La Ville de Saint-Hyacinthe responsable de la mort de milliers de poissons

Un « problème de communication » au sein de l’administration de la Ville de Saint-Hyacinthe serait à l’origine d’un déversement d’eaux usées qui a causé la mort de milliers de poissons dans la rivière Yamaska la semaine dernière, a admis la ville montérégienne lundi.
« J’ai appris ça ce [lundi] matin à 11 h 15. Je peux vous dire que j’étais sans connaissance », a confié le maire de Saint-Hyacinthe, Claude Corbeil, dans un entretien avec Le Devoir.
Ce qui l’a autant contrarié, c’est le fait que les opérateurs d’une surverse d’eaux usées planifiée depuis plusieurs semaines aient attendu quatre jours avant d’admettre que leurs activités puissent expliquer la découverte de milliers de poissons — d’espèces et de longueurs diverses — morts dans la rivière Yamaska.
Depuis que des citoyens les ont alertés, jeudi dernier, des employés du ministère de l’Environnement du Québec et de la Ville de Saint-Hyacinthe étaient à pied d’œuvre pour tenter d’expliquer la mort de tous ces poissons, dont certains étaient décolorés et dans un état de putréfaction.
« On commence à regarder vers les causes plus naturelles », avait déclaré vendredi Christian Blanchette, coordonnateur régional d’Urgence-Environnement pour l’Estrie et la Montérégie. L’expert en environnement avait écarté la thèse d’une contamination chimique après avoir remis en question les entreprises du parc industriel de Saint-Hyacinthe.
« M. Blanchette avait fait des vérifications avec la Ville et on n’avait pas eu l’information », a déploré lundi Daniel Messier, porte-parole du ministère de l’Environnement pour l’Estrie et la Montérégie. En clair, les employés sur le terrain ont consacré trois journées de travail à trouver une cause qui était finalement connue.
Mauvaise communication
« Notre problème majeur, c’est un problème de communication », a reconnu le maire Corbeil. « Nos équipes de pompiers, de cols bleus, d’employés municipaux étaient sur le terrain. On cherchait à savoir d’où ça venait… »Selon lui, les personnes qui s’occupaient du déversement n’ont pas cru bon d’aviser la Ville, car l’opération était prévue depuis six à huit semaines. Les conséquences du déversement de ces 8500 mètres cubes d’eau ont été catastrophiques : « en raison du très bas niveau de l’eau et du débit extrêmement faible, ce déversement d’une forte concentration de micro-organismes pourrait assurément être en cause dans la mort des poissons », a écrit la Ville de Saint-Hyacinthe dans un communiqué.
« Cette situation était hautement prévisible, a rétorqué la Fondation Rivières. La Ville avait la responsabilité d’aviser le ministère de l’Environnement et celui-ci devait assurer le suivi de l’opération. »
En réponse, le maire Corbeil a demandé qu’une enquête interne soit lancée. Il a aussi offert sa pleine collaboration aux instances gouvernementales concernées par l’événement. « Malheureusement, je ne peux pas refaire le monde. Mais je veux savoir ce qui s’est passé et être sûr que ça ne recommence pas », a-t-il assuré.
Le ministère de l’Environnement doit encore analyser la séquence des événements avant de décider s’il sanctionnera, et de quelle façon, la Ville de Saint-Hyacinthe. « On a plusieurs recours, notamment les SAP », a déclaré Daniel Messier, en référence aux sanctions administratives pécuniaires. « Mais on n’est pas encore là. »
S’il n’en tenait qu’à la Fondation Rivières, une « sanction exemplaire » devrait être imposée. Les sanctions administratives pécuniaires visant les personnes morales vont de 1000 $ à 10 000 $, selon les prévisions de la Loi québécoise sur la qualité de l’environnement.