Évaluation environnementale stratégique - La nomination de François Tanguay fait plusieurs mécontents
La nomination de François Tanguay, un ancien directeur de Greenpeace Québec et ancien régisseur à la Régie de l'énergie, comme membre du comité responsable de l'évaluation environnementale stratégique (EES) sur les gaz de schiste, «ne nous convient pas», affirme un collectif de 14 organismes sociaux et environnementaux engagés dans ce dossier.
Les signataires, dont Éric Darier de Greenpeace Québec et Michel Leclerc des Amis de la Terre — un groupe dont a aussi fait partie François Tanguay à l'époque —, ont fait état de leur insatisfaction dans une lettre qu'ils ont fait parvenir hier au ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Pierre Arcand.Les représentants de ces groupes ont rencontré le ministre Arcand au cours de l'été comme en fait foi un résumé de cette rencontre, obtenu par Le Devoir tout comme la lettre expédiée hier.
Un «représentant»
Selon ce document, les quatre représentants des groupes sociaux et environnementaux ont compris lors de cette rencontre que le ministre les avait invités à désigner chacun un «représentant» au sein du comité responsable de l'EES.
Ils ont ainsi désigné Kim Cornelissen, vice-présidente de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), le groupe qui a lancé au Québec le dossier des gaz de schiste. Les groupes sociaux ont désigné pour leur part Serge Fortier, le porte-parole du Comité de vigilance gaz de schiste Lotbinière-Bécancour.
Mais le ministre Arcand a plutôt choisi une proposition du groupe Équiterre, qui n'oeuvre pas dans la coalition qui regroupe les signataires de la lettre d'hier. La nomination de François Tanguay a été appuyée dès son annonce par Équiterre, par le Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement (RNCREQ), un organisme de concertation, et par la Fondation Suzuki.
Dans leur lettre d'hier, les 14 groupes — dont Nature-Québec, l'AQLPA, MCN-21, Eau Secours! et le Collectif scientifique sur les gaz de schiste — rappellent au ministre Arcand que «vous nous aviez invités, pour une deuxième fois, à vous soumettre les noms de nos représentants. Aujourd'hui, nous constatons cependant qu'aucune de nos demandes n'a été retenue. Cela n'aide en rien à développer le climat de confiance souhaité» envers sa controversée EES.
Un déséquilibre persistant
Se référant à la nomination de plusieurs représentants ou de personnes proches du gouvernement ou des industriels au comité de l'EES, les 14 signataires ajoutent: «Aujourd'hui, ce déséquilibre persiste. L'ajout de M. François Tanguay [...] semble s'être fait sans aucune considération des choix des deux représentants soumis par les groupes environnementaux et citoyens les plus actifs dans ce dossier. Ce choix retenu malgré nos demandes clairement exprimées ne nous convient pas. En effet, bien qu'il semble que M. Tanguay possède des compétences, une expérience et une disposition pertinence pour accomplir la tâche qui lui est confiée, à notre avis, il n'a pas la légitimité pour agir en tant que "représentant" des groupes environnementaux et des comités de citoyens qui se sont intensément investis dans le dossier à ce jour. Notons à cet effet que M. Tanguay n'est pas à l'emploi d'un groupe environnemental, n'a pas été, est n'est toujours pas en contact avec les principaux groupes travaillant sur les gaz de schiste, groupes dont nous sommes les représentants.»
Se référant à la nomination de plusieurs représentants ou de personnes proches du gouvernement ou des industriels au comité de l'EES, les 14 signataires ajoutent: «Aujourd'hui, ce déséquilibre persiste. L'ajout de M. François Tanguay [...] semble s'être fait sans aucune considération des choix des deux représentants soumis par les groupes environnementaux et citoyens les plus actifs dans ce dossier. Ce choix retenu malgré nos demandes clairement exprimées ne nous convient pas. En effet, bien qu'il semble que M. Tanguay possède des compétences, une expérience et une disposition pertinence pour accomplir la tâche qui lui est confiée, à notre avis, il n'a pas la légitimité pour agir en tant que "représentant" des groupes environnementaux et des comités de citoyens qui se sont intensément investis dans le dossier à ce jour. Notons à cet effet que M. Tanguay n'est pas à l'emploi d'un groupe environnemental, n'a pas été, est n'est toujours pas en contact avec les principaux groupes travaillant sur les gaz de schiste, groupes dont nous sommes les représentants.»
En entrevue, le président de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), André Bélisle, a précisé avoir beaucoup de difficulté à comprendre comment le groupe Équiterre, peu impliqué dans la coalition, a pu omettre de consulter les groupes qui récusent aujourd'hui sa proposition. Il s'indigne encore plus de ne pas avoir été consulté par le RNCREQ, dont l'AQLPA fait partie depuis 20 ans, dit-il.