Ces infections qui migrent toujours plus vers le nord

Avec le mercure en hausse, de nouveaux pathogènes migrent vers le nord. Lesquels menacent de s’établir au Canada ? Tentant d’établir une liste de suspects potentiels à surveiller, Ruth Cox, chercheuse à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard, a demandé à 64 experts à travers le Canada de se prononcer. Le virus du Nil occidental, la giardiose et la maladie de Chagas sont arrivés en tête de liste.
« Le classement obtenu a du sens, juge le Dr François Milord, mais il n’est pas possible de s’en servir pour établir des priorités d’action. » C’est que, selon le médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), nous disposons encore de trop peu de données sur l’influence des changements
climatiques sur les maladies infectieuses. Il ajoute que les priorités de la Montérégie seront vraisemblablement différentes de celles de Lanaudière ou de Québec, et encore plus des autres provinces canadiennes : les micro-conditions peuvent favoriser des pathogènes différents.
Reste que le virus du Nil occidental (VNO) et la maladie de Lyme se sont récemment installés au Québec, et y sont probablement pour de bon. Ces maladies arrivent par la frontière sud et se propagent bon an, mal an au nord.
« Cette étude nous rappelle que la plupart des maladies émergentes potentielles sont des zoonoses, explique le Dr Milord, c’est-à-dire que des animaux ou des vecteurs comme des insectes sont impliqués dans la transmission. » Selon lui, il faut améliorer notre surveillance de ces animaux et insectes porteurs et sensibiliser davantage les médecins au diagnostic chez l’humain. Un guide d’intervention pour la maladie de Lyme destiné aux professionnels de la santé a d’ailleurs été publié par Québec cet automne.
Pour le chercheur Pierre Gosselin, l’inquiétude collective concernant les zoonoses émergentes est exagérée pour l’instant, en comparaison d’autres risques posés par les changements climatiques pour la santé. « Les risques sont encore faibles, dit-il, mais il y a un potentiel épidémique pour lequel il faut se préparer. » Il rappelle que les animaux d’élevage aussi peuvent être décimés par de nouvelles maladies, avec des impacts économiques majeurs. « Ensuite, le système de santé se retrouve avec de nombreux cas de dépression. Ce n’est pas à négliger », souligne le responsable scientifique pour le Plan d’action 2006-2012 en changements climatiques du Québec (volet santé).
***
Les infections à surveiller
Giardiose
Causée par le Giardia, un protozoaire
Contamination humaine par consommation d’eau contaminée, la baignade et le contact de personne à personne.
969 cas au Québec en 2011
Cette maladie à déclaration obligatoire déjà bien présente au Québec pourrait toucher de plus en plus de gens si les précipitations deviennent plus abondantes en été, tout comme les inondations. Les eaux de surface peuvent être contaminées et le protozoaire forme des kystes protecteurs dont une partie peut survivre à la filtration et au traitement de l’eau.
Virus du Nil occidental (VNO)
Contamination humaine par la piqûre du moustique du genre Culex
28 cas au Québec en 2013, 133 en 2012
Présent au Québec depuis 2002, le VNO migre vers le nord. Le réchauffement climatique élargit sa distribution géographique. Le VNO passe parfois inaperçu, alors que chez d’autres personnes des symptômes graves, comme une méningite, apparaissent. Il est parfois mortel.
Maladie de Lyme
Causée par la bactérie
B. burgdorferi
43 cas au Québec en 2012, 112 en 2013
Transmise à l’humain par les piqûres de tiques, la maladie de Lyme migre au nord au même rythme que ses hôtes, les rongeurs, les cervidés, les oiseaux et, bien sûr, les tiques. La maladie est déjà bien présente dans certaines zones boisées de la Montérégie.
Maladie de Chagas
Causée par le parasite
Trypanosoma cruzi
Contamination humaine par les piqûres d’insectes.
