Un tribunal chilien rejette la demande de Barrick Gold

La multinationale aurifère Barrick Gold ne pourra pas reprendre ses travaux de construction d’une importante mine d’or située en territoire chilien, à la frontière avec l’Argentine. Un tribunal chilien vient de rejeter la demande de l’entreprise, qui a été forcée d’arrêter de creuser une immense fosse il y a deux semaines.
Barrick Gold venait tout juste de faire appel de la décision de cette instance qui avait prononcé, le 10 avril, le gel des travaux pour le volet chilien du projet Pascua Lama à la suite d’un recours déposé par des communautés locales pour non-respect des normes environnementales.
La plus grosse minière aurifière de la planète, cotée à la Bourse de Toronto, estime que la décision de suspendre le projet relèverait plus de la Superintendance de l’Environnement (SMA) du Chili. Selon Barrick, seule la SMA « est habilitée à geler ou suspendre l’exécution d’un projet pour d’éventuels manquements au respect des normes environnementales ». Cette autorité a déjà étudié le cas et « n’a pas estimé nécessaire de décider le blocage », précise Barrick dans son appel. Les travaux gelés portent sur les opérations de déblaiement et de creusement de l’énorme fosse qui abritera la mine de Pascua Lama.
La mine à ciel ouvert se situe près de glaciers millénaires, à 5000 mètres d’altitude, à cheval sur les régions de San Juan en Argentine (30 %) et d’Atacama au Chili (70 %), dans le nord des deux pays. Ces glaciers représentent une part importante des réserves hydriques de l’Argentine. Écologistes et citoyens de la région estiment que l’exploitation intensive de l’or – un minerai qui doit être traité avec du cyanure – aura des conséquences irréparables pour les ressources en eau. En cas de déversement, c’est toute l’activité agricole de la région qui pourrait être menacée. La contestation de ce projet piloté par des intérêts canadiens a eu de nombreux échos sur la scène internationale et a fait l’objet d’un documentaire primé, Mirages d’un eldorado.
Le gisement renfermerait des réserves de 17,9 millions d’onces d’or, selon Barrick Gold. Si les travaux sont bloqués en territoire chilien, ils se poursuivent du côté argentin. Barrick prévoyait de commencer la production à partir de 2014, à raison de 800 000 à 850 000 onces d’or par an et 35 millions d’onces d’argent, durant les cinq premières années.
La plus grosse entreprise du secteur aurifère de la planète s’est fait davantage connaître au Québec dans la foulée de la poursuite de six millions de dollars intentée en 2008 contre la maison d’édition Écosociété. Celle-ci avait en effet publié le livre Noir Canada : pillage, corruption et criminalité en Afrique. Cet ouvrage fait état de nombreux abus qu’auraient commis des sociétés minières canadiennes en Afrique.
Après plusieurs mois d’une saga judiciaire coûteuse pour Écosociété et les auteurs de Noir Canada, les deux parties ont finalement signé une entente à l’amiable en 2011. La maison d’édition a dû verser un montant « significatif » à Barrick, montant qui n’a jamais été divulgué. L’ouvrage a été interdit de vente, mais est toujours disponible dans plusieurs bibliothèques.
Avec l’Agence France-Presse