Le Canada doit réduire de 80% ses émissions de GES d’ici 2050, clament 60 chercheurs
Prenant acte des ratés du Canada en matière de lutte contre les changements climatiques, 60 chercheurs canadiens publient aujourd’hui, jeudi, un rapport qui propose diverses mesures pour le moins ambitieuses afin de réduire substantiellement les émissions de gaz à effet de serre au pays.
Le document, intitulé « Agir sur les changements climatiques : solutions des chercheurs canadiens », conclut que le Canada doit se donner comme objectif de réduire de 80 % ses émissions de gaz à effet de serre (GES), et ce, d’ici 2050.
Pour y parvenir, les chercheurs suggèrent une série de mesures qui auraient un impact majeur sur l’industrie pétrolière. Ils proposent ainsi d’abolir toutes les subventions dont elle bénéficie, mais aussi d’établir, à l’échelle du pays, un prix sur le carbone. Une idée très éloignée des politiques du gouvernement Harper, qui a rejeté à plusieurs reprises l’idée d’imposer des contraintes d’émissions à l’industrie des énergies fossiles.
Selon ce que font valoir les membres du collectif Dialogues pour un Canada vert, il faudrait en outre « remplacer les carburants fossiles par l’électricité dans les secteurs du transport, du bâtiment et des industries, tout en appliquant des programmes d’efficacité énergétique ».
Autre proposition, qui pourrait d’ailleurs profiter au Québec : « Encourager l’établissement d’un réseau électrique intelligent permettant une connexion interprovinciale. Les provinces productrices d’hydroélectricité pourraient alors vendre aux provinces voisines. »
« Ce rapport vise à proposer une voie à suivre pour le Canada, à stimuler un débat public et à appuyer la prise de décisions sur l’atténuation des changements climatiques avant la conférence Paris-climat de l’ONU de décembre 2015, un rendez-vous crucial avec l’Histoire que le Canada ne doit pas rater », résume l’instigatrice et porte-parole du groupe, la professeure Catherine Potvin, de l’Université McGill.
Pour le moment, le Canada est toujours en voie de rater complètement ses cibles de réduction de GES pourtant revues à la baisse par les conservateurs. Un rapport publié en décembre dernier par Environnement Canada le confirme.
Ainsi, en 2020, les émissions du pays totaliseront 727 millions de tonnes. Pour respecter ses engagements, Ottawa devrait les ramener à 611 millions de tonnes avant la fin de la décennie. Or, au lieu de diminuer, les émissions repartiront à la hausse au cours des prochaines années.
Pétrolières à blâmer
L’industrie pétrolière sera la grande responsable du phénomène. Uniquement pour les sables bitumineux, les émissions devraient passer de 20 à 75 millions de tonnes. La production des sables bitumineux, en pleine croissance, doit dépasser les trois millions de barils par jour en 2020.
L’inaction canadienne lui a valu de nombreuses critiques, notamment du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Il faut dire que la communauté scientifique est d’avis qu’il faudrait limiter la hausse globale à 2 °C d’ici la fin du siècle, par rapport au début de l’ère préindustrielle. Pour y parvenir, il faudrait que l’humanité se donne un objectif de « zéro émission » de GES au plus tard en 2100, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.
Les niveaux actuels des émissions mondiales de GES conduisent la planète vers une hausse des températures 4 à 5 °C à la fin du siècle. Un tel scénario serait tout simplement catastrophique pour le maintien de la vie sur Terre.