Absente au Québec, cette infection touche des millions de personnes chaque année en Amérique du Sud, en Amérique centrale et aux États-Unis, en tuant quelques milliers. C’est en raison de nombreuses routes qu’elle pourrait emprunter pour migrer au Québec qu’elle pourrait arriver au nord dans la foulée des changements climatiques, selon les scientifiques. Le risque ne semble toutefois pas imminent, mais serait causé par la hausse des températures et des précipitations.
« Le classement obtenu a du sens, juge le Dr François Milord, mais il n’est pas possible de s’en servir pour établir des priorités d’action. » C’est que, selon le médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), nous disposons encore de trop peu de données sur l’influence des changements
climatiques sur les maladies infectieuses. Il ajoute que les priorités de la Montérégie seront vraisemblablement différentes de celles de Lanaudière ou de Québec, et encore plus des autres provinces canadiennes : les micro-conditions peuvent favoriser des pathogènes différents.
Reste que le virus du Nil occidental (VNO) et la maladie de Lyme se sont récemment installés au Québec, et y sont probablement pour de bon. Ces maladies arrivent par la frontière sud et se propagent bon an, mal an au nord.
« Cette étude nous rappelle que la plupart des maladies émergentes potentielles sont des zoonoses, explique le Dr Milord, c’est-à-dire que des animaux ou des vecteurs comme des insectes sont impliqués dans la transmission. » Selon lui, il faut améliorer notre surveillance de ces animaux et insectes porteurs et sensibiliser davantage les médecins au diagnostic chez l’humain. Un guide d’intervention pour la maladie de Lyme destiné aux professionnels de la santé a d’ailleurs été publié par Québec cet automne.
Pour le chercheur Pierre Gosselin, l’inquiétude collective concernant les zoonoses émergentes est exagérée pour l’instant, en comparaison d’autres risques posés par les changements climatiques pour la santé. « Les risques sont encore faibles, dit-il, mais il y a un potentiel épidémique pour lequel il faut se préparer. » Il rappelle que les animaux d’élevage aussi peuvent être décimés par de nouvelles maladies, avec des impacts économiques majeurs. « Ensuite, le système de santé se retrouve avec de nombreux cas de dépression. Ce n’est pas à négliger », souligne le responsable scientifique pour le Plan d’action 2006-2012 en changements climatiques du Québec (volet santé).
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Les infections à surveiller
Giardiose
Causée par le Giardia, un protozoaire
Contamination humaine par consommation d’eau contaminée, la baignade et le contact de personne à personne.
969 cas au Québec en 2011
Cette maladie à déclaration obligatoire déjà bien présente au Québec pourrait toucher de plus en plus de gens si les précipitations deviennent plus abondantes en été, tout comme les inondations. Les eaux de surface peuvent être contaminées et le protozoaire forme des kystes protecteurs dont une partie peut survivre à la filtration et au traitement de l’eau.
Virus du Nil occidental (VNO)
Contamination humaine par la piqûre du moustique du genre Culex
28 cas au Québec en 2013, 133 en 2012
Présent au Québec depuis 2002, le VNO migre vers le nord. Le réchauffement climatique élargit sa distribution géographique. Le VNO passe parfois inaperçu, alors que chez d’autres personnes des symptômes graves, comme une méningite, apparaissent. Il est parfois mortel.
Maladie de Lyme
Causée par la bactérie
B. burgdorferi
43 cas au Québec en 2012, 112 en 2013
Transmise à l’humain par les piqûres de tiques, la maladie de Lyme migre au nord au même rythme que ses hôtes, les rongeurs, les cervidés, les oiseaux et, bien sûr, les tiques. La maladie est déjà bien présente dans certaines zones boisées de la Montérégie.
Maladie de Chagas
Causée par le parasite
Trypanosoma cruzi
Contamination humaine par les piqûres d’insectes.
Absente au Québec, cette infection touche des millions de personnes chaque année en Amérique du Sud, en Amérique centrale et aux États-Unis, en tuant quelques milliers. C’est en raison de nombreuses routes qu’elle pourrait emprunter pour migrer au Québec qu’elle pourrait arriver au nord dans la foulée des changements climatiques, selon les scientifiques. Le risque ne semble toutefois pas imminent, mais serait causé par la hausse des températures et des précipitations.