À la rescousse des résidants ailés de l’île des Sœurs

Les chauves-souris et les hirondelles noires sont en déclin au Québec. Dans le but de leur donner un coup de pouce, Nature-Action Québec installait cette semaine des abris à leur intention sur l’île des Soeurs.
Trois espèces de chauves-souris fréquentent l’île des Soeurs, qui représente un lieu de prédilection pour ces insectivores en raison de la proximité de points d’eau. Il s’agit de la grande chauve-souris brune, la chauve-souris cendrée et la chauve-souris argentée. L’organisme sans but lucratif Nature-Action Québec, qui est mandaté par l’arrondissement de Verdun pour réaliser des interventions d’aménagement et de gestion écologique dans les boisés de la bande riveraine de la Pointe-Sud et du Domaine Saint-Paul (qui comprend en son centre le lac des Battures) de l’île des Soeurs, a fixé une dizaine d’abris aux arbres de ces boisés, cette semaine.
Syndrome du museau blanc
Ces abris ont pour but de proposer des dortoirs d’hibernation aux chauves-souris qui sont décimées par le syndrome du museau blanc, une maladie fongique causée par un champignon microscopique qui prospère dans les milieux froids et humides comme les cavernes et les mines abandonnées, où les chauves-souris trouvent habituellement refuge pour leur hibernation. Les spores blanches du champignon attaquent principalement les parties dépourvues de poil de l’animal, comme le museau, les pattes et les ailes, où elles provoquent des démangeaisons qui réveillent les chauves-souris durant leur hibernation. Or, ces réveils entraînent une importante dépense d’énergie pour l’animal qui doit chaque fois réactiver son métabolisme et hausser sa température corporelle. L’animal peut ainsi épuiser ses réserves de graisse avant l’arrivée du printemps et périr.
Depuis 2006, le syndrome du museau blanc s’est rapidement propagé à travers le nord-est des États-Unis et du Canada. Il est actuellement présent dans 25 États américains et dans cinq provinces canadiennes, soit le Québec, l’Ontario, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard.
Dortoirs
Les dortoirs ont été installés de façon à être orientés « en direction du sud-ouest afin que les rayons du soleil les atteignent le plus longtemps possible ». Les arbres choisis pour les accrocher devaient être « protégés des courants d’air, mais se trouver à proximité d’un couloir plus ouvert menant à un point d’eau ». Faits de bois, ces abris ont été peints « en noir pour accumuler la chaleur et pour être le moins visibles possible. Les chauves-souris pénétreront dans les dortoirs par la fine ouverture située au-dessous de la boîte et, une fois à l’intérieur, elles s’accrocheront [le plus souvent la tête en bas] à de petites entailles gravées dans le bois », a expliqué Léa Bouttier, biologiste chez Nature-Action Québec, lors de notre visite à la Pointe-Sud de l’île des Soeurs.
Les biologistes se promettent de revenir au courant de l’année prochaine pour vérifier s’il y a du guano au pied de chaque dortoir, ce qui signifierait qu’ils ont été occupés par des chauves-souris. Ils effectueront aussi des inventaires acoustiques afin de confirmer quelles espèces sont toujours présentes sur l’île des Soeurs.
Hirondelles
Nature-Action Québec a également procédé à l’installation de deux nouveaux nichoirs pour les hirondelles noires, qui peinent de plus en plus à trouver des habitats favorables à leur nidification. Plus de 40 % de la population de cette espèce migratrice qui niche au Québec durant l’été a péri au cours de la dernière décennie en raison de multiples facteurs, tels que « des températures trop froides à leur retour au Québec au printemps — elles ne survivent pas à des températures inférieures à 13 °C —, des attaques d’oiseaux de proie, la destruction des aires de repos où elles s’arrêtent au cours de leur migration et le mauvais entretien des nichoirs », a précisé le biologiste Simon Bédard du Regroupement Québec Oiseaux.
Les deux nichoirs installés se composent de gourdes de plastique, un matériau plus durable que le bois, suspendues au sommet d’une perche télescopique, ce qui permet de les descendre pour les nettoyer à l’automne, une fois que les hirondelles sont parties vers leur site d’hivernage dans l’est de la cordillère des Andes. Ces nichoirs seront démontés pour l’hiver et réinstallés au début d’avril afin d’être prêts pour accueillir les hirondelles noires qui arrivent généralement vers la mi-avril.
L’installation de ces deux types d’abris a pu se faire grâce à la contribution financière du centre commercial Le Campanîle de l’île des Soeurs.
« La protection des chauves-souris et des hirondelles noires contribue au contrôle des insectes sur l’île des Soeurs », ajoute Simon Bellefleur, technicien en gestion des milieux naturels chez Nature-Action Québec. Il s’agit donc d’une démarche qui sera bénéfique pour les résidants.