Les députés reprennent l'examen de la gestion de la Financière agricole

C'est aujourd'hui que reprennent les témoignages des administrateurs de la Financière agricole devant la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles. Les députés qui y siègent tentent de faire la lumière sur la gestion de la Société d'État, accusée par l'Union des producteurs agricoles (UPA) de mettre en danger la survie de plusieurs fermes avec ses mesures de redressement financier.

Le syndicat d'agriculteurs n'est pas le seul à critiquer la Financière agricole. Les députés de tous les partis présents à la commission la semaine dernière n'ont pas manqué de rappeler que plusieurs producteurs — surtout dans le secteur du porc, mais aussi dans le boeuf et l'agneau — éprouvaient de grandes difficultés. Des difficultés accentuées, selon certains, par les mesures mises en place pour éviter la répétition des déficits des dernières années à la Financière.

Difficultés


Une administratrice de la Société d'État, Marie-Christiane Lecours, a d'ailleurs admis la semaine dernière devant la commission que des mesures de resserrement, imposées il y a deux ans par le gouvernement, pouvaient susciter des difficultés pour certains producteurs. «Je suis très consciente des problèmes humains qui surviennent sur les fermes, a-t-elle dit. Je suis très consciente, messieurs et mesdames les députés, que dans vos bureaux de comtés, ça ne doit pas être facile tous les jours. Vous devez avoir des agriculteurs à vos portes qui vivent des drames.»

Le président du conseil d'administration, André Forcier, a toutefois fait valoir que la Financière analyserait les coûts reliés à des mesures d'aide pour certains producteurs de porcs. M. Forcier a affirmé que cette démarche a été amorcée à la suite d'une demande formulée par le ministre de l'Agriculture, Pierre Corbeil.

Les solutions de l'UPA

Mais, pour l'UPA, les solutions sont claires. La Financière devrait verser la compensation promise aux producteurs touchés par une mesure de resserrement devant contribuer à équilibrer les finances de la Société d'État. Il faudrait également réduire les primes imposées aux producteurs, en plus d'offrir un congé de capital et de remboursement d'intérêts d'une durée de trois ans pour toutes les entreprises touchées par les mesures de resserrement. Selon ce qu'a expliqué le président de l'UPA, Christian Lacasse, ces mesures seraient applicables tout en respectant le cadre budgétaire de la Financière agricole.

M. Lacasse se dit par ailleurs convaincu que les agriculteurs québécois font les frais de l'empressement de la Financière à régler son déficit. D'après les estimations du syndicat d'agriculteurs, alors que l'objectif est de rembourser un déficit sectoriel de 650 millions en 15 ans, ce sera plutôt le cas en trois ans. Avec, à la clé, la disparition de plusieurs fermes.

En novembre 2009, feu Claude Béchard avait imposé une enveloppe annuelle fermée de 630 millions à la Financière agricole du Québec pour son programme d'Assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA), et ce, pour les cinq années suivantes. Le bras financier du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation accumulait en effet les déficits année après année — pour un total de plus d'un milliard de dollars —, d'où l'obligation de mettre en place un plan de redressement passant par une réforme de l'ASRA. Celle-ci sert à combler la différence entre les coûts de production et la valeur marchande.

Après ce dossier, la commission doit commencer ses audiences sur le «Livre vert» pour une nouvelle politique «bioalimentaire» au Québec.

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