L’ours polaire victime des changements climatiques

Dans les 35 à 40 années à venir, la population d'ours polaires dans le monde pourrait régresser de 30 %.
Photo: Andrew E Derocher Dans les 35 à 40 années à venir, la population d'ours polaires dans le monde pourrait régresser de 30 %.

À quelques jours de l’ouverture du sommet de Paris sur le climat, un nouveau rapport sur les espèces menacées produit par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) conclut que les bouleversements provoqués par l’activité humaine risquent d’entraîner un recul de plus de 30 % de la population mondiale d’ours polaires d’ici 2050.

L’évaluation de l’UICN rendue publique jeudi indique « une forte probabilité d’un déclin de plus de 30 % dans la population d’ours polaires dans les 35-40 années à venir ». L’espèce est actuellement classée comme « vulnérable » sur la « liste rouge » de l’organisme, qui compte par ailleurs 23 250 espèces menacées d’extinction.

La principale raison de cette chute des populations est sans surprise la perte de son habitat de banquise induite par les bouleversements climatiques. Au cours des dernières décennies, la perte de la banquise arctique a d’ailleurs progressé plus vite que ce que la plupart des modèles climatiques laissaient suggérer. Ainsi, précise l’UICN, l’étendue des glaces au mois de septembre a subi un déclin linéaire de 14 % par décennie entre 1979 et 2011.

« Or, les ours polaires dépendent directement de la banquise pour accéder à leurs proies. Par conséquent, une période de cinq mois ou plus sans glace entraînera un jeûne prolongé pour l’espèce, ce qui est susceptible de causer des problèmes d’infertilité accrue ou de famine dans certaines régions. »

D’après les plus récentes prévisions scientifiques, des étendues importantes de l’archipel arctique canadien seront libres de glace pendant plus de cinq mois par an à la fin du 21e siècle. Dans d’autres parties de l’Arctique, ce seuil de cinq mois pourrait être atteint vers le milieu du 21e siècle.

Appel à l’action

À quelques jours du début de la conférence de Paris sur le climat, l’UICN utilise donc l’ours polaire comme prétexte pour lancer un appel à l’action contre les changements climatiques. « Les effets du changement climatique vont bien au-delà de cette espèce emblématique et représentent une menace que notre planète n’a jamais connue par le passé. Les États se réunissant prochainement au sommet climatique de Paris devront tout faire pour conclure un accord qui permette de faire face à ce défi sans précédent », fait valoir la directrice générale de l’UICN, Inger Andersen.

L’UICN n’est pas le premier organisme à mettre en lumière les risques que font peser les bouleversements climatiques pour les ours polaires. Selon les données du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, l’ours polaire sera confronté à « un haut risque d’extinction » d’ici quelques décennies. Elle est déjà considérée depuis 2011 comme une « espèce préoccupante » au sens de la Loi canadienne sur les espèces en péril.

Les données sur les taux de survie et de reproduction laissent penser qu’au moins 4 des 13 sous-populations « connaissent probablement un déclin à l’heure actuelle », selon la fiche de l’espèce disponible au Registre public des espèces en péril. « Bien qu’il y ait des incertitudes quant à l’impact global des changements climatiques sur la répartition et le nombre d’individus de l’espèce, il existe d’importantes préoccupations relativement à l’avenir de l’espèce au Canada », précise-t-on. La population canadienne d’ours blancs est estimée à 15 500 individus.

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