Hydro-Québec visait la mauvaise cible
«En 2005, la focalisation de tous les acteurs de l'industrie sur l'île [d'Anticosti] était sur la formation géologique de Trenton Black River, qui est en dessous du Macasty. On savait que le Macasty était la roche mère où les hydrocarbures étaient générés, mais ce n'était pas l'objet de l'exploration à l'époque», a souligné lundi Peter Dorrins, président et chef des opérations de Junex, en marge de l'assemblée annuelle de l'Association pétrolière et gazière du Québec.
«Le Macasty est directement au-dessus de la formation Trenton Black River. Donc ce n'était pas loin», a ajouté celui qui a été chef (exploration) de la division Pétrole et gaz d'Hydro-Québec de 2003 à 2006. On sait maintenant que le potentiel pétrolier de l'île d'Anticosti pourrait atteindre les 40 milliards de barils. Les entreprises actives sur la plus grande île de la province — Corridor Resources, Junex et Pétrolia — comptent d'ailleurs investir des millions de dollars au cours des prochaines années afin de préciser le potentiel en or noir.
Selon M. Dorrins, la décision de cibler la formation géologique Trenton Black River était la norme à l'époque. «Ce n'était pas mal ciblé. C'est comme dans les Basses-Terres du Saint-Laurent. Avant l'annonce de Forest [Oil Corporation] en 2008, il n'y avait pas beaucoup d'entreprises au Québec qui souhaitaient faire de l'exploration dans le shale de l'Utica.» En 2008, l'américaine Forest Oil Corporation a été la première à démontrer que le shale d'Utica pouvait être fracturé avec succès et libérer du gaz naturel. Cette découverte a encouragé les autres joueurs à se lancer davantage dans la recherche de gaz de schiste.
«Dans l'exploration, a poursuivi M. Dorrins, les idées évoluent avec le temps. Quand il y a plus de technologies pour sortir le pétrole ou le gaz, on va s'adapter. C'est justement le cas pour Anticosti. Donc, à l'époque, on ciblait quelque chose d'autre.» Il rappelle toutefois que les travaux menés à l'époque, notamment par la société d'État, avaient permis de détecter des «indices» de la présence d'hydrocarbures dans la formation désormais très prometteuse. «Chaque fois qu'on forait à travers le Macasty, on avait des indices de pétrole et un peu de gaz.»
Mais, concrètement, le potentiel aujourd'hui identifié par les pétrolières présentes sur l'île d'Anticosti a échappé à Hydro-Québec. La société d'État a investi 9,8 millions de dollars en travaux d'exploration sur l'île entre 2002 et 2007. Hydro-Québec prévoyait même investir plus de 330 millions de dollars entre 2002 et 2010 afin d'évaluer le potentiel en énergies fossiles du sous-sol québécois.
Mais comme les premiers travaux n'ont pas été concluants, on a décidé de mettre de côté ces opérations, a répété Hydro en septembre dernier. «Les travaux d'exploration gazière et pétrolière traditionnels auxquels Hydro-Québec a participé il y a plusieurs années à l'île d'Anticosti n'indiquaient pas de potentiel commercialement exploitable. En 2005, l'entreprise a choisi de réorienter ses actions sur les énergies renouvelables en laissant le risque à des entreprises dont c'est la mission», a-t-on fait valoir au Devoir par courriel.
Au début de 2008, les droits d'exploration contrôlés par Hydro-Québec sur 35 permis (6300 km2) ont été cédés à l'entreprise Pétrolia en échange d'une «redevance prioritaire» jamais rendue publique. Par la suite, le gouvernement Charest a fait complètement disparaître la division Hydro-Québec Pétrole et gaz.
En juin dernier, la firme albertaine Sproule Associates Limited a établi à 30,9 milliards de barils la «meilleure estimation» du volume total de pétrole en place sur les permis où Pétrolia détient un intérêt sur l'île d'Anticosti. L'entreprise a recruté des anciens d'Hydro-Québec Pétrole et gaz. Un de ses administrateurs a été «géophysicien» pour la société d'État de septembre 2003 à février 2006. Un ancien chef géologue de l'entreprise a aussi travaillé comme chef géologue pour Hydro-Québec.
Le président du conseil d'administration de l'Association pétrolière et gazière du Québec, André Caillé, n'a pas voulu faire de conjectures sur les raisons qui ont poussé la société d'État à abandonner l'exploration et à céder ses droits au secteur privé. «Je ne réponds pas à ça, parce que ce sont d'autres personnes qui ont fait ça après moi, a-t-il affirmé lundi, à Montréal. Il faut aller poser la question à ceux qui les ont cédés.» M. Caillé, qui a été président-directeur général d'Hydro-Québec pendant neuf ans, soit d'octobre 1996 à avril 2005, avait en effet quitté ses fonctions lorsque la décision a été prise.
