Des impacts majeurs à l’échelle du globe

Une femme sèche du sorgum au Sud-Soudan, en octobre dernier.
Photo: Albert Gonzalez Farran Agence France-Presse Une femme sèche du sorgum au Sud-Soudan, en octobre dernier.

Les bouleversements climatiques risquent de provoquer une kyrielle de perturbations majeures à l’échelle du globe. Si les impacts se feront sentir de façon différente d’une région à l’autre, aucune ne sera épargnée. Voici quelques exemples des effets redoutés :

Reculs marqués en santé

 

« Les conséquences des changements climatiques pour une population mondiale de neuf milliards de personnes [à l’horizon 2050] risquent de saper les gains en santé et en développement des 50 dernières années », soulignaient plus tôt cette année les auteurs d’une étude publiée dans la revue scientifique médicale britannique The Lancet.

Le document, intitulé Health and Climat Change : Policy Responses to Protect Public Health, recense d’ailleurs une multitude d’impacts pour l’ensemble des populations de la Terre. « Les effets directs des changements climatiques incluent une augmentation des vagues de chaleur, des inondations, des sécheresses et des tempêtes, avec des impacts indirects incluant des menaces sur la santé des populations liées à la pollution de l’air, la propagation des vecteurs de maladies, de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition, des déplacements et des problèmes de santé mentale. »

Les enfants sont particulièrement exposés aux phénomènes qui accélèrent la propagation des maladies, prévenait cette semaine l’UNICEF.

Crises migratoires et humanitaires

 

S’il est encore difficile d’établir un lien direct entre le climat, les flux migratoires et les crises humanitaires, ces enjeux suscitent de plus en plus d’inquiétudes. Cette semaine, le prince Charles a lui-même tracé un parallèle avec la crise syrienne. Selon lui, le réchauffement climatique est le terreau sur lequel ont prospéré le conflit en Syrie, la crise des réfugiés en Europe et le terrorisme. « Les preuves sont là en effet que l’une des causes principales de ces horreurs en Syrie est une sécheresse qui a duré cinq ou six ans, et a poussé un nombre très important de gens à quitter leur terre », a déclaré l’héritier du trône britannique dans un entretien avec la chaîne Sky News.

Par ailleurs, en 2008, un rapport du haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité soulignait déjà que « les changements climatiques risquent d’avoir, à l’avenir, des incidences sur la stabilité sociale et politique au Proche-Orient et en Afrique du Nord ».

Production agricole en chute

 

Dans plusieurs régions du monde, même une hausse des températures relativement modérée engendrera des impacts catastrophiques pour la production agricole. Selon la Banque mondiale, une hausse de 2 °C d’ici 2040 entraînera par exemple un recul de 10 % de la production africaine d’ici 2050, tandis que 40 % de ses terres consacrées au maïs devraient devenir « inutilisables » dans la décennie 2030. « Des températures extrêmes pourraient nuire aux récoltes de riz, de blé, de maïs et d’autres cultures importantes et menacer la sécurité alimentaire » des pays pauvres, estime aussi l’institution.

L’Afrique et l’Asie du Sud-Est seraient les premières victimes de ces pénuries de denrées essentielles à la survie. La part des populations en état de malnutrition risquerait par ailleurs de flamber « de 25 % à 90 % » en fonction des pays.

Des océans acides

 

Les océans absorbent le tiers du carbone atmosphérique, soit environ 130 milliards de tonnes par an. Or, l’utilisation massive des énergies fossiles a provoqué une hausse marquée et continue des émissions de CO2, ce qui a entraîné une augmentation de l’acidité des océans d’environ 30 % au cours des dernières décennies.

Ce phénomène, qui s’accentuera au cours des prochaines décennies, entraîne des bouleversements rapides qui frappent de plein fouet la vie marine. Certaines populations de mollusques sont d’ailleurs déjà menacées. Et si la concentration de CO2 dans l’atmosphère continue de croître, les récifs de corail risqueront carrément l’extinction, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature.

Le Programme international sur l’état des océans va plus loin et prévient que le réchauffement des océans et leur acidification entraînent un troisième phénomène, soit une hypoxie généralisée (chute des niveaux d’oxygène). « Ces trois facteurs se retrouvent dans chacune des extinctions de masse de l’histoire de la Terre », souligne l’organisation.

Événements météorologiques extrêmes

 

Ouragans, inondations, sécheresse, vagues de chaleur… La liste des phénomènes météorologiques extrêmes qui pourraient se multiplier au cours des prochaines années est longue. « L’intensification prévue des événements climatiques extrêmes pourrait inverser les efforts pour réduire la pauvreté, particulièrement dans les pays en développement », a même déjà prévenu la Banque mondiale.

Un rapport des Nations unies publié mardi souligne notamment que pas moins de 530 millions d’enfants vivent dans des régions du monde particulièrement vulnérables aux inondations, et ce, essentiellement en Asie. Pas moins de 160 millions sont quant à eux directement exposés aux impacts de zones frappées par des épisodes de sécheresse, surtout dans les pays africains où la pauvreté fait déjà des ravages.

Le niveau des océans en 2100 par rapport à la période 1986-2005 pourrait par ailleurs s’élever de quasiment un mètre, selon ce qu’on peut lire dans le plus récent rapport du GIEC. Les océans se sont déjà élevés de 19 cm depuis la fin du XIXe siècle. Un tel phénomène frappera de plein fouet les villes côtières. Une étude parue dans la revue Nature Climate Change chiffrait en 2013 l’impact économique potentiel des inondations dans les 136 villes côtières de plus d’un million d’habitants : le coût pourrait dépasser en 2050 les 1000 milliards de dollars si rien n’est fait pour les protéger.





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