Campagne de chasse annuelle - L’Islande vient de tuer ses premiers rorquals communs

L’Islande vient de tuer ses premiers rorquals communs de sa campagne de chasse annuelle lancée il y a deux semaines. Ces animaux, qui font partie d’une espèce menacée de disparition, seront dépecés et leur viande sera exportée au Japon.
Hvalur, qui avait tué 148 rorquals en 2010, n’en avait remonté aucun en 2011 et 2012 à cause de l’arrêt de son unique marché, le Japon, frappé par un tsunami et un accident nucléaire en mars 2011. L’Islande chasse aussi une autre espèce, le petit rorqual, et en a déjà harponné au moins sept cette année. Cette espèce peut également être observée au Québec, notamment à partir de la terre ferme à Tadoussac et Grandes-Bergeronnes.
L’essentiel de la viande des baleines harponnées cette année à l’aide de canons lance-harpons à tête explosive sera exportée vers le Japon. La demande pour la viande de baleine a toutefois fortement diminué au cours des dernières décennies au Japon. Tokyo ne ménage d’ailleurs pas les efforts pour tenter de stimuler la demande, puisque le pays est pris avec d’importants stocks de viande invendus.
Une entreprise japonaise a même eu l’idée récemment de vendre des biscuits pour chiens fabriqués avec de la viande de rorqual commun. Sur son site web, Michinoku Farm vantait ses biscuits en précisant que cette viande est bonne pour la santé des chiens, car elle est « basse en calorie, pauvre en graisse, et riche en protéines ». Devant le tollé, le fabricant a décidé de cesser la vente.
Subventions de l’État
L’industrie baleinière islandaise reçoit d’importantes subventions du gouvernement islandais. Selon données disponibles auprès du ministre des Pêches, chaque baleine tuée à l’aide d’un harpon à tête explosive coûte près de 700 000 $ aux contribuables islandais.
L’association touristique islandaise a déploré à plusieurs reprises la chasse à la baleine. Elle évalue que les animaux vivants ont plus de valeur que ceux qui sont tués chaque année. Il faut dire que l’industrie des croisières d’observation de baleines est de plus en plus populaire, au point de rapporter plus de huit millions de dollars chaque année. Ce pays est effet une des meilleures destinations en Europe pour ce type d’activité. Pas moins de 20 espèces de cétacés peuvent être observées dans les eaux ceinturant l’Islande.
Le Fonds international pour la protection des animaux a qualifié la reprise de la campagne de chasse par l’Islande de « cruelle et inutile ». « C’est un jour très triste, sachant que cet animal en voie de disparition a subi une mort cruelle, simplement pour être découpé en une viande dont personne n’a besoin », a déploré le directeur de l’IFAW, Robbie Marsland dans un communiqué. « Il est temps de mettre fin à cette industrie moribonde », a-t-il ajouté.
En 2011, le gouvernement américain s’était prononcé en faveur de sanctions commerciales contre l’Islande. Mais le président Barack Obama, habilité à en prendre, avait décidé de ne pas aller jusque-là.
Chasse commerciale
Contrairement à Tokyo, qui affirme depuis des années mener une chasse «scientifique», l’Islande pratique une chasse «commerciale ». Avec la Norvège, c’est le seul pays à mettre à mort des cétacés sous ce motif. Le pays rejette en effet le moratoire mis en place par la Commission baleinière internationale (CBI) depuis 1986. L’Islande considère qu’elle mène une chasse légale et durable, basée sur des données scientifiques.
Les spécialistes des rorquals communs estiment toutefois que les évaluations de la population de l’Atlantique Nord sont trop imprécises pour permettre de déterminer le nombre d’individus. Au Canada, l’espèce est considérée comme «menacée de disparition». Une partie de cette population revient année après année dans les eaux du Saint-Laurent. Certains individus, qui peuvent atteindre près de 25 mètres, sont observés depuis plus de 20 ans.
La femelle Capitaine Crochet, empêtrée depuis quelques semaines dans un engin de pêche au crabe, en est un exemple. Des sauveteurs tentent d’ailleurs depuis plusieurs jours de lui venir en aide, en vain. Cet animal imposant ne se laisse pas facilement approcher et nage très rapidement. Le rorqual commun est d’ailleurs surnommé le « lévrier » des mers, en référence au fameux chien de course.
C’est essentiellement la chasse intensive menée au 20e siècle qui a fait disparaître une bonne partie de l’espèce. Les rorquals communs sont aujourd’hui confrontés à plusieurs menaces, dont la principale est la pollution sonore causée par la navigation, l’exploration sismique, le sonar militaire et le développement industriel.