L’ours polaire canadien fera face à l’extinction d’ici 2100

Particulièrement vulnérables au recul accéléré des glaces de mer dans l’Arctique, les ours polaires canadiens risquent l’extinction d’ici la fin du siècle en raison des bouleversements climatiques provoqués par l’activité humaine.
C’est ce que conclut une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Université de l’Alberta dont les résultats viennent d’être publiés dans la revue scientifique PlosOne.
L’étude a identifié sept secteurs distincts de l’Arctique canadien où vivent des ours polaires. En raison des bouleversements climatiques actuellement hors de contrôle, tous ces vastes territoires connaîtront des reculs majeurs en terme de couvert de glace.
En fait, alors qu’aujourd’hui aucune région n’est totalement dénuée de glace, les périodes sans glace de mer devraient durer plus de cinq mois dans au moins quatre des sept secteurs identifiés. Et encore. Les chercheurs ont basé leurs modèles sur des prévisions relativement conservatrices de hausse du thermomètre, soit 3,5 °C. Or, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) évalue même que la hausse pourrait atteindre 7 °C à 11 °C.
Famine
Dans tous les cas, les ours polaires souffriront sérieusement des reculs de la glace dont ils dépendent pour chasser le phoque, élément essentiel de leur régime alimentaire. Les conclusions de l’étude sont d’ailleurs très claires : Selon les prévisions actuelles sur le climat, l’ours polaire sera confronté à une vaste famine et à des reculs de plus en plus accrus de son succès de reproduction.
Le phénomène s’étendra à l’ensemble de l’Arctique canadien d’ici 2100, selon les chercheurs. Il lui sera en outre impossible de s’adapter, tant la vitesse à laquelle surviennent les changements est rapide.
La publication de l’étude dans PlosOne suit celle de l’Institut américain de géophysique, la semaine dernière. Cette dernière conclut que la population d’ours polaires dans le nord-ouest de l’Arctique canadien et en Alaska, sur les bords de la mer de Beaufort, a diminué de 40% dans les années 2000.
L’ours polaire figure parmi les victimes probables des effets des bouleversements du climat dans l’Arctique. Selon les données du GIEC, l’espèce sera confrontée à « un haut risque d’extinction » d’ici quelques décennies. Elle est déjà considérée depuis 2011 comme une « espèce préoccupante » au sens de la Loi canadienne sur les espèces en péril.
Les données sur les taux de survie et de reproduction laissent penser qu’au moins 4 des 13 sous-populations «connaissent probablement un déclin à l’heure actuelle», selon la fiche de l’espèce disponible au Registre public des espèces en péril. «Bien qu’il y ait des incertitudes quant à l’impact global des changements climatiques sur la répartition et le nombre d’individus de l’espèce, il existe d’importantes préoccupations relativement à l’avenir de l’espèce au Canada», précise-t-on. La population canadienne d’ours blancs est estimée à 15 500 individus.