L’économie circulaire, l’économie qui n’en finit pas

Martine Letarte Collaboration spéciale
Le boisé du campus de la montagne abrite une riche biodiversité avec de nombreux insectes et oiseaux. L’UdeM souhaite étendre cette biodiversité dans le quartier.
Photo: Source Université de Montréal Le boisé du campus de la montagne abrite une riche biodiversité avec de nombreux insectes et oiseaux. L’UdeM souhaite étendre cette biodiversité dans le quartier.

Ce texte fait partie du cahier spécial Développement durable

Pour encourager et soutenir concrètement le développement durable et l’économie circulaire, l’Université de Montréal a créé, avec HEC et Polytechnique Montréal, l’Institut de l’environnement, du développement durable et de l’économie circulaire (EDDEC). C’était il y a deux ans. Les résultats commencent à se faire sentir.

Michelin loue ses pneus à de grandes entreprises de transport en Europe en leur offrant un service d’entretien serré afin d’augmenter la durée de vie des pneus, de diminuer la consommation d’essence, puis de les reprendre par la suite pour les remettre à neuf. On utilise un rebut comme matière première d’un nouveau produit. On est en plein dans l’économie circulaire, un concept dont on parle encore assez peu au Québec. Pour mieux faire connaître l’économie circulaire aux Québécois, l’EDDEC sortira d’ailleurs un livre cet automne sur le sujet.

« Nous souhaitons que monsieur et madame Tout-le-Monde comprennent mieux le concept de l’économie circulaire », explique Stéphane Béranger, coordonnateur au développement durable à l’Université de Montréal.

On est plutôt maintenant dans l’économie linéaire : on prend une matière première, du coton par exemple, on fabrique de la fibre, puis un jeans et on le porte jusqu’à ce qu’on le jette.

« Avec l’économie circulaire, le jeans en fin de vie devient autre chose, puis autre chose : on le réutilise indéfiniment », ajoute M. Béranger.

L’économie circulaire peut aussi passer par le développement de l’industrie de la réparation pour diminuer grandement la mise au rebut.

« Actuellement, disons que notre machine à laver casse, on n’a plus l’habitude de regarder si on peut la réparer parce que ça coûte souvent presque aussi cher que d’en acheter une neuve », constate Stéphane Béranger.

«Speed dating» de chercheurs

Le développement durable et l’économie circulaire sont des concepts très larges, très inclusifs, et faire travailler ensemble les chercheurs de différentes disciplines, de trois établissements universitaires différents, s’avérait un défi.

« Les chercheurs ne sont pas forcément au courant de ce que font ceux d’autres disciplines », remarque Stéphane Béranger.

Il fallait créer des maillages entre différents laboratoires et amener les chercheurs à trouver des thématiques transversales pour travailler sur des projets communs.

« Nous avons organisé des soirées de speed dating, où les chercheurs avaient trois minutes pour présenter leur travail », explique Stéphane Béranger.

Des projets réunissant des étudiants, des chercheurs et le milieu ont pris forme à l’institut EDDEC et ont commencé à donner des résultats.

Par exemple, l’Université de Montréal souhaite créer un corridor écologique entre le campus de la montagne et le site Outremont. La rue Darlington a été choisie pour réaliser différentes initiatives vertes. Originellement, elle suivait une rivière.

« Les étudiants aimaient l’idée du cours d’eau, de la rivière perdue », raconte Stéphane Béranger.

Le boisé du campus de la montagne abrite une riche biodiversité avec de nombreux insectes et oiseaux. L’UdeM souhaite étendre cette biodiversité dans le quartier.

« Une façon de permettre aux espèces d’aller d’un point à l’autre, c’est de créer un corridor avec de gros pots dans lesquels on plante des fleurs et on réalise de l’agriculture urbaine, explique Stéphane Béranger. On a parlé du projet aux résidents et aux commerçants et ils ont instantanément voulu mettre la main à la pâte ! Ils sont venus planter des légumes et se sont proposés pour l’entretien et l’arrosage. »

La Ville de Montréal a donné des pots pour la réalisation du projet.

 

« Un maillage s’est créé, se réjouit M. Béranger. C’est vraiment devenu un projet de cocréation. C’est parti de l’université, puis ça a été porté par la communauté. L’université n’est pas seulement en haut de la montagne, derrière ses murs, elle va vers les gens. »

En plus de la question de la biodiversité, de nombreux enjeux seront travaillés dans la rue Darlington : gestion de l’eau pluviale pour favoriser la marche et le vélo, atténuation des îlots de chaleur, communication efficace avec la communauté universitaire et le milieu, etc.

Les professeurs de différentes disciplines au baccalauréat et à la maîtrise se sont même fait suggérer de donner des travaux dirigés à leurs étudiants sur une de ces thématiques.

« Différentes équipes ont été formées et nous aurons les rapports bientôt, explique M. Béranger. On essaye de profiter de la transversalité. On veut apporter un peu de rêve, aussi. »

Prêcher par l’exemple

L’Université de Montréal prône une économie circulaire, le développement durable et une biodiversité riche, mais jusqu’à tout récemment, on aurait pu lui reprocher de ne pas prêcher par l’exemple. En ce qui a trait notamment à son offre alimentaire sur le campus.

Par exemple, il s’y distribue chaque année 460 000 gobelets à café. Ils étaient en carton avec une couche de plastique, ce qui fait qu’ils n’étaient pas compostables et difficilement recyclables. C’était la même chose pour les assiettes et les différents contenants utilisés dans les cafétérias. On retrouvait aussi de la styromousse.

« On a trouvé des assiettes et des contenants compostables en bagasse, un résidu de la transformation de canne à sucre, indique Stéphane Béranger. Ces assiettes sont en plein dans la logique de l’économie circulaire. On utilise les déchets d’une industrie comme matière première pour créer un nouveau produit qui retourne ensuite à la terre en étant composté. »

La beauté de la chose ? Ces nouvelles assiettes et nouveaux contenants écologiques sont même moins chers que les anciens.

On a aussi commencé à servir des poissons issus de la pêche durable dans les cafétérias.

Stéphane Béranger réalise que les mentalités évoluent énormément. Maintenant, des gens dans l’université vont vers lui pour tenter de trouver des solutions plus vertes. Par exemple, pour l’offre alimentaire, c’est le nouveau cuisinier en poste qui est venu frapper à sa porte.

Après avoir multiplié les efforts dans le domaine des services étudiants, Stéphane Béranger compte s’attaquer maintenant aux immeubles, aux services informatiques, aux approvisionnements et aux finances.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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