Environnement - «Plein gaz sur les énergies sales»

Le premier ministre Jean Charest est félicité par le ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, après son discours d’ouverture prononcé hier à l’assemblée naitonale.
Photo: Agence Reuters Jacques Boissinot Le premier ministre Jean Charest est félicité par le ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, après son discours d’ouverture prononcé hier à l’assemblée naitonale.

Le discours inaugural de la nouvelle session parlementaire a suscité hier beaucoup de scepticisme au sein des grands groupes environnementaux québécois.

«Plein gaz sur les énergies sales», disait Éric Darier, de Greenpeace. «Le gouvernement ne sait pas sur quel pied danser», ajoutait Steven Guilbeault, d'Équiterre. «Le gouvernement souffle le chaud et le froid», renchérissait Nature Québec en soulignant les nombreuses contradictions des projets annoncés. «On se prétend dans le groupe des leaders alors qu'on est en retard sur tout et, tout au plus, les meilleurs d'entre les pires», concluait Daniel Breton de Maîtres chez nous au 21e siècle (MCN-21).

Mais pour les représentants québécois de groupes comme le Pew Environment Group (PEG), la Société pour la nature et les parcs (SNAP) ou l'Initiative boréale canadienne (IBC), deux groupes à qui Québec a confié la coordination de «tables» du Plan Nord, ce «grand projet», comparé à la Manic et à la Baie-James par le premier ministre Charest, est un défi colossal. Un «exemple mondial pour la conservation, le développement durable et le respect des communautés autochtones», selon Matthew Jacobson, du PEG. Un «engagement prioritaire et historique», selon Suzanne Méthot de l'IBC. «Un patrimoine à protéger», ajoute, plus nuancé, Patrick Nadeau de la SNAP.

Les municipalités


Dans le monde municipal, l'UMQ se réjouit de l'annonce d'une nouvelle politique sur les transports collectifs et leur électrification. La FQM voudrait par contre que Québec dote toutes les régions en 2011 d'un système Internet à haute vitesse, un service devenu aussi essentiel que l'électricité.

Pour Greenpeace, en fonçant «plein gaz» sur les énergies fossiles comme les gaz de schiste et le pétrole du gisement Old Harry, Jean Charest «signe l'arrêt de mort de la lutte contre les changements climatiques au Québec et tourne le dos aux énergies vertes».

Steven Guilbeault, d'Équiterre, souligne de son côté que l'accroissement de la consommation des autres formes d'énergie va automatiquement réduire la part relative du pétrole dans le bilan québécois sans que la consommation réelle soit vraiment réduite. Daniel Breton, de MCN-21, abonde dans le même sens. Il note que le premier ministre ne s'engage pas à réduire la part du pétrole de 15 % dans l'absolu. Le plan de réduction des GES 2012-2020 sera impossible, dit-il, avec les émissions fugitives des gaz de schiste et l'exploitation du pétrole du golfe. Il s'insurge de voir Jean Charest prétendre atteindre les objectifs de Kyoto alors qu'il ne le fera, et encore ce n'est pas sûr, qu'une année sur cinq, contrairement aux «vrais leaders» européens qui y arrivent.

Nature Québec doute de l'importance du relèvement des redevances minières, que Québec n'a pas chiffrées. Le déploiement du Plan Nord à coups de milliards et avec des dizaines de milliers de travailleurs semble «inconciliable» avec une véritable politique de conservation, comme en font foi les dommages environnementaux enregistrés à la Manic et à la Baie-James.

Équiterre se demande si, faute de planification territoriale intégrée, Québec prépare de futurs embouteillages de voitures vertes. Du côté de MCN-21, on souligne que le plan de développement des véhicules électriques est annoncé à répétition depuis 2008 par Jean Charest, un «grand recycleur de vieilles nouvelles qui ne se matérialisent pas».

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