Émissions de GES - Le seuil de sécurité climatique serait largement dépassé en 2020

Pendant que la Chine et les États-Unis se retrouvent au banc des accusés à la conférence de Tianjin sur les changements climatiques, le Fonds mondial pour la nature (WWF) publiait hier une étude des émissions planétaires des gaz à effet de serre (GES) démontrant que le seuil de sécurité climatique pourrait être dépassé de 30 % en 2020.

Les émissions planétaires pourraient en effet se situer en 2020 entre 47,9 et 53,6 milliards de tonnes (gigatonnes ou Gt) par année de GES, selon une analyse des émissions officiellement rapportées et des tendances mesurées par les agences internationales.

Or la limite annuelle d'émissions ne devrait pas dépasser 40 milliards de tonnes de CO2 si l'humanité veut augmenter ses chances de maintenir la hausse du climat à 1,5 °C au-dessus du niveau pré-industriel. Si la hausse prévisible devait atteindre 53,6 Gt, ce seuil de sécurité serait dépassé de plus de 30 %.

L'écart serait moins grand si l'objectif était de 44 Gt, ce qui limiterait alors la hausse de la température moyenne du globe à 2 °C. Les petits pays insulaires et plusieurs pays en développement estiment que ce seuil est trop élevé car, en plus d'impliquer la noyade de vastes territoires côtiers, cette hausse ne donne qu'une chance sur deux à l'humanité de reprendre le contrôle du climat.

Selon le WWF, il serait possible de réduire l'écart avec ces deux seuils de sécurité climatique si on bouchait les «trous» de l'accord de Copenhague, qui n'assigne aux pays membres que des objectifs volontaires de réduction. Le rapport mentionne aussi de nombreux autres «trous» dans le dispositif international mis en place à la suite du protocole de Kyoto, qu'il faudrait boucher en priorité pour respecter les seuils de sécurité définis par les scientifiques.

Chine et États-Unis

Pendant ce temps, à Tianjin, la Chine et les États-Unis, qui émettent ensemble près de la moitié de toutes les émissions d'origine humaine, ont été accusés ouvertement hier par d'autres pays de saper par leur entêtement l'évolution de ces négociations de la dernière chance.

Les États-Unis veulent, de leur côté, parfaire l'accord volontaire de Copenhague, pour eux la base obligée de la lutte contre les changements climatiques. La Chine, qui a appuyé cet accord, recule parce qu'elle ne veut plus assumer un contrôle strict de ses émissions, un engagement pourtant pris l'an dernier. De plus, elle exige que tous les pays occidentaux s'engagent dans un deuxième processus de réductions obligatoires dans une deuxième phase du protocole de Kyoto. En somme, les positions des deux géants économiques sont celles qu'ils défendaient à Copenhague en décembre dernier, et cela, à deux mois de l'ouverture de la conférence internationale de Cancún sur le climat.

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