Transport ferroviaire - Le pétrole pourrait devenir un produit «dangereux»

Sévèrement critiqué pour son laxisme en matière de sécurité ferroviaire, le gouvernement Harper entend renforcer les règles sur le transport de pétrole brut, un secteur en très forte croissance au pays.
Ottawa souhaite d’abord revoir la classification du pétrole. Pour le moment, la substance est seulement considérée comme inflammable. Mais la tragédie de Lac-Mégantic a mis en lumière les risques d’explosion associés au brut.
Le gouvernement fédéral envisage donc de le considérer comme un produit « dangereux », a dit la ministre des Transports, Lisa Raitt, en entrevue au Globe and Mail. « Tout le monde comprend l’urgence, a-t-elle souligné. Nous voulons que ce dossier avance le plus rapidement possible. »
Mme Raitt a déjà mandaté un groupe au sein de son ministère qui doit préciser les modifications d’ici la fin de janvier. Les nouvelles mesures encadrant le transport pétrolier par train seraient mises en application dès la mi-2014.
Mesures
Parmi les scénarios envisagés, Ottawa pourrait forcer les entreprises qui transportent du brut à se doter de plans et d’équipes d’intervention qui seraient disponibles tout le long du parcours d’un convoi ferroviaire. Le fédéral souhaite en outre renforcer les règles qui régissent l’étiquetage du pétrole.
Le gouvernement canadien estime aussi qu’il serait temps d’exiger des entreprises qu’elles détiennent des couvertures d’assurance suffisantes pour faire face aux coûts de nettoyage en cas de déraillement. Une telle mesure, réclamée par plusieurs, pourrait permettre d’éviter que les contribuables aient à payer la facture en cas de catastrophe comme celle survenue en juillet à Lac-Mégantic.
Uniquement pour la décontamination des sols du secteur dévasté de la ville, l’entreprise choisie par Québec estime que les travaux coûteront plus de 30 millions de dollars. Pour le moment, ce sont les citoyens qui doivent payer le tout.
La question de la sécurité du transport ferroviaire de pétrole a été ravivée l’été dernier, mais elle se pose de plus en plus. Ce mode de transport de brut connaît en effet une très forte croissance, en raison de la production de plus en plus importante de pétrole de schiste et des sables bitumineux, au Canada et aux États-Unis.
L’Association des chemins de fer du Canada estime que jusqu’à 140 000 wagons-citernes transportant du brut devraient circuler sur les rails du pays cette année, contre seulement 500 en 2009. La raffinerie de Suncor, à Montréal, entend recevoir du pétrole grâce à un train qui traversera une partie de la ville. Celle de Lévis en reçoit déjà.
Pour le responsable de la campagne Climat chez Greenpeace, Patrick Bonin, des règles de transport plus strictes ne permettront pas d’éviter d’autres catastrophes pétrolières. Selon lui, il importe de prendre rapidement des mesures pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles.
Le ministre de l’Environnement, Yves-François Blanchet, n’a pas souhaité réagir vendredi aux intentions annoncées par le gouvernement fédéral.