Décarboniser le Québec et en profiter

Pierre Vallée Collaboration spéciale
« Notre premier projet vise le secteur laitier [...] afin d’examiner comment l’on pourrait transformer le lisier en méthane pour ensuite se servir de ce méthane comme carburant pour le transport du lait », explique Jean Nolet, président-directeur général de la Coop Carbone.
Photo: Norm Dettlaff Associated Press « Notre premier projet vise le secteur laitier [...] afin d’examiner comment l’on pourrait transformer le lisier en méthane pour ensuite se servir de ce méthane comme carburant pour le transport du lait », explique Jean Nolet, président-directeur général de la Coop Carbone.

Ce texte fait partie du cahier spécial Développement durable

En activité depuis maintenant un an, la Coop Carbone a pour mission d’aider à la décarbonisation du Québec tout en participant au nouveau marché du carbone. Rappelons que les membres fondateurs de la Coop Carbone sont Fondaction, l’Association québécoise pour la maîtrise de l’énergie (AQME), le Mouvement Desjardins, la Coop fédérée et le Centre d’excellence en efficacité énergétique (C3E).

« Notre premier rôle est de contribuer à la décarbonisation de l’économie québécoise en accompagnant les entreprises qui cherchent à réduire leur empreinte carbone et en soutenant les entreprises qui offrent ou veulent offrir des solutions technologiques appropriées », explique Jean Nolet, président-directeur général de la Coop Carbone.

Voilà pour l’intention première, mais cette entreprise d’économie collective en est présentement à ses premiers pas. « La première chose sur laquelle nous avons travaillé, c’est d’établir un vrai diagnostic de la situation. Quelles sont les entreprises au Québec désireuses de réduire leurs émissions de carbone ? Quelles sont les technologies, en place et à venir, dont nous disposons pour y arriver ? Quels sont les obstacles que les entreprises rencontrent lorsqu’elles entreprennent une démarche de décarbonisation ? Quelles sont les sources de financement disponibles pour la mise en place de projets de décarbonisation ? Maintenant que ce débroussaillage est bien entamé, nous pouvons commencer à servir véritablement d’interface entre les différents partenaires d’un projet de décarbonisation. »

Servir de catalyseur

 

La Coop Carbone est donc aujourd’hui en mesure d’accompagner les entreprises dans leurs projets de décarbonisation, en particulier en ce qui concerne le chauffage des bâtiments et le transport. Mais la Coop Carbone ne veut pas se contenter de répondre à des demandes de tiers, elle se veut proactive en suscitant elle-même des pistes de réflexion pouvant déboucher sur des initiatives concrètes.

« C’est ce que nous venons de faire en lançant Agrocarbone. Nous avons choisi le secteur agroalimentaire parce qu’un de nos membres, la Coop fédérée, y est présent. Notre premier projet vise le secteur laitier dont nous avons réuni tous les joueurs autour d’une même table afin d’examiner comment l’on pourrait transformer le lisier en méthane pour ensuite se servir de ce méthane comme carburant pour le transport du lait. » Ce projet aurait un double effet : donner une nouvelle valorisation au lisier et réduire la consommation d’essence. « Une ferme laitière, toute seule, peut difficilement prendre l’initiative d’un pareil projet. Mais des fermes laitières qui travaillent de concert, oui. On peut facilement imaginer la mise en commun du contenu des fosses à lisier de plusieurs fermes d’un même secteur, qui serait méthanisé à la même usine qui ensuite ferait la distribution du carburant. »

Un autre secteur d’intervention repéré par la Coop Carbone est celui des collectivités. « Il s’agit ici de petites communautés, par exemple, en milieu urbain, à l’échelle d’un arrondissement ou même d’un secteur particulier d’un arrondissement. On peut facilement imaginer un groupe de citoyens qui veut réaliser un projet de ruelle verte profiter de ce projet pour creuser des puits géothermiques qui serviraient ensuite au chauffage des maisons. »

Le marché du carbone

 

Le deuxième rôle de la Coop Carbone est de devenir un interlocuteur québécois sur le marché du carbone en achetant des droits d’émission et en les vendant aux entreprises québécoises assujetties au marché du carbone nord-américain, qui comprend présentement la Californie et le Québec, et bientôt l’Ontario et le Manitoba. L’action de la Coop Carbone en matière de droits d’émission ne concerne pas les grands émetteurs, comme la grande industrie, mais vise plutôt les distributeurs et importateurs québécois d’hydrocarbures. « Nous avons déjà signé plusieurs ententes avec des distributeurs québécois et la revente des droits d’émission constitue présentement notre principale source de revenus ; cela nous a permis de dégager un surplus financier à notre première année d’exercice. »

Il existe deux types de droits d’émission : ceux mis sur le marché du carbone par les gouvernements et ceux de tiers, dits droits compensatoires, émis par des entreprises qui, de par leurs pratiques ou leurs technologies, sont autorisées par les gouvernements à émettre des droits d’émission. « Pour le moment, bien que notre portefeuille contienne des droits d’émission des gouvernements, la grande majorité sont des droits compensatoires, que l’on achète présentement principalement sur le marché californien. »

Créer une boucle

 

Pour Fondaction, investir dans la Coop Carbone s’inscrit en plein dans la mission de cette institution financière pour qui le développement durable est au coeur de sa stratégie d’investissement. « Dans un premier temps, nous investissons dans la décarbonisation de l’économie, et par conséquent, nous contribuons à la reconversion de l’économie québécoise vers une économie verte, souligne Léopold Beaulieu, président-directeur général de Fondaction. Dans un deuxième temps, l’activité de la Coop Carbone va favoriser l’émergence d’une expertise québécoise en la matière, en particulier du côté des nouvelles technologies vertes. Et troisièmement, la Coop Carbone devient un acteur du marché du carbone et contribue ainsi à augmenter la présence du Québec dans ce marché. »

Une opinion que partage entièrement Jean Nolet. « La Coop Carbone peut aider les entreprises québécoises à se décarboniser et elle peut aussi amener des entreprises québécoises à être accréditées pour l’émission de droits compensatoires que nous allons évidemment racheter, plutôt que de le faire en Californie. On aide à réduire l’empreinte carbone des entreprises québécoises tout en favorisant la participation des entreprises québécoises au marché du carbone. » En agissant ainsi sur plusieurs fronts, la Coop Carbone crée une sorte de boucle québécoise de la décarbonisation.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

«La Coop Carbone peut aider les entreprises québécoises à se décarboniser et elle peut aussi amener des entreprises québécoises à être accréditées pour l’émission de droits compensatoires que nous allons évidemment racheter, plutôt que de le faire en Californie» Jean Nolet, président-directeur général de la Coop Carbone


À voir en vidéo