L’accord de Paris aux Communes
La ministre de l’Environnement du Canada, Catherine McKenna, a déposé ce vendredi aux Communes l’accord de Paris sur le climat, tout en promettant que celui-ci sera ratifié « le plus tôt possible ». Jusqu’à présent, peu de pays l’ont fait, ce qui signifie qu’il n’est toujours pas effectif.
« On a travaillé très fort comme gouvernement pour avoir un accord ambitieux », a fait valoir la ministre de l’Environnement et du Changement climatique au moment de déposer cet accord adopté par 195 pays en décembre dernier.
L’accord est officiellement déposé au Parlement canadien pour 21 jours, en vue de la ratification qui doit suivre. La ministre McKenna a d’ailleurs promis que ce serait chose faite « le plus tôt possible ». « On a dit qu’il sera sûrement ratifié avant la fin de l’année », a-t-elle précisé.
« C’est quelque chose de très grand pour le Canada, a poursuivi la ministre. On était à New York le 22 avril pour signer l’accord de Paris. Ça fait partie de notre engagement fort sur les changements climatiques. On travaille maintenant au Canada avec les provinces et les territoires pour avoir notre plan pancanadien. »
Mme McKenna a ainsi fait valoir que les discussions progressaient et que plusieurs rencontres sont prévues au cours des prochains mois en vue de l’élaboration de la stratégie canadienne de lutte contre les bouleversements climatiques. Les tractations pourraient toutefois s’avérer ardues, puisque certaines provinces, dont la Saskatchewan et le Manitoba, hésitent à appuyer l’idée d’imposer un prix sur le carbone.
Globalement, les émissions de gaz à effet de serre sont en croissance constante au Canada, portées en bonne partie par le secteur des énergies fossiles. Le précédent gouvernement s’était pourtant engagé à réduire de 17 % les émissions d’ici 2020, et ce, par rapport à 2005. Cela équivaudrait à émettre 611 mégatonnes (Mt).
Or, selon les données d’Environnement Canada, les émissions atteindront plutôt 726 Mt en 2020. Si le Canada avait respecté les objectifs de Kyoto, les émissions du pays ne dépasseraient pas les 490 Mt à la fin de la présente décennie.
Un accord à appliquer
Le Canada n’est pas le seul pays à débattre de la mise en oeuvre de l’accord de Paris sur le climat. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et un parterre de personnalités se sont d’ailleurs réunis jeudi à Washington pour discuter des moyens de concrétiser l’accord de Paris sur le climat, qu’il faut « appliquer dès que possible », selon M. Ban.
Le secrétaire général de l’ONU a rappelé que 55 des pays signataires comptant pour 55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre devaient ratifier l’accord pour qu’il devienne effectif. Sur les 195 nations, plus l’Union européenne, qui ont adopté cet accord le 12 décembre dernier à Paris, 175 l’ont déjà paraphé, mais peu l’ont ratifié.
Par ailleurs, à tout moment après un délai de trois ans à partir de l’entrée en vigueur de l’accord, tout pays pourra s’en retirer, sur simple notification. C’est ce que le Canada a fait pour le protocole de Kyoto.
Accord insuffisant
Selon les termes de l’accord conclu en décembre dernier à Paris, la communauté internationale s’est engagée à agir afin de maintenir l’augmentation prévisible de la température « bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels », tout en promettant de « poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C ». Une demande chère aux pays les plus vulnérables aux impacts des changements climatiques.
Mais quelle que soit la cible qui serait respectée, les efforts pour y parvenir seront colossaux. Il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 à 70 % d’ici 2050 (et les faire disparaître en 2100) pour espérer rester sous 2 °C, et les baisser de 70 à 95 % pour rester sous 1,5 °C, selon le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC). Une telle cible suppose de mettre pour ainsi dire fin à l’exploitation des énergies fossiles, un secteur économique majeur de l’économie canadienne.
Or, les objectifs annoncés en prévision de la COP21 par 186 pays placent actuellement la planète sur une trajectoire de hausse de près de 3 °C, tandis que les émissions mondiales doivent continuer de croître au cours des prochaines années. Pour corriger le tir, les pays se sont engagés à revoir les engagements tous les cinq ans. Le problème, c’est que la première révision devrait intervenir dans seulement dix ans, soit en 2025.
L’accord reconnaît également la responsabilité différenciée des pays, comme cela est inscrit à la Convention de l’ONU depuis 1992. Cela signifie que les pays riches, historiquement responsables des bouleversements climatiques, doivent faire davantage d’efforts pour lutter contre la crise climatique mondiale.