La chasse à la baleine que mène le Japon n'a rien de «scientifique»

Le jugement reproche au Japon de ne pas avoir envisagé de programme de moins grande envergure, ni même de méthodes non mortelles, pour étudier les populations de baleines.
Photo: Associated Press/Sea Shepherd Australia, Tim Watters Le jugement reproche au Japon de ne pas avoir envisagé de programme de moins grande envergure, ni même de méthodes non mortelles, pour étudier les populations de baleines.

La Cour internationale de justice a finalement conclu que la chasse « scientifique » à la baleine que mène le Japon en Antarctique n’a pas de réelle valeur pour la science. Tokyo a réagi en promettant de se conformer à la décision du tribunal onusien.

 

Dans une décision partagée rendue publique lundi, la Cour fait état de nombreux doutes quant au caractère « scientifique » de cette chasse à la baleine. Elle souligne ainsi « son caractère illimité dans le temps, sa faible contribution scientifique à ce jour et le manque de coopération entre ce programme et d’autres programmes de recherche nationaux et internationaux dans l’océan Antarctique ».

 

Le jugement reproche également au Japon de ne pas avoir envisagé de programme de moins grande envergure, ni même de méthodes non mortelles, pour étudier les populations de baleines.

 

Bref, la Cour estime que « les éléments de preuve dont elle dispose ne permettent pas d’établir que la conception et la mise en oeuvre de ce programme sont raisonnables au regard de ses objectifs annoncés ».

 

Elle conclut donc que les permis spéciaux au titre desquels le Japon autorise la mise à mort de baleines ne sont pas délivrés « en vue de recherches scientifiques » au sens de la convention internationale qui régit la chasse aux cétacés.

 

Tokyo se résigne

 

Tokyo, bien que « profondément déçue », a annoncé lundi son intention de respecter la décision du plus haut organe judiciaire des Nations unies.

 

La décision du tribunal découle d’une plainte déposée en 2010 par l’Australie. Le pays, opposé à la chasse, estimait en fait que le Japon viole ses obligations internationales en harponnant chaque année plusieurs centaines de petits rorquals et quelques dizaines de rorquals communs dans le sanctuaire baleinier de l’océan Austral.

 

Cette aire marine de 50 millions de kilomètres carrés entoure le continent antarctique. Le sanctuaire a été mis en place en 1994 par la Commission baleinière internationale (CBI) pour y interdire toute chasse commerciale. Seul le Japon s’est opposé à sa création. Environ 10 000 animaux — surtout des petits rorquals — y ont été tués depuis 1987, soit l’année suivant l’imposition d’un moratoire sur la chasse commerciale.

 

Le Japon utilise cependant un article contenu dans le moratoire sur la chasse aux cétacés décrété par les États membres de la CBI. Selon cette disposition, un pays peut continuer d’abattre des baleines à des fins de recherche scientifique.

 

Chasse coûteuse

 

La viande des baleines abattues à l’aide de canons lance-harpons à tête explosive est vendue au Japon, un pays où la demande pour ce produit a considérablement reculé au fil des ans. L’argent généré par la vente de viande de baleine ne couvrirait pas l’ensemble des coûts. Tokyo doit débourser plus de 10 millions de dollars par année pour entretenir sa flotte baleinière et financer la campagne annuelle de chasse.

 

Le groupe animaliste Sea Shepherd a salué la décision de la Cour internationale de justice lundi. L’organisation, qui affronte chaque année les baleiniers japonais en Antarctique, a aussitôt annoncé son intention de s’en prendre à la chasse à la baleine par laNorvège et l’Islande, si le Japon cessait sa propre chasse.

 

L’Islande et la Norvège rejettent le moratoire planétaire sur la chasse commerciale. Les deux pays chassent des petits rorquals et des rorquals communs. Ces deux espèces peuvent être observées au Québec.

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