Affrontements violents entre baleiniers et animalistes dans l’océan Austral

Tokyo a exigé lundi que les Pays-Bas prennent des « mesures concrètes » contre l’organisation Sea Shepherd, après des affrontements particulièrement violents entre les animalistes et les baleiniers japonais dans l’océan Austral, ces dernières heures.
Dimanche, un navire-harponneur a heurté de plein fouet le Bob Barker, un bateau de l’organisation Sea Shepherd. Les deux navires auraient subi des avaries importantes, et chaque camp se renvoie la responsabilité de ce nouvel accrochage.
Selon le groupe animaliste, les Japonais ont essayé d’endommager les hélices de ses navires avec des câbles en acier. On peut d’ailleurs clairement apercevoir ceux-ci sur les images des vidéos diffusées après l’incident. Les baleiniers japonais auraient aussi jeté des projectiles sur le navire Steve Irwin, de Sea Shepherd, y compris des grappins, et harcelé l’équipage du Bob Barker au canon à eau. La confrontation n’a pas fait de blessé mais « les baleiniers ont été plus agressifs que jamais », selon le capitaine du Bob Parker, Peter Hammarstedt.
«Extrêmement dangereux»
Tokyo, qui considère le groupe animaliste comme une organisation terroriste, a réclamé une intervention des Pays-Bas, où est immatriculé le navire Bob Barker. Lundi, le secrétaire général du gouvernement japonais, Yoshihide Suga, a accusé l’organisation du Canadien Paul Watson d’être responsable de cet incident « impardonnable », ajoutant que cet « acte de sabotage était extrêmement dangereux ». « Nous demandons donc au gouvernement des Pays-Bas, où le bateau est immatriculé, de prendre des mesures concrètes », a-t-il poursuivi.
Les trois navires de Sea Shepherd poursuivent depuis des semaines les baleiniers qui mènent leur campagne annuelle de chasse dans les eaux ceinturant l’Antarctique. Leur objectif est surtout d’empêcher les Japonais de charger les carcasses des baleines tuées à bord du navire-usine Nisshin Maru, où elles sont dépecées.
Les chasseurs japonais sont harcelés par Sea Shepherd année après année. Si le groupe affirme que ses actions sont légales et non violentes, elles donnent souvent lieu à des affrontements en mer. Le groupe animaliste attaque les baleiniers en lançant des bombes puantes sur le pont ou en tentant de stopper leurs hélices de propulsion à l’aide de câbles. Les Japonais répliquent à l’aide de canons à eau ou en frappant les Zodiac des militants à l’aide d’ancres. Les navires des deux camps entrent fréquemment en collision. En janvier 2010, un bateau de Sea Shepherd avait même été coupé en deux par un baleinier.
Chasse «scientifique»
L’Australie et le Japon sont par ailleurs à couteaux tirés sur la question baleinière. Canberra demande à la Cour internationale de justice de statuer que la chasse, qualifiée de « scientifique » par Tokyo, est tout simplement illégale. Une décision est toujours attendue dans ce dossier.
La flotte japonaise entend tuer 1035 baleines en 2014, dont 50 rorquals communs et 50 baleines à bosse, deux espèces menacées de disparition. Le Japon utilise en fait un article contenu dans le moratoire sur la chasse commerciale aux cétacés décrété en 1986 par les États membres de la Commission baleinière internationale. Selon cette disposition, un pays peut continuer d’abattre des baleines à des fins de recherche scientifique.
Chaque année, le Japon tue donc des petits rorquals dans les eaux du sanctuaire baleinier dans l’océan Austral. Cette zone a été mise en place en 1994 dans le but de permettre de rebâtir des populations de cétacés, après des décennies d’une chasse particulièrement destructrice.
Seul le Japon s’est opposé à la création de ce sanctuaire. Environ 10 000 animaux y ont été tués depuis 1987, soit l’année suivant l’imposition d’un moratoire sur la chasse commerciale. La viande des baleines est vendue au Japon, où les stocks s’accumulent depuis des années, en raison de la diminution de la consommation.
Avec l’Agence France-Presse