Le musée de la Biosphère à l’agonie

Le musée de l’environnement de la Biosphère est le seul du genre en Amérique du Nord.
Photo: Pedro Ruiz - Le Devoir Le musée de l’environnement de la Biosphère est le seul du genre en Amérique du Nord.

À moins d’un revirement de dernière minute, le seul musée de l’environnement en Amérique du Nord, qui est situé à la Biosphère, ne sera plus qu’un souvenir en septembre prochain. Le gouvernement fédéral a aboli la majorité des postes assignés à la muséologie et au volet éducatif du musée et il prévoit d’y installer des spécialistes de la prévision météorologique.


En mars dernier, la plupart des autres muséologues, éducateurs, animateurs et techniciens syndiqués membres de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) ont reçu un avis de suppression de leur poste accompagné dans certains cas d’une proposition de réaffectation dans un autre service. Au total, 23 employés syndiqués sont visés par ces « réaménagements d’effectifs », selon le terme utilisé par le ministère.


Mais une cinquantaine de personnes en seraient victimes si on inclut les employés occasionnels et contractuels à durée déterminée, indique Pascal Lauzon, président du Local 10714 du Syndicat des travailleurs de l’environnement de l’AFPC. Bref, il ne subsistera plus aucun personnel assigné à la muséologie, à l’éducation et à l’animation au musée. « La partie muséale de la Biosphère consacrée à l’environnement sera potentiellement réduite à sa plus simple expression, voire à néant, car on y installera des météorologues prévisionnistes qui, avec leur volumineux équipement informatique, occuperont une bonne partie des espaces alloués à l’équipe muséale », poursuit M. Lauzon.


Déjà, l’éducation à distance par vidéoconférences que le musée offrait aux communautés linguistiques minoritaires est terminée depuis la fin mars. Et la production des BioTrousses, ces petites brochures qui servaient à découvrir la biodiversité urbaine de diverses villes du Canada, a aussi été arrêtée.


« On a l’impression que les décideurs pensent qu’une exposition se résume à un gardien de sécurité et à une personne à l’accueil pour recevoir les visiteurs. Il faut renouveler les expositions, il faut faire de la publicité, il faut s’occuper des collections, il faut archiver, il faut faire des recherches, il faut monter des programmes éducatifs. La Biosphère a fait ce travail-là de façon exemplaire et le message véhiculé par le musée de l’environnement est important », affirme Pierre Wilson, président de la Société des directeurs des musées montréalais.


Propriété de la Ville


La Biosphère, une propriété de la Ville de Montréal, est louée à Environnement Canada, qui détient un bail de 25 ans qui arrivera à échéance le 31 décembre 2019. Ce bail prévoit que la Biosphère doit demeurer un lieu de diffusion scientifique avec un contenu environnemental ouvert au public. « Nous nous opposerons à toute réduction de la surface d’accès et des services offerts au public. Et ceux-ci devront comporter un contenu scientifique et ludique d’interprétation », a confié le directeur général de la Société du parc Jean-Drapeau, Daniel Blier.


« Le public pourra peut-être continuer d’avoir accès à la Biosphère, mais les météorologues ne sont pas des muséologues, ni des éducateurs », réplique Pascal Lauzon.

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