GES: les papetières estiment avoir fait des efforts suffisants

Les papetières du Québec réclament de Québec qu'il reconnaisse les réductions de leurs gaz à effet de serre (GES) qu'elles ont réalisées depuis 1990, tout comme Québec réclame du fédéral qu'il reconnaisse les efforts de la province dans le plan de réduction pancanadien.

Dans une lettre adressée hier au ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Pierre Arcand, le président du Conseil de l'industrie forestière, André Tremblay, rappelle au ministre que cette industrie «a investi massivement pour procéder à des réductions de plus de deux fois supérieures à l'objectif québécois de diminuer de 20 % ses émissions de GES en 2020 par rapport à leur niveau de 1990».

L'industrie forestière a réduit ses émissions de 2,5 millions de tonnes de GES entre 1990 et 2008, soit une réduction de 58 %. Si l'on soustrait les réductions attribuables aux fermetures d'usines, la réduction des papetières en opération atteint néanmoins 40 %, précise le p.-d.g. du Conseil de l'industrie.

Les dirigeants des papetières sont particulièrement inquiets du fait que dans le nouveau système de réductions et d'échanges de crédits d'émissions de GES annoncé par Québec, on leur impose les mêmes réductions qu'aux autres entreprises.

Pire, elles voient Québec accorder des privilèges aux entreprises qui utilisent beaucoup d'énergie dans leurs procédés industriels, comme les industries chimiques, ce qui renvoie un fardeau plus grand sur celles qui brûlent des combustibles fossiles. Or, c'est le cas des papetières qui dépensent beaucoup d'énergie pour sécher le papier produit en usine. Les papetières s'attendaient même à pouvoir vendre des crédits d'émissions parce qu'elles ont dépassé tous les objectifs connus de réduction. Mais le nouveau plan gouvernemental les met sur le même pied que les autres et le calcul de leurs réductions commence en 2008 alors que cette année-là, elles avaient fait tout le travail.

«Comment expliquer ce choix, écrit André Tremblay, quand on se rappelle la position prise par le Québec en 2008 face à l'approche fédérale que votre gouvernement jugeait inéquitable tant pour le Québec que pour ses entreprises.

Il rappelle au ministre Arcand que le premier ministre Jean Charest avait alors déclaré: «Le secteur industriel du Québec a baissé ses émissions de GES de 9 %. Il se fait dire [par Ottawa] que tous ces efforts-là, ça ne compte pas. Ça ne marche pas. Ce n'est pas équitable.»

«C'est exactement ce que votre ministère est en train de dire à l'industrie papetière québécoise, poursuit le président du Conseil de l'industrie forestière. Le projet de règlement, s'il est adopté sans modification, ferait ironiquement subir à l'industrie les mêmes préjudices que ceux dénoncés par Québec face au projet fédéral», une approche jugée par les industriels «aussi incohérente qu'inéquitable».

Certes, reconnaît en entrevue Pierre Vézina, directeur Énergie et Environnement du conseil industriel, l'essentiel de ces réductions de GES ont été le résultat d'une démarche fondamentalement axée sur une réduction de la facture d'énergie et de recherche de rentabilité.

Mais, dit-il, si Québec compte les réductions de leur secteur dans son bilan d'émissions 1990-2010, «il serait normal qu'il nous les crédite quand vient le temps de procéder aux allocations. Sinon, il réduit le fardeau des autres entreprises grâce aux émissions des papetières. Et ces dernières devront payer beaucoup plus cher les initiatives en vue de nouvelles réductions, vu que les moins chères ont déjà été faites.»

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