Le Québec, cancre en matière de protection du territoire

La plus importante aire marine pourrait permettre de protéger pas moins de 16 500 km2 du golfe du Saint-Laurent, autour des îles de la Madeleine.
Photo: Alexandre Shields Le Devoir La plus importante aire marine pourrait permettre de protéger pas moins de 16 500 km2 du golfe du Saint-Laurent, autour des îles de la Madeleine.

Le Québec a raté sa cible de protection du territoire terrestre, qui devait atteindre 12 % avant la fin de 2015. Une situation qu’entend dénoncer la Société pour la nature et les parcs ce mercredi dans le cadre d’une sortie publique dont les principaux éléments ont été transmis au Devoir. La province est également loin du compte en ce qui a trait à la protection des milieux marins.

À l’heure actuelle, le Québec ne compte que 9,16 % d’aires protégées en milieu terrestre, selon les calculs de la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec). Or, le gouvernement avait pris l’engagement d’atteindre un taux de 12 % avant la fin de l’année 2015.

Pour atteindre cette cible, il faudrait protéger une superficie supplémentaire d’environ 37 000 km2. Un objectif qui semble d’ailleurs envisageable, selon la SNAP, puisque près de 34 000 km2 de milieux naturels sont en attente de protection à travers le Québec.

Il faut dire qu’à la suite de l’adoption des Orientations stratégiques du Québec en matière d’aires protégées en 2011, et à la demande du ministère de l’Environnement, les Conférences régionales des élus (CRE) ont mené un travail d’identification de nouvelles aires protégées dans différentes régions.

« Énormément d’énergie, de temps et de ressources ont été investis par les élus régionaux, les groupes locaux et les citoyens à travers tout le Québec, afin de décider de façon éclairée et concertée de l’utilisation et de la protection de leur territoire », fait valoir Alain Branchaud, directeur général de la SNAP Québec.

Le milieu marin peine

 

À titre d’exemple, dans la foulée d’un exercice de consultations publiques mené en 2013 par la Conférence régionale des élus du Bas–Saint-Laurent, sept territoires au total ont été formellement déterminés comme aires protégées candidates. Ils ont été proposés comme tels au ministère de l’Environnement du Québec dès juin 2013. Mais à ce jour, aucun des territoires proposés n’a été protégé. Six des sept territoires déterminés se trouvent dans des zones où des entreprises ont acquis des permis d’exploration pétrolière et gazière.

« Alors que des progrès significatifs sont dès aujourd’hui à portée de main, nous estimons qu’il faudrait, au rythme actuel, huit ans de plus avant de franchir la barre des 12 % d’aires protégées, estime M. Branchaud. L’absence de mesures de protection effectives met ainsi en péril l’atteinte de la cible internationale de Nagoya visant 17 % d’aires protégées en 2020, un objectif intermédiaire en voie d’être atteint à l’échelle de la planète. »

Le Québec a aussi beaucoup à faire pour atteindre son objectif de protection de 10 % de son milieu marin d’ici 2020. À ce jour, à peine 1,3 % de ce territoire est protégé. Or, selon les calculs du biologiste Sylvain Archambault, les projets actuellement connus permettraient même de dépasser l’objectif du 10 %.

La plus importante aire marine pourrait permettre de protéger pas moins de 16 500 km2 du golfe du Saint-Laurent, autour des Îles-de-la-Madeleine. Un autre projet au large de la Gaspésie protégerait un secteur de grande biodiversité et un troisième projet assurerait une meilleure protection de l’estuaire du Saint-Laurent, dont l’habitat du béluga.



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