Gaz de schiste - Questerre tient l'appui de Québec pour acquis, dénonce l'AQLPA
Le p.-d.g. de Questerre, Michael Binnion, a confirmé à ses actionnaires qu'il était possible d'imposer un moratoire sur les projets d'exploration gazière pendant la réalisation de l'évaluation environnementale stratégique (EES) puisque, a-t-il dit, le suivi des puits autorisés par Québec n'ajoutera rien aux connaissances déjà acquises par l'industrie.
C'est en ces termes qu'a réagi hier l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) par la voix de son porte-parole, Me Dominique Neuman, aux propos de Michael Binnion à Oslo le 19 mai dernier, que dévoilait hier Le Devoir.«L'industrie admet en effet elle-même, a déclaré Me Neuman, qu'une poignée de fracturations hydrauliques expérimentales au Québec n'apportera pas de connaissances supplémentaires aux études qui sont déjà effectuées sur les milliers de projets en cours aux États-Unis, des études et données que le comité responsable de l'EES aurait pu obtenir et analyser.»
L'AQLPA, le groupe à l'origine du débat sur les gaz de schiste, se dit par ailleurs «inquiète» de voir cette industrie s'attendre à ce que tous ses projets de fracturation soient approuvés sans difficulté par le gouvernement pendant les trois années de l'EES. Ayant visiblement écouté l'allocution de Michael Binnion sur Internet, Me Neuman rappelle que ce dernier y raconte que Québec «ne nous restreint aucunement dans ce que nous voulions faire de toute façon» et qu'il ajoute que «Questerre est certaine qu'elle sera autorisée à aller de l'avant pendant la période de l'EES [...]».
De son côté, Dominic Champagne, une des figures de proue de l'opposition aux gaz de schiste, se rappelle avoir croisé le fer avec Michael Binnion, notamment à propos du puits de Leclercville, qui fuyait. Il nous parlait, dit-il, de «simples émanations naturelles». Les fuites en question sont d'ailleurs à l'origine d'une manifestation, ce matin à 10h, à La Présentation, contre les fuites toujours incontrôlées du puits local.
«Michael Binnion contredit sans broncher les plus récentes études scientifiques, indépendantes de l'industrie, qui confirment la contamination des sources d'eau par le méthane, à la suite des opérations de fracturation», conclut Dominic Champagne.
Pour Daniel Breton, du mouvement MCN-21, les propos du président de Questerre sont «révélateurs d'une culture énergétique néocolonialiste» quand il évoque la nécessité «d'éduquer la bureaucratie francophone» ou l'incapacité de son industrie d'aller chercher «l'acceptabilité» du bon peuple qu'on veut plutôt amadouer grâce aux nouvelles stratégies gouvernementales.
***
Rectificatif du 31 mai 2011
L’article précédent contenait une imprécision. En réalité, le président de Questerre, Michael Binnion, n’a pas dit explicitement à ses actionnaires qu’un moratoire sur l’exploration des gaz de schiste serait possible au Québec à partir du moment où l’évaluation environnementale stratégique en cours à Québec n’apporterait rien de neuf. Ce constat de notre journaliste s’inspirait des propos de Me Dominique Neuman, porte-parole de l’AQLPA, à qui le texte semblait les attribuer.