Inquiétudes autour de l’impact environnemental du déversement

Une semaine après le déversement à Sept-Îles de centaines de milliers de litres de mazout lourd d’un réservoir appartenant à la minière Cliffs Natural Resources, plusieurs questions demeurent concernant l’ampleur des impacts environnementaux de l’accident. Et Québec n’a pas encore décidé si l’entreprise sera mise à l’amende pour ce déversement d’au moins 5000 litres de mazout dans les eaux du golfe du Saint-Laurent.
Selon ce qu’a précisé un porte-parole du ministère du Développement, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP), un survol aérien du secteur effectué lundi aurait permis de constater qu’il n’y avait pour ainsi dire pas de traces importantes de pollution au mazout lourd, hormis dans le secteur circonscrit par des estacades dans la baie de Sept-Îles.
Des propos qui ne rassurent pas Anik Boileau, chercheuse au Centre d’éducation et de recherche de Sept-Îles (CERSI). Elle a ainsi dit avoir constaté, au cours de la fin de semaine, la présence de mazout le long des berges de la vaste baie de Sept-Îles. « Ça sent le mazout le long des berges dans le secteur de la baie. » Mme Boileau, qui connaît bien le secteur et aussi la faune qui y vit, a aussi vu plusieurs oiseaux portant des traces d’hydrocarbures.
Impossible, cependant, de savoir si du pétrole a atteint les îles situées en face de Sept-Îles. On y retrouve une aire protégée et un refuge d’oiseaux migrateurs. La chercheuse a souligné que la marina a été fermée durant la fin de semaine. Elle n’a donc pas pu aller voir sur place. Mais Mme Boileau est formelle : le déversement de milliers de litres de ce liquide toxique aura des impacts sur la faune et la flore du secteur. « Il faudra probablement du temps avant de mesurer les impacts réels, a-t-elle précisé. Mais à long terme, c’est vraiment inquiétant. »
Minière responsable?
Une autre personne présente à Sept-Îles a mis en cause l’organisation des travaux de nettoyage entamés la semaine dernière. Cette personne estime que les estacades installées ont été mal utilisées et que c’est la raison pour laquelle du mazout a été repéré bien à l’est de la baie. Pêches et Océans Canada a d’ailleurs fermé la pêche récréative et sportive de la rivière Sainte-Marguerite à la rivière Moisie. Cette dernière est située à une quarantaine de kilomètres de la baie.
Cliffs Natural Resources n’a pas rappelé Le Devoir lundi. L’entreprise n’a d’ailleurs pas encore déterminé ce qui a provoqué le déversement de 450 000 litres de mazout lourd il y a plus d’une semaine. Il semble par ailleurs que le réservoir de rétention censé retenir le déversement aurait lui-même eu une fuite, dans la nuit du dimanche 1er septembre.
Au MDDEFP, on a indiqué lundi que la priorité était de superviser les travaux de nettoyage en milieu marin. On évaluera par la suite l’ampleur de la contamination des sols du terrain appartenant à Cliffs Natural Resources.
Impossible de savoir, pour le moment, si la minière sera mise à l’amende pour ce cas de pollution. Selon ce qu’a dit un porte-parole du MDDEFP, une « enquête » est en cours afin de déterminer s’il y a eu « négligence » de la part de l’entreprise. Dans un communiqué diffusé dimanche, le ministre Yves-François Blanchet s’est dit « satisfait » des opérations de nettoyage.