La gigantesque marée noire qui a frappé le golfe du Mexique en 2010 nuit toujours à la biodiversité marine de la région, selon ce que concluent des chercheurs universitaires américains. Il se pourrait même qu’on commence à peine à mesurer l’ampleur des dégâts pour ce riche écosystème.
Les scientifiques ont étudié les effets du déversement de plusieurs millions de barils de pétrole brut pendant des mois, après l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon, en avril 2010. Ils se sont plus particulièrement penchés sur le cas du Killi du Golfe, un petit poisson considéré comme une «sentinelle» environnementale dans les eaux du golfe du Mexique. Ce dernier peut donc permettre de mieux comprendre les effets de la pollution sur l’ensemble de l’écosystème. Les chercheurs le comparent d’ailleurs au canari jadis utilisé dans les mines de charbon.
Ils ont ainsi découvert que la pire marée noire de l’histoire américaine a eu des effets significatifs sur les succès de reproduction des poissons. Leurs embryons ont connu des malformations, mais aussi des mortalités plus élevées au moment de la reproduction. «Ces effets sont caractéristiques de la toxicité du pétrole», soulignent les chercheurs, qui viennent de faire paraître les résultats de leurs travaux dans le magazine Environmental Science and Technology.
Selon eux, cela démontre qu’«il est beaucoup trop tôt» pour prédire les effets à long terme de cette catastrophe environnementale. «Par définition, les effets sur la reproduction et le développement — effets qui peuvent avoir un impact sur les populations — peuvent prendre du temps à émerger.»
L’explosion de la plateforme Deepwater Horizon a provoqué le pire déversement de pétrole brut de l’histoire des États-Unis. Le puits a laissé s’échapper pas moins de cinq millions de barils de pétrole dans le golfe du Mexique, et ce, pendant des mois.
Plus tôt cette année, le département américain de la Justice a conclu un règlement de 1,4 milliard avec Transocean, l’entreprise propriétaire de la plateforme de forage. Le géant pétrolier britannique BP, qui louait la plateforme à Transocean, a déjà accepté de verser 4,5 milliards en pénalités et a plaidé coupable à des accusations criminelles liées à la marée noire. Mais l’accord avec BP ne règle pas les poursuites civiles intentées par le gouvernement américain.
L’an dernier, les États-Unis et le Mexique ont signé un accord de collaboration pour l’exploitation pétrolière dans le golfe du Mexique, accord qui a ouvert un plus grand territoire pour la recherche d’or noir.
Depuis le naufrage de l’Exxon Valdez en 1989 — la pire marée survenue sur le territoire américain avant celle du golfe du Mexique —, plus de 500 déversements importants se sont produits dans le monde.
BP au Canada
Par ailleurs, en novembre 2012, BP a aussi annoncé qu’elle comptait investir plus d’un milliard de dollars pour mener de l’exploration pétrolière en eau profonde au large de la Nouvelle-Écosse. En vertu de l’entente intervenue avec l’Office Canada-Nouvelle-Écosse des hydrocarbures extracôtiers, la pétrolière britannique a mis la main sur les droits d’exploration de quatre secteurs où elle compte se lancer dans des travaux d’exploration qui devraient s’étendre sur six ans. Cette zone maritime se caractérise par sa riche biodiversité. Le gouvernement canadien prévoyait encore récemment établir une zone de protection marine un peu à l’est de la zone qui sera soumise à des activités d’exploration pétrolière.
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