La Fédération québécoise du saumon atlantique veut empêcher le prélèvement d’eau

La Fédération québécoise pour le saumon atlantique (FQSA) est « outrée » de la décision du gouvernement Couillard d’autoriser le prélèvement de millions de litres d’eau dans des rivières de l’île d’Anticosti. Elle demande carrément au premier ministre de l’annuler.
« La FQSA se dit convaincue que de tels prélèvements sur des rivières ayant déjà des débits déficients représenteront une menace sérieuse à la survie déjà précaire du saumon atlantique dans les rivières d’Anticosti », affirme l’organisme de promotion de la pêche au saumon et de protection de son habitat dans un communiqué publié jeudi matin.
Comme le révélait Le Devoir lundi, le gouvernement a autorisé le prélèvement de 30 millions de litres d’eau dans des rivières de l’île, dont deux rivières à saumon, pour les forages avec fracturation à venir. L’une d’elles, la Jupiter, abrite 30 % de tous les saumons d’Anticosti, une espèce classée « en voie de disparition » selon les autorités fédérales.
« Irresponsable »
La Fédération insiste sur le fait que le saumon est une espèce très sensible à la variation des niveaux d’eau dans les rivières. Or, celles d’Anticosti ont déjà des débits relativement faibles pour assurer le maintien des populations de saumons. « Il est donc irresponsable de prélever la moindre goutte d’eau dans ces milieux car il s’agit du facteur le plus critique pour la survie de cette espèce emblématique pour le Québec », insiste le président de la FQSA, Jean Boudreault.
L’organisme cite d’ailleurs le premier ministre Philippe Couillard, qui disait en décembre dernier que « s’il y a le moindre risque, le moindre risque, pour ce milieu naturel extraordinaire qu’est Anticosti, le projet n’aura pas lieu ». La FQSA demande du même souffle au chef libéral d’« annuler » l’autorisation délivrée le 15 juin.
M. Couillard a répété mardi qu’il était forcé de respecter le contrat signé par le précédent gouvernement. Ce contrat, sans clause de retrait pour l’État québécois, prévoit la réalisation de trois forages avec fracturation. D’autres forages exploratoires pourraient suivre avant de statuer sur une éventuelle exploitation commerciale d’énergies fossiles sur la plus grande île du Québec.
Impact jugé acceptable
Selon le ministre de l’Environnement, David Heurtel, les impacts des prélèvements ont été analysés par le gouvernement avant d’être autorisés. « C’est sûr qu’il y a un impact, mais cet impact a été jugé acceptable au niveau de l’analyse scientifique qui en a été faite », a affirmé mercredi le ministre.
L’entreprise Pétrolia, opérateur des travaux au nom de la société en commandite Hydrocarbures Anticosti, a également soutenu que les prélèvements ne devraient pas affecter les saumons des rivières de l’île, qui seraient moins de 3000 « adultes » à l’heure actuelle, en plus de montrer des signes de déclin.
En période d’exploitation, a également fait valoir Pétrolia dans une lettre transmise aux médias mercredi, l’eau nécessaire pour les milliers de puits à fracturer serait puisée directement dans le Saint-Laurent. C’est aussi là que seront rejetées les eaux usées des opérations de fracturation, après avoir été traitées directement sur Anticosti.
Consultez notre dossier Anticosti, seule face au pétrole tout-puissant