Les Canadiens appuient une action contre les changements climatiques
Une majorité de Canadiens estime nécessaire que le Canada participe activement à une action internationale de lutte contre les changements climatiques, selon ce qui se dégage d’un nouveau sondage publié ce lundi par Environics Institute for Survey Research. Près des trois quarts des citoyens du pays jugent en outre qu’un virage vers les énergies renouvelables serait possible.
Le coup de sonde mené en partenariat avec la Fondation David Suzuki indique ainsi que 61 % des Canadiens juge qu’Ottawa « devrait signer un nouvel accord international visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, même si celui-ci entraînait des pertes d’emploi au sein de certaines industries, au pays, et des coûts plus élevés pour certains produits et services ».
Le soutien du public à un accord international est en légère hausse depuis novembre 2011 (56 %). Il demeure toutefois inférieur à son point culminant de septembre 2009 (68 %), soit avant le sommet de Copenhague, précise-t-on dans l’analyse des résultats du sondage.
Si l’appui à une action internationale de lutte contre les changements climatiques est donc reparti à la hausse, la perception de la « réalité » des bouleversements du climat demeure stable. « Comme c’était le cas en 2014, six Canadiens sur dix sont convaincus de la réalité des changements climatiques et que ceux-ci sont causés par les humains, contre un sur dix qui demeure sceptique à ce sujet », note Environics Institute for Survey Research.
Le quart de la population estime toujours que la preuve de l’impact de l’activité humaine sur les modifications du climat mondial n’a pas encore été faite, contre 13 % qui croient que les changements climatiques n’existent tout simplement pas.
Pour le renouvelable
Un total de 74 % des citoyens du pays affirme en outre qu’il serait possible, pour leur province, d’amorcer une transition vers les énergies renouvelables. Ce taux est en hausse par rapport à une enquête menée en 2013 et qui estimait le taux à 70 %. Au Québec, il se situe actuellement à 81 %, dans un contexte où le gouvernement Couillard ouvre la porte à l’exploitation de pétrole et de gaz dans la province.
Globalement, le public est plus susceptible de se tourner vers les gouvernements pour la mise en oeuvre de nouvelles normes et de nouveaux règlements (48 %) afin de lutter contre les changements climatiques. Dans ce contexte, près de six citoyens sur dix appuient fortement (19 %) ou quelque peu (39 %) la mise en oeuvre d’une taxe sur le carbone, comme celle de la Colombie-Britannique.
« Ces résultats indiquent que même si la question des changements climatiques est loin d’être un enjeu important de cette campagne électorale, la population canadienne est de plus en plus sensible à la nécessité de s’engager concrètement à réduire les émissions issues des combustibles fossiles », a commenté lundi Keith Neuman, directeur général de l’institut Environics, par voie de communiqué.
Le sondage a été réalisé par téléphone auprès de 2004 Canadiens, entre le 4 et le 16 août 2015. Un échantillon de population de cette taille produit des résultats exacts à plus ou moins 2,2 %, 19 fois sur 20.
Échec canadien
Année après année, on constate que le Canada rate complètement ses cibles de réduction de GES, pourtant revues à la baisse à la suite de l’abandon des objectifs du Protocole de Kyoto. Les conservateurs s’étaient en fait engagés à réduire de 17 % les émissions d’ici 2020, et ce, par rapport à 2005. Cela équivaudrait à émettre 611 mégatonnes (Mt). Or, selon les plus récentes données d’Environnement Canada, les émissions de GES atteindront plutôt 726 Mt en 2020.
Si le Canada avait respecté les objectifs de Kyoto, les émissions du pays ne dépasseraient pas les 490 Mt à la fin de la présente décennie. Mais en raison de la croissance continue de la production des sables bitumineux, les émissions devraient être plus élevées de 11 % en 2030 par rapport à 2005. Ottawa a cependant promis en mai dernier de les réduire de 30 % en 2030, toujours par rapport à 2005.
L’Alberta est responsable d’une bonne part de la hausse continuelle des GES. Les émissions de cette province dépassaient, en 2013, les émissions combinées du Québec et de l’Ontario. À elles seules, les émissions « fugitives » du secteur pétrolier et gazier dépassent le total de tout le secteur des transports au Québec. Environ 55 % de l’électricité produite en Alberta provient en outre du charbon.
Près des trois quarts des citoyens jugent possible un virage vers les énergies renouvelables.