L'entreprise Junex contrôle pour sa part 94 403 hectares de permis sur Anticosti. Il lui en coûte 9440 $ par année — 10 ¢ l'hectare — pour conserver ses droits d'exploration, acquis en octobre 2007. Le sous-sol de ses cinq permis pourrait contenir pas moins de 12,2 milliards de barils de pétrole, selon la «meilleure estimation» inscrite dans un rapport publié en septembre et produit par Netherland, Sewell and Associates, une firme d'ingénierie basée au Texas.
«Le Macasty est directement au-dessus de la formation Trenton Black River. Donc ce n'était pas loin», a ajouté celui qui a été chef (exploration) de la division Pétrole et gaz d'Hydro-Québec de 2003 à 2006. On sait maintenant que le potentiel pétrolier de l'île d'Anticosti pourrait atteindre les 40 milliards de barils. Les entreprises actives sur la plus grande île de la province — Corridor Resources, Junex et Pétrolia — comptent d'ailleurs investir des millions de dollars au cours des prochaines années afin de préciser le potentiel en or noir.
Selon M. Dorrins, la décision de cibler la formation géologique Trenton Black River était la norme à l'époque. «Ce n'était pas mal ciblé. C'est comme dans les Basses-Terres du Saint-Laurent. Avant l'annonce de Forest [Oil Corporation] en 2008, il n'y avait pas beaucoup d'entreprises au Québec qui souhaitaient faire de l'exploration dans le shale de l'Utica.» En 2008, l'américaine Forest Oil Corporation a été la première à démontrer que le shale d'Utica pouvait être fracturé avec succès et libérer du gaz naturel. Cette découverte a encouragé les autres joueurs à se lancer davantage dans la recherche de gaz de schiste.
«Dans l'exploration, a poursuivi M. Dorrins, les idées évoluent avec le temps. Quand il y a plus de technologies pour sortir le pétrole ou le gaz, on va s'adapter. C'est justement le cas pour Anticosti. Donc, à l'époque, on ciblait quelque chose d'autre.» Il rappelle toutefois que les travaux menés à l'époque, notamment par la société d'État, avaient permis de détecter des «indices» de la présence d'hydrocarbures dans la formation désormais très prometteuse. «Chaque fois qu'on forait à travers le Macasty, on avait des indices de pétrole et un peu de gaz.»
Mais, concrètement, le potentiel aujourd'hui identifié par les pétrolières présentes sur l'île d'Anticosti a échappé à Hydro-Québec. La société d'État a investi 9,8 millions de dollars en travaux d'exploration sur l'île entre 2002 et 2007. Hydro-Québec prévoyait même investir plus de 330 millions de dollars entre 2002 et 2010 afin d'évaluer le potentiel en énergies fossiles du sous-sol québécois.
Mais comme les premiers travaux n'ont pas été concluants, on a décidé de mettre de côté ces opérations, a répété Hydro en septembre dernier. «Les travaux d'exploration gazière et pétrolière traditionnels auxquels Hydro-Québec a participé il y a plusieurs années à l'île d'Anticosti n'indiquaient pas de potentiel commercialement exploitable. En 2005, l'entreprise a choisi de réorienter ses actions sur les énergies renouvelables en laissant le risque à des entreprises dont c'est la mission», a-t-on fait valoir au Devoir par courriel.
Au début de 2008, les droits d'exploration contrôlés par Hydro-Québec sur 35 permis (6300 km2) ont été cédés à l'entreprise Pétrolia en échange d'une «redevance prioritaire» jamais rendue publique. Par la suite, le gouvernement Charest a fait complètement disparaître la division Hydro-Québec Pétrole et gaz.
En juin dernier, la firme albertaine Sproule Associates Limited a établi à 30,9 milliards de barils la «meilleure estimation» du volume total de pétrole en place sur les permis où Pétrolia détient un intérêt sur l'île d'Anticosti. L'entreprise a recruté des anciens d'Hydro-Québec Pétrole et gaz. Un de ses administrateurs a été «géophysicien» pour la société d'État de septembre 2003 à février 2006. Un ancien chef géologue de l'entreprise a aussi travaillé comme chef géologue pour Hydro-Québec.
Le président du conseil d'administration de l'Association pétrolière et gazière du Québec, André Caillé, n'a pas voulu faire de conjectures sur les raisons qui ont poussé la société d'État à abandonner l'exploration et à céder ses droits au secteur privé. «Je ne réponds pas à ça, parce que ce sont d'autres personnes qui ont fait ça après moi, a-t-il affirmé lundi, à Montréal. Il faut aller poser la question à ceux qui les ont cédés.» M. Caillé, qui a été président-directeur général d'Hydro-Québec pendant neuf ans, soit d'octobre 1996 à avril 2005, avait en effet quitté ses fonctions lorsque la décision a été prise.
L'entreprise Junex contrôle pour sa part 94 403 hectares de permis sur Anticosti. Il lui en coûte 9440 $ par année — 10 ¢ l'hectare — pour conserver ses droits d'exploration, acquis en octobre 2007. Le sous-sol de ses cinq permis pourrait contenir pas moins de 12,2 milliards de barils de pétrole, selon la «meilleure estimation» inscrite dans un rapport publié en septembre et produit par Netherland, Sewell and Associates, une firme d'ingénierie basée au Texas.