Québec veut développer le port de Cacouna

Une augmentation de la circulation maritime dans le secteur pourrait mettre en danger la population de bélugas du Saint-Laurent.
Photo: Lawrence Côté-Collins Une augmentation de la circulation maritime dans le secteur pourrait mettre en danger la population de bélugas du Saint-Laurent.

Le gouvernement Couillard envisage de profiter de sa stratégie maritime pour développer le potentiel industriel des infrastructures du port de Cacouna. C’est ce qu’a fait savoir lundi le ministre délégué aux Transports, Jean D’Amour. S’il se réalise, ce projet devrait accroître la circulation maritime dans la pouponnière de bélugas du Saint-Laurent.

Selon ce qu’a fait valoir le ministre responsable de l’implantation de la stratégie maritime, la région du Bas-Saint-Laurent pourrait tirer des bénéfices économiques de l’agrandissement du secteur industriel de Cacouna en lien avec le port.

Dans le cadre d’un discours prononcé devant la chambre de commerce de la MRC de Rivière-du-Loup, M. D’Amour a fait valoir que « la stratégie maritime nous permettra d’exploiter au maximum le potentiel de notre territoire maritime, et ce, dans une perspective de développement durable ». Selon lui, elle pourrait même permettre de « relancer les économies locales et leur faire vivre une prospérité sans précédent ».

C’est dans ce contexte que le gouvernement Couillard espère attirer des entreprises à Cacouna, dans une optique d’expansion du secteur portuaire et industriel. Éventuellement, le secteur pourrait même être desservi par de nouvelles infrastructures de transport, comme une voie ferrée.

« Le ministre a parlé d’une possibilité pourCacouna parce que le modèle de zone industrialo-portuaire pourrait bien s’insérer à Cacouna. Il reste cependant plusieurs étapes à franchir pour voir où seront situées ces zones au Québec », a indiqué au Devoir l’attachée de presse du ministre, Zoé Couture.

Les étapes en question sont à venir « au cours des prochains mois ». Selon ce qu’elle a précisé, le port de Cacouna pourrait offrir des opportunités de développement économique pour la région.

Le gouvernement fédéral cherche par ailleurs à se départir du port de Cacouna. Mme Couture a toutefois dit qu’il est « trop tôt » pour dire si le gouvernement du Québec pourrait se porter acquéreur.

Risques pour les bélugas

 

Si les visées du gouvernement se concrétisent, l’accroissement de l’activité industrielle portuaire provoquera une augmentation de la circulation maritime dans le secteur de Cacouna, unique pouponnière du béluga du Saint-Laurent. L’an dernier, un projet de port pétrolier d’exportation élaboré par TransCanada avait d’ailleurs soulevé une vive controverse, justement en raison de la présence des bélugas.

Il faut dire que, selon les spécialistes de l’espèce, cette région est essentielle pour cette population de mammifères marins. Celle-ci ne compterait plus que 880 individus, en plus de montrer clairement des signes de « déclin » continu. En fait, depuis que les bélugas bénéficient d’une protection officielle, leur population n’a jamais augmenté. Normalement, une population en santé aurait dû doubler.

Le hic, c’est que même si l’espèce est inscrite à la liste des espèces en péril, le gouvernement Harper tarde à désigner l’habitat essentiel du béluga. Normalement, cela devrait avoir été fait il y a près de trois ans. Selon toute vraisemblance, le secteur de Cacouna ferait partie de l’habitat essentiel de l’espèce.

C’est en effet dans ce secteur précis que les femelles vont mettre bas et passent les premières semaines avec les jeunes. Or, le nombre de jeunes bélugas retrouvés morts a connu une croissance marquée depuis 2008, par rapport aux années précédentes.

Il a été démontré que la circulation maritime constitue une source de dérangement considérable pour les bélugas. L’espèce pourrait être également affectée par plusieurs facteursenvironnementaux, dont l’accumulation de contaminants et le recul des stocks de certains poissons dont ils se nourrissent.



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