Enbridge ne remplit pas toutes les conditions, juge la CMM

Estimant qu’Enbridge n’a pas respecté les conditions imposées par l’Office national de l’énergie (ONE), Denis Coderre et les maires de la Communauté métropolitaine de Montréal demandent à l’organisme fédéral de ne pas autoriser l’inversion du pipeline 9B tant que ces exigences ne seront pas satisfaites.
Les maires, qui représentent 82 villes et 3,8 millions d’habitants, soutiennent qu’Enbridge n’a pas respecté 2 des 30 conditions qui leur avaient été imposées, soit celles concernant le franchissement des cours d’eau et les plans de mesures d’urgence.
« Nous voulons une note parfaite. Avec ce qui s’est passé à Lac-Mégantic, avec les autres situations qu’on a vues, il est essentiel pour nous, notamment pour la protection de l’eau et de l’environnement, et pour la sécurité de la population, qu’on ne puisse pas laisser l’ombre d’un doute que tout a été fait, a expliqué M. Coderre. On est d’accord avec le développement économique, mais pas à n’importe quelle condition. »
Lettre à l’ONE
La CMM soutient que tant qu’Enbridge ne donnera pas de réponses plus satisfaisantes sur ces deux points, l’ONE ne devrait pas accorder à l’entreprise pétrolière l’autorisation de mise en service qui est attendue par celle-ci pour le 15 octobre. « C’est une belle occasion pour l’Office national de l’énergie de montrer qu’il a des dents », a signalé Denis Coderre, qui a fait parvenir une lettre à l’ONE plus tôt cette semaine pour exposer sa position.
Le maire a toutefois reconnu que les villes ne détenaient pas d’outils réglementaires pour empêcher Enbridge d’aller de l’avant si l’ONE le lui permet. « Mais on a l’outil de la parole », a précisé M. Coderre, qui croit que les pressions politiques et le poids de l’opinion publique face aux questions d’environnement joueront un grand rôle dans ce dossier.
En mars dernier, l’ONE avait donné son aval à l’inversion du pipeline 9B d’Enbridge. Ce controversé projet de la société pétrolière albertaine vise à inverser le flux de son oléoduc entre North Westover, en Ontario, et Montréal, ce qui permettrait d’approvisionner les raffineries du Québec et de l’Ontario avec du pétrole provenant des sables bitumineux.
Dans sa décision, l’Office obligeait notamment Enbridge à mener des activités de vérification de l’intégrité de son pipeline, construit en 1975, ainsi qu’à poursuivre des consultations en permanence.
Le dialogue
Enbridge soutient qu’il reviendra à l’ONE de déterminer si l’entreprise respecte toutes les conditions, mais son porte-parole assure que les discussions entreprises avec le comité de vigilance mis en place par la CMM se poursuivent.
« On a bien compris le maire. Ce sont des préoccupations que nous partageons. Un dialogue a été établi avec les différentes parties prenantes et il va continuer, a indiqué le directeur des affaires publiques de l’entreprise, Éric Prud’homme. Nous avons toujours dit que nous allions remplir toutes les conditions de l’ONE, et c’est ce à quoi s’affaire notre équipe. »
Sans surprise, la sortie de la CMM a été saluée par Greenpeace, qui a souligné sa vigilance à l’endroit d’une pétrolière à qui « on ne peut pas faire confiance ».
« Une chance que la CMM veille au grain, parce que le gouvernement du Québec dort au gaz dans ce dossier, lui qui a posé 18 conditions à Enbridge, mais n’a toujours rien fait pour les faire respecter », a souligné son porte-parole, Patrick Bonin.
Selon ce dernier, Enbridge est en moyenne responsable de près de 65 déversements par année.