous n’avons pas eu de réponses à nos questions depuis le début de toute façon. »

M. Coderre a évoqué l’« arrogance » de TransCanada. « Quand ce sera le temps, nous dirons notre façon de penser », a d’ailleurs ajouté celui qui préside la Communauté métropolitaine de Montréal, qui regroupe 82 municipalités du Québec. « Je ne vois pas pourquoi nous, qui avons choisi de faire une transition énergétique, sur l’électrification des transports et la protection de nos milieux naturels. Donc, je pense que ce n’est pas pertinent d’avoir le pipeline Énergie Est. »

Comité de l’ONE

Même si l’Office national de l’énergie (ONE) a nommé récemment un nouveau président pour l’évaluation du projet Énergie Est, après la récusation complète de l’ancien comité, le maire ne déroge pas de sa position : « En autant que je suis concerné, je ne vois vraiment pas la pertinence d’Énergie Est de toute façon. »

Fait à noter, le nouveau président par intérim désigné par l’ONE est David Hamilton. C’est lui qui présidait le comité de l’Office qui a recommandé au gouvernement fédéral d’approuver la construction du pipeline Trans Mountain, de Kinder Morgan.

C’est maintenant M. Hamilton qui « désignera les membres qui feront partie du comité », a confirmé l’Office dans une réponse transmise par courriel. Cela signifie qu’il devra nommer les nouveaux membres qui mèneront l’évaluation fédérale du projet de pipeline Énergie Est.

Questions sans réponse

 

Par ailleurs, le gouvernement du Québec poursuit toujours son « analyse » de l’étude d’impact déposée par TransCanada en vue du processus du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement.

Selon ce qu’a indiqué mercredi le ministre de l’Environnement David Heurtel, « le travail d’analyse se poursuit. Lorsque l’étude d’impact sera jugée recevable, on passera à la prochaine étape de l’évaluation environnementale, qui est l’audience publique ».

Cette étude d’impact, réalisée d’abord sur une période d’à peine quelques semaines, a amené le ministère de l’Environnement du Québec à poser environ 200 questions supplémentaires à TransCanada, a rappelé M. Heurtel. « On attend encore des réponses », a-t-il ajouté, évoquant notamment « des questions très importantes », sans toutefois donner plus de précisions.

Les nouveaux pipelines approuvés mardi ne signifient pas la fin du projet Énergie Est, selon Jean-Thomas Bernard, professeur au Département de science économique de l’Université d’Ottawa. Il estime ainsi qu’en raison de l’expansion prévue de l’industrie pétrolière, la construction du pipeline de TransCanada, avec sa capacité quotidienne de 1,1 million de barils par jour, serait la bienvenue. À moins que le président américain désigné Donald Trump approuve et parvienne à faire construire le très controversé pipeline Keystone XL.

Avec Jeanne Corriveau et Robert Dutrisac



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